La destruction de l’environnement n’est pas seulement une conséquence fortuite de la croissance économique, mais aussi et surtout l’un de ses carburants. L’érosion des services écosystémiques est, quelle que soit la valeur qui peut leur être attribuée, l’une des conditions déterminantes de l’accroissement du produit intérieur brut. En un mot, la destruction de la nature et de la biodiversité est absolument nécessaire à la croissance. C’est le point de vue que relaye le journaliste Stéphane Foucart dans sa chronique* :
Dans la revue Ecological Economics, Stefano Bartolini et Luigi Bonatti décrivaient ainsi ce phénomène en 2002 : « Nous présentons dans cet article une vision de la croissance différente du paradigme dominant. Nous modélisons la croissance comme un processus dirigé par les réactions de défense des individus face aux externalités négatives générées par le processus de production. » En termes clairs, si des études alarmantes sur la dégradation de la biodiversité ne suscitent aucune réaction adéquate, c’est parce que cette destruction dope la croissance. Plus un écosystème est précieux, plus il peut être rentable, pour maximiser la croissance, de le détruire. La disparition des abeilles n’est pas pour certains économistes une si mauvaise nouvelle, puisqu’elle conduit au développement et à la commercialisation de solutions techniques de pollinisation. Plus globalement, l’activité économique dégrade à la fois l’environnement Et le tissu social. Les services que rendent gratuitement l’environnement social (garder vos enfants, aller vous chercher du pain à la boulangerie, réparer votre système d’exploitation Windows, etc.) ou naturel (polliniser vos cultures, maintenir la fertilité des terres agricoles, etc.) s’érodent. Pour pallier la disparition de ces services gratuits, les agents économiques ont recours à des services marchands. Mais pour y avoir recours, ils doivent disposer de moyens financiers plus importants et doivent donc accroître leur activité économique. Et, ainsi, contribuer à nouveau, un peu plus, à la dégradation du tissu social et environnemental, etc. La boucle est bouclée.
Tant que les responsables politiques seront obnubilés par la quête de la croissance du PIB (produit intérieur brut), il n’y aura pas de solution aux désastres écologiques en cours. C’est ce que nous démontrons sur ce blog depuis onze ans maintenant. C’est ce que révélait déjà en 1972 un rapport scientifique intitulé « Les limites de la croissance », à se procurer toutes affaires cessantes et à poser sur la table de travail des politiques que vous connaissez. La décroissance est notre destin, nous aurions préféré qu’elle soit maîtrisée, ce sera comme d’habitude dans notre système croissanciste une crise qui s’apparentera bientôt à la grande dépression de 1929. Nous avons aussi sur ce blog analysé les mécanismes d’un effondrement économique rapide.
* LE MONDE du 17-18 octobre 2017,« La destruction de l’environnement est-elle une condition de la croissance ? »
Peut être est ce une loi cosmique que les civilisations se suicident,comme les super novae explosent.Vérification proche et triste
Peut être est ce une loi cosmique que les civilisations se suicident.Vérification proche et triste
En même temps, combien de gens votent pour réduire leur niveau de vie, puisque c’est bien de ça dont il s’agit : moins de consommations de ressources (énergie, matières premières) → baisse du niveau de vie ?
La bonne nouvelle, c’est que la nature/physique va nous l’imposer; la mauvaise, c’est que les conséquences pour l’humanité seront pires que si elle avait anticipé.
De toute façon, vu l’inertie du système climatique, les jeux sont faits.
Le probleme de fond est que les pilleurs et leurs sbires n’ont en face qu’une resistance polie et molle qui drape sa lachete dans le manteau du pacifisme.Si on fait le diagnostique que la nature subit un holocauste organise par les tenants du monde industriel, alors il faut en tirer les consequences, si radicales soient elles.
Le debat a deja eu lieu lors de la montee du nazisme entre pacifistes munichois et ce qu’on appellait alors les terroristes et qu’on nomme aujourd’hui les resistants.L’histoire a tranche en faveur de ses derniers.
Nous sommes responsables de notre inaction.
Le commentaire de José me rappelle cette formule de je ne sais plus quel économiste : » Epousez votre femme de ménage, vous ferez baisser le PIB … brûlez Paris et vous le ferez augmenter. »
Les catastrophes … c’est bon pour le PIB ! Ave, ave, ave Maria !
« Notre civilisation se trouve dans la situation de celui que la drogue tuera qu’il continue ou cesse brusquement d’en consommer ».
Voilà ce que disais James Lovelock dans « La revanche de Gaïa » en parlant de la croissance.
Le service du facteur qui passait prendre le café chez la mamie et s’enquérir de sa santé est maintenant proposé par La Poste contre monnaie sonnante et trébuchante; nul doute que le fonctionnaire qui continuera à le faire spontanément verra son avancement freiné.
La croissance étant une nécessité vitale pour ce système, une fois qu’il a épuisé toutes les possibilités de se développer avec des transactions « normales », il est naturel qu’il envahisse le domaine réservé précédemment au gratuit; pour l’économie globale c’est considéré comme positif par la doxa, mais ça ressemble bien aux dernières cartouches.
Comme il est justement écrit … « La boucle est bouclée. »
Alors ce n’est pas pour faire le rabat-joie… mais si réellement « C’est ce que nous démontrons sur ce blog depuis onze ans maintenant » … je ne comprends toujours pas pourquoi Biosphère a choisi de parier sur Macron, et où il a vu chez ce personnage le moindre espoir pour l’écologie.
Notre président ni-ni, fidèle à son « et en même temps » … qui d’un côté nous tient un discours des plus écolos (notamment au lendemain d’Irma) , et qui le lendemain se félicite des JO à Paris en 2014 en déclarant » c’est une victoire pour la France ! »
Désolé, je crois rêver.
@ Michel C, l’espoir pour l’écologie chez Macron s’appelle Nicolas Hulot.
Quant aux contradictions internes de notre cher président, elles s’expliquent aisément. Dans un monde schizophrène, coincé entre la glorification constante depuis des décennies des lendemains qui chantent grâce à la croissance économique et le constat émergent de l’impossibilité de la croissance dans un monde fini, l’art de gouverner devient très difficile…