L’addiction aux écrans, signe de folie technologique

Deux groupes actionnaires d’Apple demandent à l’entreprise de lutter contre l’addiction des plus jeunes à ses smartphones. Près de la moitié des enfants de moins de 11 ans en possèdent un aux Etats-Unis. Cette proportion grimpe à 90 % chez les 12-17 ans. Préférant leur smartphone, les adolescents voient moins souvent leurs amis, ont moins de relations amoureuses, deviennent dépressifs... 50 % des adolescents états-uniens reconnaissent une dépendance.* Facebook dit vouloir protéger les enfants… et lance sa messagerie pour les 6/12 ans. Deux ex-patrons de Facebook ont plaidé coupables d’avoir contribué, en toute connaissance de cause, à une entreprise qu’ils jugent menaçante pour l’individu et la société. « Nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social », a déclaré Chamath Palihapitiya, qui a interdit à ses enfants d’utiliser « cette merde ». Pour Sean Parker, le réseau a été conçu pour « exploiter les faiblesses humaines » et « Dieu seul sait ce que ça fait aux cerveaux de nos enfants ». Les deux « repentis » parlent d’un système sciemment conçu pour rendre l’internaute captif d’un plaisir souvent narcissique.** Les écrans droguent les gens au même titre que l’alcool, le tabac ou les machines à sous. Sauf que cette drogue, au lieu de n’abîmer que la personne qui la pratique, devient un danger collectif. Internet dans toutes ses variantes professionnelles ou ludiques est en fait un instrument de déconstruction et de destruction des relations interpersonnelles. Il faut ajouter le coût environnemental pour procurer un écran à presque toute la population du monde. C’est une technologie dure, non appropriée à la cohésion sociale et à des ressources naturelles limitées, mieux vaudrait des techniques douces.

Barack Obama est d’accord avec nous. « Zuckerberg a une véritable inquiétude sur le rôle de Facebook », a-t-il révélé Obama lors de sa conférence parisienne du 2 décembre. « Il veut encourager une communauté démocratique » alors que les puissants algorithmes du réseau ne font que « renforcer les problèmes » en enfermant les utilisateurs dans leurs certitudes parfois extrémistes. Une inquiétude que l’ancien président américain vient de réaffirmer dans un entretien à la BBC en invitant les « facebookiens » à se désintoxiquer un peu et à « se retrouver dans un pub, un lieu de culte, un quartier »

Quelques commentateurs sur lemonde.fr pour compléter l’idée qu’il faut se désintoxiquer des écrans. THOMAS FERRARI s’exclame : « Arrêtons l’hypocrisie, TOUS les écrans sont absolument déconseillés avant 5 ans et à limiter autant que possible après. Ils ont un impact négatif sur l’apprentissage, le langage et les processus de mémorisation en général. Ça a été prouvé maintes fois. Mais on continue à vendre des films, des logiciels pseudo éducatifs, des tablettes soi-disant adaptées, etc. parce qu’on est soumis aux intérêts des entreprises du secteur. » Pour un Marseillais, « Décrocher de son algorithme est aussi difficile, si ce n’est plus, que décrocher du tabac, de l’alcool, de la drogue… L’image est tellement belle quand je suis si moche, elle me donne tant d’amis, que je ne rencontrerai jamais, elle me fait communiquer avec toute la planète quand j’affiche du buzz qu’un autre buzz vient tout aussitôt effacer… Il est toujours dans ma main, il vibre quand je vibre, et je suis perdu quand je le perds. Je cours acheter alors le dernier modèle, et là, je revis… » Narko a toujours refusé de « créer un compte Facebook, en raison du caractère superficiel et parfois destructeur des « relations » qui y sont affichées (plus que véritablement nouées) et de la menace massive que cet outil fait peser sur la vie privée. La pauvreté des contenus que mes voisins dans les transports en commun font défiler sur leur « mur » ne fait que me conforter dans ce choix. L’avenir, ce n’est pas Facebook, ou alors il y a de quoi s’inquiéter. » Mais la semaine sans écran n’a pas fait beaucoup d’émules…

* LE MONDE du 10 janvier 2018, L’addiction des enfants aux iPhone, comparable à « la malbouffe »

** L E MONDE du 9 janvier 2018, Zucki au pilori

3 réflexions sur “L’addiction aux écrans, signe de folie technologique”

  1. Bonsoir!
    Je suis étudiante en Master 2 de psychologie et pour mon mémoire de Master 2 j’étudie les représentations sociales de la dépendance à Internet.
    J’ai besoin de votre aide pour avancer dans ma recherche et je vous serais très reconnaissante de votre aide !
    Le questionnaire dure entre 30 et 40 minutes et les questions peuvent sembler répétitives, mais cela est dû à la méthodologie employée: il s’agit d’un questionnaire en construction.
    J’ai encore besoin de 700 participants, alors si vous pouvez répondre à ce questionnaire et d’un clic partager ce lien pour m’aider ça serait top!
    La réponse de tout le monde est bienvenue, la seule condition étant d’être majeur…
    Je vous remercie de votre contribution à cette étude,
    Nina
    https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSenrcHd48TWgPClYLjGB2bsHaSSEDP2cjaxo_a1xj09Drvn4w/viewform

  2. Signe de folie technologique ? Oui probablement. Comme bien d’autres addictions de ce genre, à la bagnole par exemple. Toutefois en ce qui concerne les écrans, je pense que ce phénomène de dépendance a atteint son apogée avec le smartphone.
    Selon moi tous ces drogués ne s’en sortiront que par la force des choses, c’est à dire lorsque tous leurs écrans seront définitivement noirs.

  3. Il se dit même (à vérifier toutefois) que les grands patrons de l’industrie numérique mettent leurs enfants dans des écoles où les écrans sont largement exclus.
    Beaucoup de gens pensent que le numérique va nous permettre de faire une société plus écolo en se passant de tas de supports matériels, c’est un grand mensonge, le numérique ne se substitue pas au matériel, bien au contraire il s’y ajoute, l’accompagne et parfois le favorise.
    Avant on se parlait naturellement maintenant on le fait par portable en consommant de l’énergie et en utilisant des appareils de bout en bout, on ne fait pas moins de papier on fait du numérique en plus. Les lettres manuscrites simplement ont presque disparu, c’était marginal en terme d’impact écologique.

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