Joe Biden a annoncé le 23 novembre 2021 que les Etats-Unis vont puiser 50 millions de barils de pétrole dans leurs réserves stratégiques de 600 millions de barils. Les pays assoiffés de brut cherchent à faire baisser les cours qui alimentent le retour de l’inflation.
Jean-Michel Bezat : Ces réserves ont été créées en 1974 après le choc pétrolier qui a suivi la guerre israélo-arabe d’octobre 1973. Chaque pays doit stocker l’équivalent de quatre-vingt-dix jours de consommation de brut. Mais puiser dans ces stocks était à l’origine envisagé seulement comme l’ultime réponse à une crise grave. La décision de M. Biden est donc d’abord politique. En difficulté dans les sondages, il veut afficher sa volonté de réduire le prix de l’essence, qui a atteint 3,41 dollars le gallon (3,78 litres)… L’annonce et elle a fait pschitt : le prix du baril de brent pour livraison en janvier a même bondi de 3,27 % (82,31 dollars, soit 73,18 euros).
Joe Biden est un présidant a très courte vue. Il ne sait pas encore que l’avenir du pétrole est derrière lui. Le prix de l’essence ne va plus être le résultat de manipulations politiques, mais des limites géologiques
lire, James Howard Kunstler, vivre la fin du pétrole
Sylvestre Huet : « Pétrole, le déclin est proche ». Avec ce titre de livre*, Matthieu Auzanneau et Hortense Chauvin ne tournent pas autour du pot. Leur message : le pic pétrolier est bien plus proche que ce que vous croyez. Il surviendra probablement «durant la décennie 2020». Une chose est certaine, le pic de production du pétrole dit conventionnel – ou à bas prix – est déjà loin derrière nous, depuis 2008. Un pic parfaitement prévu, par les géologues Colin Campbell et Jean Laherrère dans un article publié en 1998 où ils le prévoyaient pour «probablement d’ici à 10 ans».
Lire, Pic pétrolier : l’alerte ignorée d’un expert du FMI
Ce sont des experts à la retraite qui ont dit une vérité bien occultée aujourd’hui. Des transfuges de l’industrie pétrolière ont fondé l’ASPO (Association pour l’étude du pic pétrolier et gazier) en 2000. Son fondateur Colin Campbell avait dirigé le département Géologie d’Amoco, Robert Hirsch était un ancien directeur de la prospection pétrolière chez Exxon. Ils annoncent lors de la conférence mondiale de l’ASPO à Vienne en 2012 que le monde, dont l’énergie est fournie à 85 % par les fossiles, sera confronté assez prochainement à des turbulences pires que celles qui ont accompagné les chocs pétroliers de 1973 et de 1980. Ce sont les Cassandre des temps modernes, ils ont dit la vérité sur la fin de leur vie, ils ne sont pas écoutés, occupés que nous sommes par les péripéties du temps présent, étouffés par le lobbying des industries fossiles, écrasés par les considérations financières.
Lire, Le réchauffement climatique a occulté le pic pétrolier
Toutes les technologies disponibles pour augmenter le taux d’extraction du pétrole ont été déployées et malgré ces effort acharnés, la production diminue. Un rebond est tout à fait improbable. La cause fondamentale de ce pic réside dans la limitation géologique planétaire. La quantité de pétrole est fixe, puisqu’il a été formé il y a des dizaines ou des centaines de millions d’années. Au total, depuis 35 ans la consommation de pétrole est supérieure à la quantité découverte. Pourtant, la production de pétrole a continué d’augmenter, mais un pétrole qu’il faut aller chercher pour beaucoup plus cher : les grands fonds océaniques, l’Arctique, les roches-mères (le pétrole dit « de schiste » en Europe, les sables bitumineux du Canada… Mais presque partout, c’est la «descendada». La Mer du Nord décline de puis l’an 2000, l’Algérie depuis 2007, le Nigeria depuis 2011, l’Angola depuis 2008, Moscou prévoit que son déclin débutera dans la décennie… La pénurie de pétrole va t-elle sauver le climat ? Non, répondent les auteurs. Il faudrait pour cela diminuer d’au moins 5 % chaque année la consommation d’énergie fossile. Alors que celle du gaz croît vigoureusement.
À diffuser, Module sur le pic pétrolier
Mais si ce déclin inéluctable n’est pas assez rapide pour sauver le climat, il pourrait néanmoins provoquer un choc économique et social d’envergure. Car nos économies sont toujours dépendantes de l’or noir. D’où la solution, paradoxale, promue par les deux auteurs : pour éviter cette pénurie d’offre, organisons une pénurie plus aiguë encore de la demande. Prenons au sérieux l’alerte climatique, et transformons nos sociétés, nos économies, nos industries afin de diminuer si fortement la consommation d’énergies fossiles, dont le précieux pétrole, qu’elle tombera en dessous de leurs limites géologiques. Un programme nécessaire… mais vaste et rude.
Lire, La honte du pétrole, c’est pas pour demain
* Pétrole, le déclin est proche, Matthieu Auzanneau et Hortense Chauvin, Seuil,/Reporterre, 136 pages, 12 €, septembre 2021 (Matthieu Auzanneau est par ailleurs l’auteur du livre de référence : Or noir, la grande histoire du pétrole, La Découverte, 2016.
La courbe en cloche de Hubbert est connue depuis les années 40. Cela fait 65 ans (1956) que le géophysicien Marion King Hubbert a théorisé le Pic Pétrolier (Peak-Oil). Et plus de 20 ans qu’on nous rabâche la même chose : le Pic est derrière nous, «L’avenir du pétrole est derrière lui», «Pétrole, le déclin est proche» et blablabla et blablabla ! En attendant, ma jeunesse et mes belles années sont elles aussi derrière moi. Me voilà donc bien avancé, au moins je sais où je vais.
En attendant, si le pétrole touche à sa fin, nous n’en avons pas fini des énièmes rapports, articles, bouquins etc. Toujours plus. Comme je ne vois pas ce que ce dernier (Auzanneau-Chauvin) pourrait m’apprendre que je ne sache déjà, je ne vois donc pas pourquoi je l’achèterai.
– « Les pays assoiffés de brut cherchent à faire baisser les cours qui alimentent le retour de l’inflation. »
On pourra toujours voir là derrière (comme derrière n’importe quoi d’ailleurs) une stratégie. Ce qui de toutes façons, ne nous avancera pas plus. Pour moi l’explication se trouve tout simplement derrière le mot… ASSOIFFÉ.
Voir ou revoir cette scène d’un film, où le «gentil» OO7 (Daniel Craig) abandonne le méchant (Dominic Greene) dans un désert brûlant, avec rien d’autre à boire qu’un bidon d’huile pour moteur.
Michel C., acheter un livre dont on connaît déjà à peu près le contenu pourrait être considéré comme un acte militant qui ne sert pas à soi-même, mais qui diffuse la bonne information en offrant ce livre à quelqu’un d’autre…et pour 12 euros, ce n’est pas la ruine !
Ce ne sont certainement pas les 12 € qui m’arrêtent. Ni de près ni de loin je ne ferais de pub pour la Transition, ni financerais ces machins genre Shift Project. Question de principe ! Je préfère de loin donner 12 € à un SDF.
Ensuite, quand j’achète un bouquin je le lis. Je ne peux pas en dire autant de tous ceux qu’on m’a offert. Dans l’autre sens c’est pareil et c’est normal. Ceux et celles à qui j’ai conseillé et prêté certains de mes bouquins (et qui ne me les ont pas toujours rendus) les ont rarement lus. Je le leur aurais offert ça aurait été pareil.
Un jour un taquin, à qui j’avais donné un numéro de La Décroissance (3 €), alors qu’il ne m’avait rien demandé… me dit comme ça :
– « Eh au fait, il est super ton journal… pour les épluchures des légumes.»
J’ai trouvé ça génial et nous avons bien rigolé. C’est ça le plus important. 🙂
Maintenant je pars du principe que les gens SAVENT (que le Pic est derrière nous, que les éléphants sont en train de disparaître etc.) Partant de là, s’ils ont envie ou besoin de lire ceci ou cela, ou d’écrire, de chanter, de pleurer etc. etc. ça les regarde. Je dirais même que c’est LEUR problème. En attendant, moi je ne leur imposerais rien du tout. Je ne sais que trop ce que donnent ne seraient que ces discussions de famille, quand on balance ce que les gens ne veulent pas entendre. Même discuter devient difficile, échanger n’en parlons pas, il ne nous reste plus que la déconnade et la rigolade. Misère misère ! 🙂 🙂 🙂
Pour rebondir:
Comme Michel C, en tant que « connaisseur » d’un problème je ne cours pas non plus après un nouveau livre qui « découvrirait » ce problème. Je serai plus enclin à chercher un bouquin qui cherche des solutions au problème. En revanche, un nouveau livre peut apporter des nuances, une complexité autre, une nouvelle argumentation et de nouveaux exemples qui pourraient me servir à expliquer ou « convaincre » de futurs convaincus…
Un bouquin qui cherche des solutions au problème !?!?
Mais quel problème ?
Toutefois, si ça peut aider… des bouquins qui vendent des «solutions» au Problème, ce n’est pas ça qui manque non plus. Déjà il y a tous ceux dont le titre comprend les trois mots SAUVER LA PLANÈTE. Généralement adressés aux gamins, mais pas seulement, ceux-là vendent les «petits gestes», «gestes simples» et autres «astuces» pour bien trier les déchets, économiser l’eau des chiottes et j’en passe. Et puis il y a bien sûr tous ceux qui vous vendent la Transition (piège à cons) parmi lesquels ceux qui cherchent à vous vaincre de l’intérêt du nucléaire.
Et puis il y en a d’autres qui vendent d’autres «astuces», d’autres «solutions», mais cette fois à d’autres fins que de «sauver» le climat ou la planète. Se sauver soi-même, en attendant. Ceux-là il vaut mieux les chercher et les choisir ailleurs qu’au rayon écologie. (à chacun sa came)
Manque un mot ligne 10 précédemment. Lire «parmi lesquels ceux qui cherchent à vous CON vaincre de l’intérêt du nucléaire. »
Bien entendu qu’il existe des solutions à tout, où alors il n’y a pas de problème!
On peut trouver des alternatives à tout, par forcément -quoique- dans un « Éviter un pic pétrolier pour les Nuls! »
Les solutions peuvent apparaître quand on revient à de la sobriété, du low tech voir du no tech, en supprimant des choses plutôt qu’en en remplaçant mais dans tous les cas en anticipant. Se préparer c’est la clé, car on aura pu y réfléchir avant d’être dos au mur, intégrer les changements mentalement et se les approprier tant bien que mal en faisant le deuil de la vie passée…