Aujourd’hui bétonnage et goudronnage sont les deux mamelles de la modernité inconsciente. Les terres disponibles pour l’agriculture vivrière diminuent de manière dramatique. Heureusement les signes de reconnaissance de ce fourvoiement se multiplient. Il ne tient qu’aux urbains, désormais majoritaires sur Terre, de renforcer les liens vitaux qui les attachent à l’agriculture, en commençant dans et autour des villes. Voici un résumé d’un article du dossier « L’agriculture regagne du terrain dans et autour des villes » de LaRevueDurable n° 43 (août-septembre-octobre 2011) : Les potagers se fraient une place en ville.
« La petite maison familiale avec jardin potager semblait la forme idoine de l’urbanisme résidentiel à la fin du XIXe siècle. De cette utopie naquit le cauchemar écologique de l’urbanisme pavillonnaire, peu dense et énergivore. Il y a une tendance à privilégier les pelouses et les équipements de sport. Mais il faudrait mettre à profit certains de ces espaces pour y intégrer une activité productrice en ville. La prolifération des bacs à fleurs et des plate-bandes décoratives, ce n’est pas ça qui va améliorer la qualité de la vie en ville. Pas plus que les alignements de thuyas. En revanche, un lieu où l’on peut admirer et suivre l’évolution d’une plante depuis le semis jusqu’à sa récolte aurait une indéniable valeur esthétique, agricole et sociale. Lausanne a décidé d’entretenir certaines pelouses avec des moutons et convertit d’autres pelouses en potagers urbains. 70 % des Lausannois jugent que ces « plantages » – des potagers collectifs aménagés au pied des immeubles d’habitation – augmentent la qualité de la vie en ville. On peut imaginer planter des haies d’arbres fruitiers, diffuser des toitures végétales productrices, etc. Le saucissonnage, une zone pour l’habitat, une zone pour le sport, une zone pour l’emploi, une zone éloignée pour l’agriculture est dépassé. Il faut des espaces multifonctionnels. Partager, mutualiser et beaucoup d’imagination, voilà les maîtres mots d’un urbanisme dense qui accueille l’agriculture.
Il semble que l’ouverture et l’accessibilité des espaces agri-urbains sont les premiers critères à remplir pour que l’agriculture urbaine soit vectrice de qualité urbaine. En France, les jardins partagés font un tabac. A Genève, les différentes opérations de potagers urbains connaissent un franc succès. A Zurich, la liste d’attente pour accéder à une parcelle dans un jardin ouvrier est telle qu’il faut plusieurs années avant de l’obtenir. »