L’avortement, réalité et législations de l’IVG

« Je ne suis pas du tout prête à être enceinte, je suis en dernière année, en train de rédiger mon mémoire, répète Jeanne, emmitouflée dans un gros gilet en moumoute noir. Je ne suis pas du tout prête à aimer un enfant, je ne suis même pas sûre de vouloir être maman un jour… »

Mattea Battaglia et Solène Cordier : En 2022, 234 000 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées, 17 000 de plus qu’en 2021. Soit « le niveau le plus élevé enregistré depuis 1990 », le niveau le plus haut depuis 1990. Démographes et acteurs de la santé émettent des hypothèses (précarité, méfiance à l’égard de la pilule) pour comprendre cette augmentation, rappelant qu’un nombre élevé d’avortements ne doit pas être vu comme un problème. L’IVG n’est ni une épidémie ni une maladie. L’IVG sécurisée sauve des vies, tue rarissimement, largement moins que les accouchements.

 « Pourquoi avorter ? » : c’est une question que les médecins que nous avons contactés expliquent ne « jamais » poser aux femmes qu’ils ont face à eux. Leur rôle est de les « accompagner dans l’exercice de ce droit ».

Le point de vue des écologistes malthusiens

lhoministe : On a donc (en mettant de coté les fausses couches qui représentent un quart des grossesses) en 2022 un quart des grossesses qui aboutit à une IVG. 33 % des Françaises ont recours une fois à l’IVG dans leur vie.

Perros Jean Michel : Avec ce que nous prépare les changements climatiques, c’est très bien. La vie deviendra quasi impossible sur une bonne partie de la terre donc moins il y aura d’humains mieux ce sera. N’oubliez pas qu’un gamin fabriqué aujourd’hui aura 50 ans en 2074… s’il peut vivre jusque là.

Freretug : Qui voudrait ajouter un rejeton à cette espèce destructrice qu’est l’humanité dans un monde qui s’écroule ?

Jacques Fr : Que vaut-il mieux, avorter ou avoir un enfant qui ne sera pas aimé, pas élevé et alimentera les colonnes des individus délinquants ou à problèmes ? Personnellement je pense qu’un enfant doit être désiré

Suzette : On parle toujours de la pilule, mais ne pas oublier le stérilet de cuivre ou la vasectomie, bien plus efficaces, avec bien moins d’effet secondaire, réversibles et sans risques d’oublis.

Mo-Ah : On parle de femmes qui se font avorter et de leur contraception et de leur sensibilisation, mais peut on de nouveau rappeler que la contraception est une responsabilité partagée? Et que les hommes jouent un certains rôle potentiel dans les grosses non voulues

walhalla : C’est le moment de convoquer Cioran : « les enfants que je n’ai pas eus ne savent pas le bonheur qu’ils me doivent ».

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IVG, la démocratie impose des contraintes

extraits : Souvenons-nous , pendant des siècles, les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants : il n’est de richesse que d’hommes, disait-on. Avortement et même contraception étaient interdits par une loi de 1920 démocratiquement votée en France. Depuis 1967 pour la contraception et 1975 pour l’IVG, c’est l’inverse, c’est autorisé. Or avec 10 ou 11 milliards d’humains prévus en 2100, il est fort possible que la situation devienne alors ingérable et qu’on en arrive démocratique à formuler des contraintes du types stérilisation obligatoire des femmes ayant déjà eu un enfant.

L’IVG dans la Constitution ?

Nathalie Segaunes : Le chef de l’Etat a annoncé le 19 octobre 2023 qu’un projet de loi constitutionnelle visant à protéger l’interruption volontaire de grossesse serait envoyé au Conseil d’Etat cette semaine, et présenté en conseil des ministres d’ici à fin 2023. Il s’agira d’ajouter, à l’article 34 de la Constitution, que « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme, qui lui est garantie, d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ».

Xtophe : Voyons, voyons, la semaine prochaine, il y a le 65eme anniversaire de la constitution… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir annoncer, quelque chose qui claque, genre coalition contre Daech…

Gribovelles : L’inclusion de l’avortement dans la Constitution est doublement inutile. D’une part, personne ne demande l’interdiction de l’avortement et le risque à ce sujet est inexistant. D’autre part, cette réforme ne met pas à l’abri d’une interdiction de l’avortement par une nouvelle réforme de la Constitution. Le vrai problème est ailleurs : rendre en pratique l’interruption de grossesse accessible partout. Le délabrement de notre système de santé ne le permet pas. Alors, plutôt que de le remettre d’aplomb, on vote un texte !

Jemedisais : Dans sa rédaction actuelle le texte ne garantit rien puisque la loi pourra en limiter la portée par exemple en raccourcissant le délai dans lequel on pourra se faire avorter…

Onaiel : Pauvre Constitution ! On en vient, par démagogie, à lui appliquer une procédure qui décalque la détestable habitude « un fait divers, une loi » qui plombe déjà la production législative… En termes d’ingénierie, on pourrait dire que la Constitution est le « design » de l’organisation sociale, la Loi en étant l’implémentation.

Denis Monod-Broca : L’idée qu’une loi, a fortiori la constitution, se bonifie avec l’âge, qu’elle doit être respectée en l’état, qu’il ne faut y toucher que « les mains tremblantes », est absolument étrangère à Macron.

Eglantine : Droit aux femmes de disposer de leur corps, même un peu plus, soit, cela peut se discuter. Mais pourquoi , alors, pas le droit de disposer vraiment, totalement, de son corps : le droit à l’euthanasie dans la constitution, par exemple ?

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la « liberté » de recourir à l’IVG

extraits : Le Sénat à majorité de droite s’est prononcé mercredi 1er février 2023, par 166 voix contre 152, pour inscrire dans la Constitution la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG, une formulation qui abandonne la notion de « droit » chère à la gauche. Le texte vise à compléter l’article 34 de la Constitution avec cette formule : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse ». C’est donc à la loi de déterminer les modalités de l’IVG, mais on ne voit pas la différence avec la situation actuelle sauf à croire faussement que l’inscription dans la constitution » protège le droit à l’avortement. Mais si l’Assemblée nationale décide plus tard de restreindre l’accès l’IVG en y mettant des « conditions », on sera toujours dans le nouveau cadre constitutionnel.

11 réflexions sur “L’avortement, réalité et législations de l’IVG”

  1. L’avortement, c’est avant tout l’arrêt d’un processus physiologique. Les effets psychologiques sur les femmes sont importants.
    Concevoir ce traitement médical ou chirurgical comme un moyen de contraception est mauvais pour les principales concernées.
    Or l’augmentation des avortements va dans ce sens. L’éducation de tous est la seule solution pour améliorer le bien être des femmes.
    Pour la constitution, Macron fait de la communication voire de la diversion politique pour ne pas traiter les vrais problèmes sociaux. Il achète du temps.
    À moins qu’il n’ait peur d’une remise en cause de l’IVG par la montée des comportements religieux en lien avec une forte immigration en cours. 500 000 immigrants par an depuis l’ère Macron.
    En fait, je crois qu’il se fout de ce qui arrivera après lui. Il fera sa cagnotte avec les fonds américains.

  2. Bien entendu l’avortement est un échec de la contraception. C’est ce que montre l’article. En France, où la législation permet l’IVG depuis bientôt un demi-siècle, il y a encore énormément d’avortement ; c’est un fait regrettable, mais c’est un fait. Il s’agit de permettre à des femmes de sortit d’une situation jugée impossible, donc de l’égaliser l’IVG pour libéraliser le libre choix (pro-choice). Le problème de fond, c’est qu’il existe une opposition venue de traditionalistes religieux, les pro-life. Ils sont anti-démocratiques car ils veulent imposer leur idéologie, l’exemple des États-Unis est parlant. Mais beaucoup trop de pays interdisent aussi de différentes manières l’avortement. Ce sont des natalistes qui n’ont aucune conscience de ce que veulent dire des mots comme surpopulation ou malthusien. Ce sont des barbares qui ne respectent pas les autres. (à suivre)

    1. (suite) Le libre choix (pro-choice) est nécessairement réciproque. Une femme peut avorter, cela n’interdit pas aux autres femmes d’accoucher. Un médecin a le droit de refuser pour des considérations personnelles de pratiquer des avortements, mais les croyants « pro-life »  n’ont aucun droit à empêcher les autres de faire en toutes connaissance de cause des IVG à leur convenance. Les militants de l’anti-avortement, ce sont eux les barbares. D’autre part, il ne faut pas tomber dans le piège de ceux qui critiquent l’avortement en laissant croire que le pro-choice impliquerait des avortement imposés. Pourtant la position est claire, laisser la liberté de choix ! D’autres croient que l’IVG en soi est un acte barbare, pourtant l’IVG sécurisée sauve des vies. (à suivre)

      1. (suite et fin) Car là aussi c’est un fait, si un gouvernement veut empêcher l’avortement, des femmes le font quand même, mais de façon clandestine. Chaque année dans le monde, 4,7 % à 13,2 % des décès maternels peuvent être attribués à un avortement non sécurisé. Dans le tiers monde, il y a environ 220 décès pour 100 000 avortements non sécurisés. Les barbares, c’est qui ? L’association Démographie Responsable a pour seul objectif statutaire de promouvoir l’autolimitation de la natalité en montrant que l’expansion démographique humaine est un handicap aussi bonne pour la biodiversité que pour les conditions de vie humaine sur Terre. Auto-limitation ? Il s’agit de promouvoir le planning familial dans tous ses aspects, y compris dans le fait que l’interruption VOLONTAIRE de grossesse devrait être un droit reconnu dans tous les pays sans exception.

        1. Là aussi il y a du vrai. Toutefois je pense que ce débat ne doit pas se résumer en un combat entre pro-life et pro-choice.
          Comme le disent certains, en France le droit à l’avortement n’est pas menacé. Bien sûr il peut le devenir. En France les pro-life ne pèsent pas lourd, comparé aux États-Unis. Chez ces gens là on trouve de tout, même certains qui défendent la peine de mort avec la même radicalité qu’ils combattent l’avortement. Cherchez l’erreur.
          Les défenseurs de la liberté (du choix => pro-choice) partent d’un bon sentiment. Je trouve seulement qu’ils négligent trop le fait que ce choix (avec ou sans «») puisse être orienté. Pour l’avortement comme pour l’euthanasie, ces pressions extérieures peuvent mener au pire.
          Avant de vouloir que l’IVG soit un droit reconnu dans tous les pays sans exception (sic Biosphère), faisons en sorte qu’en France toutes les femmes y aient accès équitablement. (commentaire de Gribovelles)

  3. Didier BARTHES

    Je ne pense pas que ce soit le rôle de la constitution, elle est essentiellement faite pour régler le fonctionnement des institutions. Pour la question de l’avortement, il y a la loi et d’ailleurs je ne crois pas que le droit à l’avortement soit menacé en France. Cette proposition semble surtout faite dans un but politique, on se dit que ça va plaire.

    Je renouvelle par contre mon opposition à l’avortement comme méthode pour diminuer la charge démographique, ça me semble aller dans le sens d’une certaine barbarie. L’avortement c’est pour sortir des femmes d’une situation impossible, pour favoriser la stabilisation de la population, puis sa baisse, ce qui est écologiquement nécessaire, il y a la contraception.

    1. Cette fois, mon cher Didier, je suis tout à fait d’accord avec vous. Comme quoi… 🙂

  4. – « En 2022, 234 000 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées, le niveau le plus haut depuis 1990. » ( Le Monde 30 octobre 2023 – idem La Croix 27/09/2023 )

    – « 232 200 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été pratiquées en 2019 en France […] son niveau le plus élevé depuis 1990 » ( actu.fr 20 septembre 2020 – IVG : pourquoi le nombre d’avortements augmente en France )

    Après une «baisse exceptionnelle» enregistrée durant l’épisode Covid, les chiffres sont donc revenus à la «normale», confirmant ainsi cette augmentation du nombre d’IVG depuis plusieurs années déjà. Nous pouvons donc dire que c’est comme avec le nombre de vols aériens, de ventes de voiture, les émissions de CO2 etc. ( à suivre )

    1. En attendant, que ce soit cette hausse générale ou alors cette baisse chez les plus jeunes, là encore le pourquoi occupe du monde. Parmi les explications (hypothèses), cette méfiance envers la pilule…
      L’histoire de Salomé* (dans l’article actu.fr) est intéressante. Selon son témoignage, la moitié des «accidents» seraient dus au fait que ces (jeunes) femmes n’avaient pas de contraception hormonale. Et ce parce qu’elles n’en voulaient pas. Si cette méfiance (défiance) pèse 50%… alors il y a là de quoi se demander ce qu’elle pèse sur le reste.
      Quant à tous ces points de vue, de malthusiens, de no-kids, d’inquiets, de nihilistes, ils ne nous avancent à rien. Si ce n’est à booster toujours plus le mal de vivre, rien de bon en tous cas. ( à suivre )

      1. Le droit à l’IVG dans la Constitution ? Et quand bien même !
        Le droit au logement y est inscrit depuis 1946, il a été renforcé 1998, et qu’est-ce que ça change ? Et combien de belles choses gravées dans le marbre, et bafouées tous les jours et en même temps ?

        L’expression «tomber enceinte pas accident» est terrible. Passe encore sur le «tomber», le pire c’est «par accident». Comme si un enfant, un être humain, pouvait être un accident. Comme si un enfant non programmé (aujourd’hui tout et n’importe quoi se doit de l’être) ne pouvait pas être était aimé. Et ne pouvait être que condamné à souffrir, à n’être qu’un moins que rien etc. Et ça juste parce qu’il est arrivé par… surprise. C’est pour ça que je préfère dire «par surprise».
        Quand à l’avortement, il doit rester un échec, un drame, un accident.

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