Pour résister au Black Friday, il fallait être bien armé

Le Black Friday (24 novembre 2017) est le summum marketing pour le secteur de la high-tech. En France, en 2016, près d’un consommateur sur deux avait profité des remises mises en place à cette occasion. Moi Vianney Vaute*, cofondateur de l’entreprise de vente de produits d’occasions reconditionnés Back Market, m’insurge contre tout ce qui dope le e.commerce. Entre la fascination collective qu’ils entretiennent face au phénomène et leur propre discours promotionnel, les acteurs de la technologie monopolisent ainsi la conversation autour du Black Friday, ne laissant pratiquement aucune place à un quelconque questionnement. Les sujets ne manqueraient pas. Quid des minerais originaires de zones de conflits, comme le coltan d’Afrique centrale, que l’on retrouve dans nos smartphones ? Quid des conditions de travail des ouvriers du secteur, mises en lumière par les suicides survenus chez Foxconn ? Quid du piège de l’obsolescence programmée et la non-réparabilité des appareils ? Quid, enfin, de la croissance incontrôlée des déchets électroniques (DEEE), qui devraient atteindre 50 millions de tonnes dans le monde en 2018 ? Cette célébration consumériste constitue pourtant l’occasion idéale d’ouvrir le débat sur les lourds impacts sociétaux et environnementaux de notre boulimie numérique. Nous nous contentons d’une promesse de performance, d’évasion et de symbole de réussite sociale. Ces objets ont sur nous une telle autorité que nous n’osons les mettre en question. Et comme aux temps glorieux de la voiture pour tous, leurs inconvénients sont beaucoup trop lointains et (en apparence) minimes pour résister à la satisfaction de « vivre avec son temps » et à la certitude rassurante de ne rien rater. Si l’on n’ouvre pas d’espace critique, aucun modèle alternatif, plus sobre et vertueux, ne pourra voir le jour pour le numérique.

Commentaire : sur le fond, il y n’a rien à ajouter au constat de Vianney Vaute. Sauf que son idée « Le changement n’intervient jamais que sous la pression des foules de consommateurs ou d’électeurs » est une parole en l’air. Qui n’a ni portable, ni carte bancaire, ni GPS ? Le consommateur est pris dans un étau social qui l’oblige à céder aux sirènes du numérique et l’empêche de réagir. C’est le mécanisme de la filière inversée, les entreprises modèlent les désirs des gens, l’idée du consommateur roi est un mythe. Si tu veux agir à la marge, adhère au R.A.P., résistance à l’agression publicitaire.

* LE MONDE du 23 novembre 2017, Black Friday : « Un impact sociétal et environnemental dramatique »

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