Un point de vue biosphèrique : Toutes ces dernières années, un nombre de plus en plus grands de lois et règlements parle de « réduire » (la pollution, la quantité d’énergie et de matières, l’utilisation de l’automobile individuelle). Pourtant le mot décroissance fait encore débat aujourd’hui alors que réduction et décroissance sont de parfait synonyme. De plus, il n’y a pas à porter de jugement de valeur sur la décroissance des possibilités offertes par notre planète, c’est un fait vérifié scientifiquement. Alors, décroissance ou réduction, peut importe ; nous allons vers toujours moins (de ressources, de terres arables, de qualité de l’air et de l’eau). La seule question est donc celle de la gestion de ce moins. Ce qui est certain, c’est que nous ne pouvons pas gérer la décroissance/réduction avec les outils économiques et sociaux qui ont accompagné la croissance.
Le point de vue de Corinne Lepage : « Si l’écologie politique décide d’être le porteur de la décroissance alors elle ratera le coche de l’Histoire (..) Le projet d’une décroissance ne peut aucunement fédérer nos concitoyens et constituer un projet porteur d’espoir(LeMonde du 21 août, « La décroissance n’est pas porteuse d’espoir »). Corinne Lepage s’appuie sur un ouvrage de Tim Jackson, Prospérité sans croissance . Mais contrairement à ce qu’affirme Corinne Lepage, Tim Jackson ne propose pas d’abandonner le terme décroissance, mais seulement le terme croissance. Et s’il propose un autre modèle, c’est celui de la simplicité volontaire, bien proche de la notion de décroissance voulue.
Le point de vue de Tim Jackson : « Le modèle capitaliste ne propose aucune voie facile vers un état stationnaire. Sa dynamique naturelle le pousse vers deux états : l’expansion ou l’effondrement (…) La simplicité volontaire constitue une philosophie de vie. Elle s’inspire de l’enseignement du Mahatma Gandhi qui encourageait les gens à « vivre simplement pour que les autres puissent simplement vivre ». Duane Elgin a repris ce thème du mode de vie « extérieurement simple mais intérieurement riche ». La diminution volontaire de la consommation peut améliorer le bien-être subjectif et va totalement à l’encontre du modèle dominant (…) Tant que la stabilité économique dépendra de la croissance économique, les changements nécessaires n’auront pas lieu. »
Conclusion : Corinne Lepage manie encore la langue de bois des politiques. Elle ne tire pas les conclusions de son analyse de fond : « Il faut avant tout passer d’un modèle économique à deux dimensions (travail et capital) à un modèle macroéconomique à au moins trois dimensions, introduisant le principal facteur de rareté issu de la finitude de notre planète. » Ce que Martine Aubry a appelé le « facteur terre », sans en tirer les conclusions nécessaires. Car elle aussi veut faire de la politique politicienne.