Allons-nous à la catastrophe ou faut-il éviter le catastrophisme ? Ce débat déchire les colonnes du MONDE idées. D’un côté Dominique Bourg*, de l’autre les collapsologues**. Qui a raison ?
Pour le bien-pensant Dominique Bourg, les différents récits de mise en scène du salut, celui du progrès et des Lumières comme la saga marxiste du prolétariat sauveur de l’humanité, ont tous fini par s’échouer sur les rivages du changement climatique et de l’anéantissement des espèces vivantes. Le monde futur que nous proposent les sciences de l’environnement est plus proche du cauchemar que du rêve. Face à ces sinistres constats, quel nouveau récit imaginer ? Le récit écologique est encore trop tendu vers la catastrophe pour faire naître une Eglise et devenir notre vision de l’âge d’or. C’est un tout autre récit dont nous avons besoin, celui de l’encyclique écolo du pape François (Laudato si’), celui de l’écologie sociale, le désir de revenir à la production locale, d’inventer de nouvelles techniques à l’instar de la permaculture. Le récit écologique n’est pas seulement le refus grandissant de la course à l’abîme : c’est l’aspiration encore minoritaire à une vie simple. Pour les catastrophistes Pablo Servigne et Raphaël Stevens (Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes), la catastrophe a déjà commencé, elle va s’accélérer : « Être catastrophiste, ce n’est pas être pessimiste ou optimiste, c’est être lucide. ». Les collapsologues ne se font pas d’illusions sur les possibilités de ressaisissement du capitalisme, qui nous a menés à l’abîme, ni sur le réformisme « vert ». C’est trop tard. Nous devrons affronter la fin du pétrole qui va paralyser nos sociétés, nous avons dépassé quatre des neuf « seuils critiques » au-delà desquels la vie sur Terre se dérègle gravement.
Ces deux discours ne sont pas incompatibles, ce n’est pas parce que les villes vont devenir invivables qu’il ne faut pas favoriser la permaculture, tout au contraire. De toute façon la base de raisonnement est la même, l’écologie scientifique nous dit depuis les années 1970 que notre futur tend au cauchemar dans une course à l’abîme. Nous ne pouvons pas échapper aux réalités biophysiques et la planète ne négocie pas. De plus nous ne voulons pas voir ce que nous faisons. Partout et toujours Homo sapiens a eu un comportement collectivement destructeur. Partout, surtout depuis l’invention de l’agriculture, Homo demens anéantit les espèces, détériore les écosystèmes, ruine la base de sa propre alimentation et commet des massacres dirigés contre lui-même. Cette aptitude au suicide de masse s’accélère aujourd’hui. Ce n’est pas faire du catastrophisme que de montrer la réalité aux jeunes en voie de scolarisation, à plus forte raison aux adultes : épuisement des ressources fossiles, choc climatique, stress hydrique, perte de biodiversité… sans compter le poids des dettes que nous léguons en France aux générations futures. Dire la vérité est un élément essentiel de la démocratie, un peuple bien informé pousserait à de meilleures décisions. Si la pédagogie de la catastrophe n’est pas appliquée, c’est la catastrophe qui servira de « pédagogie » et nous ramènera à de meilleures façons de vivre et consommer. L’optimisme ambiant nous empêche d’être réaliste et de prendre d’urgence les mesures d’économies d’énergie et de sobriété partagée qui s’imposent. C’est cet optimisme-là qui nous rend pessimiste, il n’y a pas d’évolution « naturelle », il n’y a que le manque de réflexion des humains. Les optimistes sont ceux qui se bougent et cherchent de bonnes raisons de se battre même dans un environnement dégradé au plus haut point. Il est toujours bon de pouvoir encore siffloter quand on approche de la guillotine.
* LE MONDE idées du 6 janvier 2018, L’écologie aux portes du Capitole
** LE MONDE idées du 6 janvier 2018, Pour les collapsologues, la messe est dite…depuis 1972
NB : lire plus avant, la pédagogie de la catastrophe sur notre blog
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/09/07/la-recuperation-de-la-catastrophe-par-les-technocrates/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/06/14/pedagogie-de-la-catastrophe-nest-pas-catastrophisme/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/10/01/le-monde-adopte-la-these-du-catastrophisme/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2009/08/04/pedagogie-de-la-catastrophe-2/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2007/09/01/pedagogie-de-la-catastrophe/
Homo sapiens vraiment ? On ne peut s’empêcher de penser à ce poème de Bertold Brecht :
Ils sciaient la branche qui les portait
Et se faisaient part à grand cris de leur expérience
Sur la manière de scier plus vite, et puis ils tombaient,
Au milieu des craquements, dans le vide, et ceux qui les regardaient,
Hochaient la tête tout en sciant et continuaient de scier.
Au regard de la consommation des antidépresseurs des multiples addictions de la fuite en avant dansl éphémère et insaisissable « joie » de la consommations , la violence de la société
Je ne trouve pas le système particulièrement joyeux .. dans les transports en communs du matin et du soir il me semble qu il y à plus des victimes que des gens qui rayonnent le bien être …
Si être pessimiste c est remettre en cause le soit disant bonheur que vendent ceux à qui rapporte cette triste société , alors oui je suis « pessimiste » disons plutôt lucide .
Pour tenter de répondre à la question du titre, considérons simplement la collapsologie comme une science : l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations, en l’occurrence la notre. Ainsi demandons-nous si la science est la voie de l’optimisme. Que nous formulerons autrement (afin d’éviter tout malentendu) : la connaissance est-elle la voie de l’optimisme ? Peut-être l’autruche nous aidera-t-elle à répondre.
Passons à l’optimisme. Georges Bernanos, qui ne se prenait pas pour un imbécile, a dit : « les optimistes sont des imbéciles heureux et les pessimistes des imbéciles malheureux. » Quitte à rester un imbécile ou un simplet, va donc pour le bonheur, vive alors l’optimisme !
Le simplisme binaire nous ordonne de mettre l’optimisme d’un côté et le pessimisme de l’autre. Demandons-lui alors où mettre le réalisme, où mettre l’ironisme, le cynisme, le nihilisme … Ah oui, et aussi le catastrophisme.On dit que les goûts et les couleurs ne se discutent pas (et pourtant nous ne faisons que ça). Il semble évident que les optimistes n’aiment pas les discours catastrophistes et il n’est pas compliqué de voir qu’ils préfèrent les chansons douces et « la positive attitude ». Peut-être alors que Lorie et l’expert en raffarinades nous aideront à comprendre.
Les optimistes et les pessimistes sont donc des imbéciles, mais qu’en est-il des catastrophistes ? Notamment de ce « catastrophiste » Pablo Servigne qui dit défendre « un catastrophisme positif ». Compliqué tout ça, hein ?
Bien sûr que nous allons à la catastrophe ! Mais dire ça, est-ce pour autant du catastrophisme ? Si nous devons éviter quelque chose, c’est le désespoir.
Ce n’est pas l’optimisme ambiant qui nous empêche d’être réaliste, c’est tout simplement « le syndrome de l’autruche ». Et pire, c’est le nihilisme !
Puisque vivre veut tout simplement dire se battre ( tout organisme vivant ne vise qu’une seule chose, vivre), pouvons-nous dire que « Les optimistes sont ceux qui se bougent et cherchent de bonnes raisons de se battre » ? Pas sûr… trop facile ça !
Maintenant, est-il facile, et surtout est-il permis à tout le monde de pouvoir « siffloter quand on approche de la guillotine » ? Pas sûr non plus, mais je pense que ça vaut le coup d’essayer.
Dans Décadence Michel Onfray écrit : « Le bateau coule, il nous reste à sombrer avec élégance ». Vive donc l’élégance ! Mais au fait… c’est quoi l’élégance ?
Avant de toucher à cette liberté individuelle qu est la reproduction il faut d abord corriger toutes les tares de la société capitaliste d exploitation et d accaparement.Et voir seulement après si un Control des naissances est souhaitable
En l état actuel ou tout et question d argent , cela aboutirait à réserver la liberté de se reproduire à une élite qui aurait les moyens de payer pour détourner la loi