La difficile empathie/compassion pour les insectes

« Compassion pour le charançon ! » Vers une nouvelle philosophie de l’insecte »… Thierry Hoquet ne répond en rien au titre de sa tribune dans LE MONDE*. Il commence de façon intéressante par écrire «  L’empathie pour les insectes est un art difficile ».  Il enfile ensuite les références comme des perles, Rachel Carson, les insectes en danger, criminaliser les néonicotinoïdes, l’abeille en voie de raréfaction, l’histoire du scarabée pique-pruneIl se contente enfin de réciter : « Du fond des bois, j’entends de nouveaux Stones entonner un hymne nouveau : Empathy for the Weevil !  (Compassion pour le charançon) ». Un commentateur perspicace, Le Sceptique, résume sur lemonde.fr ce qu’on peut en penser :

« L’empathie pour les insectes est un art difficile », commence l’auteur. Mais sa tribune est vide de cette empathie. Ses arguments survolent quelques débats de société. Rien ne nous parle de son expérience auprès des insectes, de la manière dont il aurait lui-même vécu, éprouvé cette empathie qu’il s’agirait de nous faire partager (ou de nous imposer). Il fait un jeu de mot sur « charançon » pour référer à la culture pop de son milieu social, mais a-t-il échangé un peu de la vie des charançons ? Un philosophe est censé nous aider à mieux articuler les concepts, mais cette tribune désordonnée et littéraire n’y aide guère. On saute d’un cliché ou d’une généralité à l’autre, sans précision factuelle dans le diagnostic et avec moult effets de rhétorique (« éternel frimaire… » ?), sans exposer par quoi l’humain pourrait justifier une décision en fonction de l’insecte (ou d’un état du vivant). Toute cause est défendable, mais mieux sa défense est argumentée et meilleur sera le débat. Par exemple : devons-nous défendre l’existence de toute espèce et de tout habitat même aux dépens des représentants de la nôtre? Si non, quels critères de choix pour nos actions, quelles implications de ces critères? La biodiversité (laquelle au juste) est-elle défendable car bonne en soi ? Utile ? Nécessaire ? Jolie ? Qui est fondé à répondre à ces questions et d’où parle celui qui répond ? En cas de vision divergente, qui décide en dernier ressort et par quelle légitimité ? Etc.

Sur ce blog biosphere, nous avons déjà plusieurs fois de la compassion pour les animaux, le journal intime de l’ornithorynque, l’expérience (ratée) de Charles Foster… et Thierry Hoquet aurait pu s’intéresser à nos relations philosophiques avec les moustiques !

* LE MONDE du 25 novembre 2017, « Compassion pour le charançon ! » Vers une nouvelle philosophie de l’insecte

3 réflexions sur “La difficile empathie/compassion pour les insectes”

  1. – « Compassion pour le charançon ! »… tiens, je n’y avais jamais encore pensé.
    – « L’empathie pour les insectes est un art difficile » … ah bon ? Eh ben ça promet.
    Hélas je ne suis pas un artiste.

  2. Il est probable que l’empathie spontanée soit une fonction de la proximité. Difficile de sortir de cela. Aussi la défense des insectes passe-t-elle plus facilement par le rappel de leur place dans la nature, et un peu moins par l’affichage d’images sur Facebook comme c’est le cas pour la gente féline; même si bien sûr, les formes ou les couleurs de certains insectes offrent une esthétique certaine.

Les commentaires sont fermés.