La malédiction de la croissance chinoise

La croissance économique a été une malédiction pour la planète et tous ses habitants, humains et non humains… On ne va donc pas pleurer quand la progression du PIB en Chine a été en 2018 encore de 6,6 % (doublement tous les 10 ans), juste en dessous des 10 % (doublement en 7 ans) qu’on croyait devenir la norme chinoise. De tels taux de croissance ne peuvent exister qu’au détriment de tous les indicateurs socio-écologiques en Chine. Quand on est obligé de porter un masque en ville, quand la pollution des sols devient généralisée, quand les centrales au charbon recrachent leur venin, on ne peut pas être optimiste. Pourtant le journaliste du MONDE* s’inquiète : « Baisse des achats de voitures neuves en 2018, une première depuis vingt ans, mauvaises ventes d’Apple en Chine… » Puis Frédéric Lemaître liste les solutions qui ont abouti en Occident à l’endettement généralisé : « relance de la consommation des ménages pour soutenir la croissance, baisse les impôts sur le revenu pour relancer la consommation, investissement public en hausse, autorisation d’emprunt pour les provinces chinoises… » Les Chinois sont malheureusement très fiers de pouvoir imiter le modèle illusoire basé sur l’automobile et l’emprunt. Comme si on ne savait pas que de tels types de relance keynésienne aboutissait nécessairement à la stagflation.

Rappelons cette analyse offerte par LE MONDE** : « Les taux de croissance sont en baisse depuis quarante ans… Les appels au retour d’une « croissance forte » semblent désuets et irréalistes… La prise en compte du caractère limité des ressources énergétiques et la nécessité de contenir la hausse des températures à l’échelle de la planète pourraient réduire encore un peu davantage le potentiel de croissance… Si l’on regarde du côté des enquêtes mesurant le « bonheur individuel », il apparaît que sur le long terme la croissance n’y est pas corrélée… Prospérer sans croissance, c’est d’abord un enjeu et une ambition politique… »*

Il y a eu dans le passé des idéologies de la non-croissance, de la fin des changements, du bonheur par l’immobilité. La plus illustre a été celle de la dernière dynastie impériale chinoise. « Nous avons tout en abondance et n’avons nul besoin de vos produits » avait répondu en 1793 l’empereur Qianlong à l’ambassadeur d’Angleterre qui parlait de commerce international. Il y a aujourd’hui des partisans éclairés de la décroissance qui pensent qu’il faut être un fou ou un journaliste du MONDE pour croire qu’une croissance à 7 % dans un monde fini est une bonne chose. Il y aura demain un effondrement du productivisme chinois avec la descente énergétique qui nous tombera bientôt dessus, accompagnée du réchauffement climatiques, de l’épuisement des terres rares, de la pollution des eaux, etc. Comme nous l’avons écrit sur ce blog biosphere, être journaliste, d’autant plus quand on écrit dans un journal de référence, c’est poser les limites à la croissance du PIB.

* LE MONDE du 22 janvier 2019, La croissance chinoise au plus bas depuis trente ans

** LE MONDE éco du 10 décembre 2013, Oublions les « trente glorieuses », une prospérité sans croissance est possible

1 réflexion sur “La malédiction de la croissance chinoise”

  1. «  Comme nous l’avons écrit sur ce blog biosphere, être journaliste, d’autant plus quand on écrit dans un journal de référence, c’est poser les limites à la croissance du PIB. »
    Evidemment, mais on devrait dire la même chose en ce qui concerne déjà les économistes et les hommes politiques.
    Quant à qualifier le journal Le Monde de « journal de référence », je crois que là aussi il faut être un peu fou.
    S’il y a vraiment un journal de référence … ça ne peut être que le mensuel La Décroissance. Ben oui 😉
    Ceci dit, bien sûr je partage ce point de vue de Biosphère.

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