Pourquoi trouve-t-on encore des sacs en plastique dans les commerces ?
Plusieurs mesures de restrictions ont été prises par l’Etat afin de limiter la commercialisation de sacs à usage unique en plastique. Depuis le 1er juillet 2016, seuls des sacs plastique réutilisables, d’une épaisseur de plus de 50 microns, ou composés d’autres matières que le plastique (papier, tissu…) peuvent être distribués en caisse. Et depuis le 1er janvier 2017, cette interdiction s’applique aussi aux autres sacs mis à disposition dans les lieux de vente (rayons fruits et légumes, fromagerie, boucherie…). Pour ces derniers, seuls restent autorisés les sacs en plastiques compostables en compostage domestique et biosourcés, avec une teneur minimale en matière végétale qui augmente dans le temps[1], le reste provenant toujours de dérivés du pétrole. En définitive, les sacs en plastique sont donc toujours présents et aucune étude ne montre que leur distribution aurait été significativement réduite depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation.
Le développement des sacs en bioplastiques, une tendance problématique
Selon les estimations des industriels, les bioplastiques[2] pourraient connaître une croissance de 50% au cours des 5 prochaines années. Cette tendance n’est pas sans soulever des interrogations d’un point de vue environnemental. Au niveau de la production, les plastiques biosourcés nécessitent des matières végétales dont les modes de culture sont parfois très impactants (utilisation d’engrais, de pesticides…) et qui concurrencent la production d’aliments. Par ailleurs, tous les sacs biosourcés ne sont pas nécessairement biodégradables et compostables, ce qui aboutit à des messages inintelligibles pour les consommateurs qui sont complètement perdus dans les terminologies. Enfin, la plupart des déchets d’emballages en bioplastiques ne sont pas valorisés dans des filières de recyclage, ce qui limite encore davantage leur intérêt. « Il semble peu probable que le recours croissant aux bioplastiques ait permis de réduire la quantité de sacs à usage unique distribués sur les lieux de vente. On ne fait finalement que déplacer le problème en remplaçant un sac par un autre, sans que la réduction des impacts écologiques de leur fabrication et de leur fin de vie ne soit garantie. Une grande partie des bioplastiques compostables n’est pas effectivement compostée à l’heure actuelle, faute d’une conception adaptée et de systèmes de collecte séparée effectifs. Les débouchés pour les bioplastiques qui ont réussi à être valorisés restent quant à eux très limités. Cela reste problématique alors que des interdictions similaires entreront bientôt en vigueur pour d’autres articles jetables comme la vaisselle[3] », précise Nathalie Villermet, responsable du réseau prévention et gestion des déchets de FNE.
[1] La teneur minimale exigée en matière végétale est de 30% en 2017, 40% en 2018, 50% en 2020 et 60% en 2025. Source : Décret n°2016-379 du 30 mars 2016 relatif aux modalités de mise en œuvre de la limitation des sacs en matières plastiques à usage unique [2] Les bioplastiques désignent des plastiques biosourcés, issus de ressources d’origine végétale et/ou des plastiques biodégradables, pouvant se décomposer par un processus biologique. Certains bioplastiques sont à la fois biosourcés et biodégradables mais tous les bioplastiques ne sont pas forcément biodégradables. [3] À partir de 2020, la mise à disposition de gobelets, verres et assiettes jetables de cuisine pour la table en matières plastiques sera limitée. Seuls les articles compostables en compostage domestique et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées pourront continuer à être distribués à titre onéreux ou gratuit. La teneur minimale biosourcée exigée est de 50% en 2020 et de 60% en 2025. Source : Décret n°2016-1170 du 30 août 2016 relatif aux modalités de mise en œuvre de la limitation des gobelets, verres et assiettes jetables en matière plastique |
Nous sommes bien d’accord sur l’essentiel Didier Barthès , tout ça est très compliqué. Il est évident que dans quelques siècles ou milliers d’années, nos descendants (s’il y en a) et bien sûr aussi les archéologues… auront de quoi s’occuper avec tout ce que nous leur aurons laissé comme traces.
Anthropocène, plasticocène, pétrolocène, radiocène… peu importe, nous sommes bien à l’ère de la démesure et du grand n’importe quoi.
Oui bien entendu d’accord avec vous Michel C, ma remarque ne visait pas d’ailleurs à déconsidérer totalement les efforts réalisés pour éradiquer les sacs en plastique, simplement il s’agissait d’illustrer encore une fois la difficulté de l’action, tout est compliqué. En fait les sacs plastiques montrent encore une fois que dès que l’on sort des processus naturels et recyclables on met le doigt dans un engrenage infernal. Vous avez raison tout est emballé désormais et le plastique est omniprésent.
J’ai publié récemment sur mon site un article de 4 chercheurs militant pour que l’anthropocène soit reconnue comme une période géologique. Malgré le recul nécessaire en la matière, j’ai trouvé que leurs arguments étaient recevables.
http://economiedurable.over-blog.com/2017/04/anthropocene-les-preuves-justifiant-une-nouvelle-periode-geologique-ne-manquent-pas.html
Je me demande quand même si l’on ne devrait pas aussi parler de plasticocène, car si jamais nos lointains descendants ont le loisir de faire de l’archéologie (ce dont je ne jurerais pas) alors, il est probable qu’ils trouveront sur la Terre une couche infestée de ces débris si difficilement assimilables par les êtres vivants
Bonjour Didier Barthès
Moi de même je « recyclais » (réutilisais) les sacs en plastique du supermarché en sacs poubelles, et maintenant comme vous, j’achète des sacs prévus à cet effet. Mais il faut tout de même admettre que nous avions dépassé la juste mesure avec cette débauche de sacs plastiques qu’on vous refilait partout et pour n’importe quoi.
Alors maintenant, étant donné que le plastoc c’est pas bon pour la planète , et comme les paniers en osier sont plus que ringards… les sacs en papier ont un bel avenir. Même mon marchand d’asticots pour la pêche me les mets maintenant dans une pochette en papier. Evidemment il ne faut pas les y laisser trop longtemps… mais si je ne suis pas content, je peux toujours aller chez « à fond la forme » qui en vend des moins chers, conditionnés dans de belles barquettes en plastoc. Maintenant tout est emballé dans du plastoc , les tomates cerises, les stylos, les brosses à dents, les vis et les clous etc, etc, etc.
Et puis… si encore il n’y avait que les emballages qui étaient en plastoc… Bref, le plastique c’est fantastique ! Et de ça on en crève !
Alors, que pourrions-nous faire ? Surtout quand on aime tant se faire croire qu’une mesurette par ci par là, c’est mieux que rien.
Petit exemple personnel des difficultés de la chose. Le supermarché où j’achetais des fruits (bon je vais aussi au marché, je rassure les lecteurs écologistes) a remplacé ses sacs en plastiques par des sacs papiers. Le résultat est que je vais devoir acheter des sacs en plastique pour les poubelles alors qu’avant, comme beaucoup de gens, je recyclais de cette façon les sacs ainsi distribués, globalement la quantité de plastique utilisée restera à peu près la même.
De plus, les sacs en papier qui ont remplacé les sacs en plastique sont munis d’une fenêtre… en plastique pour qu’on voit à l’intérieur, résultat je ne les mets pas dans la poubelle destinés aux produits recyclables mais bien dans la poubelle généraliste. Je crains que globalement l’effet sur la nature de ces mesures ne soit assez marginal.
Mais il est vrai que ce n’est pas facile. Sans doute la société de consommation et la société nombreuse sont tout simplement incompatibles avec la nature quelle que soit la façon dont on s’y prend.