Avec le début du Carnaval de Rio et à un peu plus de 100 jours du coup d’envoi de la Coupe du monde de football, le gouvernement brésilien vient de lancer la distribution de 104 millions de préservatifs et de tests rapides de détection du HIV. « S’il y a la fête, grosse fête ou petite fête, il faut y aller avec un préservatif », prône le slogan de la campagne du ministère de la Santé qui a commencé a être diffusée mercredi. En 2013, 610 millions de préservatifs avaient été distribués gratuitement dans ce pays de 200 millions d’habitants.* Dans le plus grand pays catholique du monde, le Brésil, la plupart des femmes font maintenant deux bébés, pas davantage. Les prêtres peuvent protester tout ce qu’ils veulent, des millions de femmes choisissent de se faire stériliser. Pourtant l’Eglise catholique avait fait le forcing pour imposer son point de vue nataliste.
Lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, toutes les composantes de la vie sur Terre étaient mises sur la table, sauf une, la démographie. Maurice Strong, le secrétaire général de cette rencontre, eut beau déclarer que « soit nous réduisons volontairement la population mondiale, soit la nature s’en chargera pour nous et brutalement », dès le début ce sujet était purement et simplement tabou. Parmi les détracteurs qui accusaient des organisations comme Population Action International ou Zero population Growth de vouloir contrôler les populations, on trouvait les pays en développement qui s’insurgeaient d’être accusés des maux de la planète alors que le vrai coupable était selon eux la consommation effrénée des pays riches. Quant à l’argument consistant à dire que la meilleure façon d’atteindre tous les objectifs de développement était de les travailler tous en même temps, il se perdit dans le brouhaha. Le pays hôte du sommet de Rio, le Brésil, possédant la plus vaste population catholique du monde, l’Eglise eut aussi une influence considérable sur les négociations préliminaires. Elle réussit à faire supprimer l’expression « planification familiale » et le mot « contraception » des ébauches de la déclaration commune du Sommet. Arrivée à sa dernière mouture, l’unique référence de cette déclaration au problème de la surpopulation se trouvait dans une phrase appelant à une « gestion responsable de la taille de la famille, dans le respect de la liberté et des valeurs de chacun, en tenant compte des considérations morales et culturelles ».**
En fait la distribution de préservatifs au Brésil ne découle pas principalement de la volonté d’un planning familial efficace, mais seulement du prétexte de la lutte contre le SIDA…
* Le Monde.fr avec AFP | 28.02.2014, Le Brésil distribue 104 millions de préservatifs avant le Mondial
** Compte à rebours (Jusqu’où pourrons-nous être trop nombreux sur terre ?) d’Alan Weisman
première édition 2013 sous le titre Countdown. Our Last, Best Hope for a future on Earth ?
Editions Flammarion 2014, 430 pages, 23,90 €