Nicolas Hulot s’est dégonflé alors que tout le monde s’attendait à ce que la présidentielle 2017 parle enfin d’écologie. Mais il dit encore quelques vérités dans les colonnes du MONDE* : « La sortie des énergies fossiles doit être la clé de voûte du moteur économique de demain… Si nous voulons atteindre l’objectif de contenir le réchauffement climatique, il faut renoncer à exploiter les trois quarts des réserves d’énergies fossiles… Les dirigeants n’ont pas encore réalisé que, pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050, il faut des révisions d’investissement fondamentales… Il serait aléatoire d’espérer atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre si nous nous accommodons du fait que des millions d’hectares soient dégradés chaque année, restituant simultanément des millions de tonnes de CO2… A Marrakech, en novembre 2016, j’avais l’impression d’être dans une répliquede la COP21 de décembre 2015 à Paris, avec les mêmes mots sympathiques, les mêmes photos, les mêmes acteurs. Mais je voyais le visage dépité de nos camarades africains qui attendent des actes. Il est temps que l’on cesse de créer des distorsions sur les marchés où, pour finir, l’agriculture vivrière locale est moins avantageuse que les produits d’importation… Je suis désespéré face à l’inertie du système et aux forces de résistance. Ces forces de résistance sont animées notamment par les lobbys des énergies fossiles. Mais aussi par des multinationales comme Monsanto… Les militaires du Pentagone sauront rappeler à l’administration républicaine que le sujet climatique conditionne aussi la sécurité intérieure des Etats-Unis. Il faut adapter notre démocratie au long terme en instaurant un lieu de prospective et de planification où se retrouvent les acteurs politiques, des citoyens tirés au sort, les partenaires sociaux et les experts. Car il faut planifier la transition sur trente ans au minimum… En trente ans, j’ai vu disparaître des écosystèmes entiers, terrestres et marins, j’ai vu l’impact du réchauffement climatique. Mais, ce que je retiens surtout, c’est le changement d’échelle dans l’exploitation de la mer, dans le pillage de la forêt, dans l’urbanisation de la planète. Face à cette accélération, la prise de conscience progresse à un rythme trop lent. La communauté internationale s’est fixé un cap, mais elle n’a pas de boussole. » Dommage que Nicolas Hulot ait refusé de porter ce message au niveau de la présidentielle, il pouvait agir en dehors de toute cuisine politicienne. Voici trois commentaires pertinents sur le monde.fr :
Openeye : Une fois tous les trimestres, N Hulot sort un article, sans doute pour prouver qu’il existe encore. J’ai cessé de m’intéresser à ses articles depuis qu’il a pris l’habitude de faire croire qu’il sera candidat pour porter une écologie active, avant de refuser l’obstacle au dernier moment. Quand on a le cap mais pas les « cojones », on s’abstient de critiquer les autres. Par ailleurs, un écologiste qui ne dit pas que la démographie galopante accélère gravement les problèmes est il crédible ?
Ra00f : Nicolas Hulot donne cette prévision, « les militaires du Pentagone sauront rappeler à l’administration républicaine que le sujet climatique conditionne aussi la sécurité intérieure des Etats-Unis« . Cela fait 10-20 ans que le risque climatique est entré dans le scope d’analyse des différentes grandes armées du monde (en France, cf encore ce mois-ci la mission de l’IRIS pour la Défense). Car les armées considèrent que le changement climatique engendrera des conflits armés et des migrations massives. Le climat est donc considéré comme un enjeu militaire, conditionnant ainsi la sécurité intérieure. Ce que le Pentagone rappellera à Trump. CQFD.
Francois Hoog : Dernière chose concernant Hulot : parce qu’il n’a jamais assumé le mot « décroissance », je n’ai jamais été admiratif de cette icône médiatique… Un peu comme « Le Monde » d’ailleurs, qui passe des pub de bagnoles ou de produits destructeurs de la planète tout en ayant une rubrique « Planète »… Ça suffit l’hypocrisie !…
* LE MONDE du 18 janvier 2017, Nicolas Hulot : « Nous avons un cap mais pas de boussole »
Et si, fondamentalement, l’Homme (majuscule) haïssait la Nature ???…
Et donc, pour le XXIe, anthropocène ou « anthropocide » ?
@ biosphère
Je sais tout ce que vous me dites là. « La Décroissance » n’est pas ma Bible, je n’y suis pas abonné, je tiens trop à ma petite liberté. Cependant je l’achète tous les mois et j’en lis la moindre ligne. J’avoue avoir été quelque peu « choqué » au début par ce style percutant. En effet ça flingue, ça tire sur tout ce qui bouge ! Vous y trouverez aussi de l’autodérision. Bref, ça passe ou ça casse. J’ai toujours prévenu certains écolos (écotartuffes ?) adeptes du « développement durable » et curieux de ce journal… qu’ils risquaient d’être « déçus ».
Plus d’une fois j’ai failli laisser tomber. J’ai même écrit au journal, et Vincent Cheynet m’a répondu, très gentiment. Il m’a fallu du temps pour finalement comprendre et accepter la stratégie. Avec moi c’est passé. Bien sûr il y a ces querelles internes, comme partout je suppose, ces histoires d’egos. C’est vrai que ça, c’est désespérant.
Je n’ai pas signé le « pacte anti-Hulot » (je n’ai pas d’ennemis) et je ne tirerais pas à boulet rouges sur Pierre Rabhi. Seulement quand je le vois (Rabhi) sur Le Figaro, au milieu des pubs de grosses bagnoles… j’ai un peu pitié pour lui.
En effet selon la revue » La Décroissance » (et hélas selon pas mal de décroissants) tout doit décroître sauf la population On ne sait pas pourquoi la population échapperait aux lois physiques et mathématiques, mais c’est comme ça.
Je serais plus sévère que le commentaire précédent, quand on parle de malthusianisme à la rédaction de cette revue, elle ne devient pas sourde, elle devient agressive.
Précision : Moi-même j’ai signé le fameux pacte Hulot. L’erreur est humaine !
J’ai aussi lu pas mal de ses livres, par contre je ne me lave pas avec Ushuaia gel douche.
Notre belle planète vue du ciel… la bonne blague ! Comme si c’était ça qui allait provoquer l’électrochoc salutaire. Et tant que nous y sommes, pourquoi pas un voyage spatial pour tous les écotartuffes ?
Malgré son style percutant, je ne saurais que trop conseiller le « journal de la joie de vivre », autrement dit « La Décroissance ». J’y ai beaucoup appris, bien plus que dans les bouquins de l’ hélicologiste et d’autres…
@ Michel C
Le « journal de la joie de vivre », est certes un apport important pour mieux cerner notre présent et notre avenir commun, qui sera fait de simplicité volontaire et/ou de drames. C’est la seule revue à la fois incisive et réaliste sur l’effondrement civilisationnel en cours. Par contre on peut regretter que cette revue tape à bras raccourci sur des acteurs importants de l’écologisme. Nicolas Hulot a même eu droit à un « pacte anti-Hulot », mais on y condamne aussi Pierre Rabhi ou Yves Cochet, etc. Personne n’est épargné. Le comité de rédaction de « La décroissance » était très étoffé à une époque, il s’est réduit à quelques pigistes autour de Vincent Cheynet. Dommage, l’écologie doit savoir rassembler et non prêter à ostracismes et excommunications. Un dernier exemple, si vous parlez de malthusianisme à cette revue, la rédaction devient sourde.
Et hélas encore une fois quand Nicolas Hulot parle de ce qui s’est passé au cours des 30 dernières années pas un mot sur le fait que toutes ces dégradations se sont déroulées tandis que la planète hébergeait 2,5 milliards d’habitants de plus.
Il a bien fallu pourtant les nourrir, les loger, les transporter les équiper…
Nicolas Hulot dit être désespéré. Je le suis aussi mais je dois préciser que cette volonté de fermer les yeux y participe largement car elle augure mal de notre capacité à résoudre le problème. Si nous ne voulons pas le regarder en face, et préférons dire ce qui va plaire, nous n’avancerons jamais.
Bonjour
Article intéressant, et même amusant. Mieux vaut peut-être prendre le Parti d’en Rire.
– Encore une fois l’hélicologiste nous révèle être « désespéré face à l’inertie du système et aux forces de résistance… » Pauvre Nicolas ! Comme je le comprends !
– Openeye dit ce qu’il pense de Monsieur Hulot. Openeye a des « cojones » , lui !
– François Hoog aussi ! PAN PAN sur Hulot , « Le Monde » , sur l’hypocrisie générale ! !
– Ra00f nous rappelle à juste raison, que les militaires sont des gens qui ne rigolent pas.
Précision. Sur ce blog, nous avons toujours soutenu Nicolas Hulot. Son désistement pour raisons personnelles a laissé orphelin bien des écologistes qui oeuvraient à sa candidature pour la présidentielle 2017, d’où notre désenchantement actuel. Mais lui au moins, quand il prenait l’hélicoptère, c’était pour mieux montrer la planète en péril. Ce n’est donc pas un écotartufe, et s’il est stigmatisé régulièrement par la revue La Décroissance, cela veut simplement dire que la rédaction de cette revue fait preuve d’un parti-pris non justifié contre Nicolas.
La rédaction de biosphere