Quelle différence entre la présidence du démocrate Barack Obama et celle d’un républicain ? Aucune ! Le président américain vient de retirer un projet de réglementation prévoyant des normes de qualité de l’air plus strictes* : « Une telle mesure aurait pesé sur l’industrie dans une période de forte incertitude économique ». Pourtant l’EPA (Agence de protection de l’environnement) déclarait que cette réglementation aurait permis d’économiser jusqu’à 100 milliards de dollars sur les dépenses de santé. Un président qui plie devant les lobbies industriels au détriment de l’économie de la santé n’est pas un véritable président.
Comme les républicains, Obama veut alléger le poids des réglementations pesant sur l’activité des entreprises ; il devrait savoir que cette tendance idéologique a entraîné la crise des subprimes et toutes les perturbations environnementales que nous traversons. Comme les républicains, Obama dévoilera la semaine prochaine un plan de relance de la croissance devant le Congrès ; il devrait savoir que la croissance économique dans un monde dont on a déjà dépassé les limites est une aberration qui crée plus d’inégalités qu’elle ne procure d’emplois. Ce n’est pas en faisant preuve de faiblesse qu’Obama préservera ses chances de réélection en 2012.
Barack Obama avait été élu le 4 novembre 2008, la collecte de fonds de sa campagne électorale avait atteint un niveau record de 639 millions de dollars. Il n’était donc déjà qu’un pantin aux mains des puissances d’argent. Obama faisait répéter en boucle « Yes, we can », c’était pour dissimuler son impuissance réelle. Même pas encore entré officiellement en fonction, Obama envisageait déjà d’agir pour l’emploi avec une stratégie de relance privilégiant le secteur automobile. Obama avait la même conception que cette maman républicaine qui croyait à un avenir positif pour ses enfants, avec deux automobiles et deux garages, la grosse maison qui va avec et le chien. J’avais reconnu dans la grande liesse qui a accompagné l’investiture d’Obama le mardi 20 janvier 2009 la même allégresse qui avait scandé l’élection de Mitterrand aux présidentielles françaises de 1981. Je ressens toujours la même méfiance qui me tord les tripes quand je contemple ici et là ces foules immenses qui croient encore au Père Noël alors qu’il va falloir se serrer la ceinture.
Seule la décroissance est positive pour les pays d’obèses qui consomment trop et ne partagent rien. Cette rupture commence par une réglementation drastique anti-pollution qu’un président digne de ce nom se devrait de mettre en place. Et versons une larme sur la taxe carbone promise puis abandonnée par le président de la « rupture », Sarkozy…
Barack Obama se met à dos les écologistes
Le projet d’oléoduc Keystone XL cristallise la défiance des écologistes envers Obama. Ce projet porte sur le transport sur 2700 km, vers des raffineries au Texas, du pétrole brut produit à partir des sables bitumeux de l’Alberta au Canada. L’extraction du pétrole des sables bitumeux produit plus d’émissions de gaz à effet de serre que la production conventionnelle.
Pourtant le département d’Etat a donné son aval fin août pour la réalisation de ce projet de 7 milliards de dollars.
LEMONDE.FR | 05.09.11 |