Convention citoyenne pour le climat, une assemblée de 150 Français tirés au sort à partir des listes électorales… mais aussi à partir des listes des abonnés au téléphone afin d’élargir la convention aux personnes éloignées de la politique. Les travaux dureront six mois et les propositions « pour lutter contre le réchauffement climatique » votées par le Parlement ou soumises à un référendum*. En Irlande, une assemblée purement citoyenne a été à l’initiative de la reconnaissance du droit à l’avortement. Quelques commentaires du point de vue des écologistes démocrates :
Le nombre de personnes pour représenter le peuple en réflexion est trop grand ; plus il y a de personnes, plus le nombre d’interrelations se multiplie et bloque l’expression d’une intelligence collective. Une Conférence de consensus avec une vingtaine de participants aurait suffi. Le fait qu’il n’y a pas de compétence particulière des membres est un avantage, l’ouverture d’esprit de chacun n’est pas viciée par un parti pris associatif, politique ou économique. Même si par miracle un climato-sceptique s’y retrouve, il lui faudra trouver la meilleure façon de comprendre et assumer des avis différents. Quant à la compétence technique, mieux vaut ne pas faire confiance aux experts ; le sens du bien commun est une qualité partagée par tous nos concitoyens ou presque, surtout quand on est réuni pour le rechercher ensemble. Notons d’ailleurs que nos députés n’ont pas de compétence particulière, si ce n’est l’art et la manière de se faire élire, ce qui ne prédispose en rien à être représentatif d’autrui. Le problème de fond, c’est le passage de la proposition à la décision finale. Les parlementaires risquent fort de réduire en charpie les bonnes idées. Un référendum ne sera pas forcément en adéquation avec la proposition de citoyens qui ont été formés pour maîtriser un sujet donné. Par exemple, si la taxe carbone est proposée par la Convention citoyenne, quelle majorité de votants pourrait accepter le fait de devoir payer plus cher son essence « si nécessaire au mode de vie actuel ». Pourtant tout le monde ressent plus ou moins consciemment que limiter nos émissions de gaz à effet de serre est une nécessité absolue et que cela ne va pas être une partie de plaisir. Pour en savoir plus sur le tirage au sort, quelques éléments de réflexion sur notre blog biosphere:
21 mars 2017, Allons bien au-delà de la démocratie représentative
Biosphere-Info du 3 janvier 2017, comment faire de la politique autrement ?
26 août 2016, Votons pour des députés désignés par tirage au sort
15 mars 2016, Le tirage au sort peut remplacer les procédures électives
* LE MONDE du 19-20 mai 2019, 150 Français tirés au sort, six mois de débat, la taxe carbone sur la table : la Convention citoyenne sur le climat se précise
Dans la liste des oxymores nous rajouterons « le peuple en réflexion ».
Le tirage au sort des décideurs reste certainement le moyen qui colle au mieux avec l’idéal démocratique. La démocratie étant soit disant le moins pire des régimes… hormis l’ochlocratie (demander à Polybe). Justement, l’ochlocratie, nous y sommes.
Partons de l’axiome qu’il est plus facile de réfléchir à quelques uns qu’à des milliers, des millions. Mettons 150 idiots ensemble, laissons-les mariner un certain temps et parions qu’il en sortira un truc formidable. Ce truc, nous l’appellerons CONSENSUS. Mais rassurons-nous, le hasard fait bien les choses. Le peuple n’est pas constitué que d’idiots. Mais seulement d’un certain nombre, d’une certaine proportion.
Les 150 Français tirés au sort pour participer à cette « Convention citoyenne pour le climat » ne vont rien décider du tout, ils vont seulement PROPOSER. Autrement dit ils vont réfléchir, se fatiguer, se priver probablement de dormir, s’engueuler, bref ils vont s’emmerder pour se mettre d’accord (le fameux con-sensus) sur un autre truc tout aussi con, que nous appelons PROPOSITION. (Je propose, tu disposes… je rigole 🙂
Combien de cabinets de conseils, exempts (ou pas) de conflits d’intérêts, s’appuyant (ou pas) sur des groupes d’experts, eux-mêmes exempts ou pas de conflits d’intérêts… bref combien de cons-eillers passent leur temps à nous pondre des propositions ? Pas assez probablement, puisque maintenant on va associer le dit « citoyen » (le tout aussi fameux « éco-citoyen ») à l’élaboration des propositions. Bref, tout ce cirque devrait déjà nous indiquer à quel point nous sommes plantés, incapables d’agir.
– « Le problème de fond, c’est le passage de la proposition à la décision finale. »
Ben oui. Imaginons un type qui fume comme un pompier et qui boit comme un trou. En quoi le nombre de conseillers, de conseils et de propositions, peut-il jouer pour qu’il décide enfin d’arrêter de déconner ?