Les humains sont des animaux parmi d’autres. Même une mouche à un cerveau. Pourtant beaucoup de personnes ne nous voient pas comme un animal, ils ont une conception de la nature anthropocentrée, centrée sur l’espèce humaine. Nous n’avons pas à les traiter d’imbéciles, il faut seulement mieux leur expliquer nos origines, comprendre le fonctionnement de notre maison commune et de tous ses habitants. Les écologistes n’ont pas d’adversaire, ils n’ont que des personnes à convaincre.
Jean-Baptiste Jacquin : Une équipe de chercheurs a mis au jour l’ensemble des fonctions cérébrales de la drosophile, un record. Pas plus gros qu’un grain de sable, le cerveau d’une Drosophila melanogaster adulte contient 139 255 neurones, 54,5 millions de synapses et huit mille types de cellules. ce petit animal est capable de comportements sophistiqués comme la marche et le vol, l’apprentissage, la mémoire, la navigation et même les interactions sociales. La drosophile possède environ un million de fois moins de neurones qu’un cerveau humain. Autrement dit, la science n’est pas près de reconstituer notre connectome, le plan complet des connexions neuronales.
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anthropocentrisme, bio- ou écocentrisme, que choisir ? (2012)
extraits : Un insecte possède un cerveau, plus petit que celui d’un humain sans doute, mais un cerveau quand même. L’escargot est également doté d’un ganglion cérébral, et d’un cœur avec une seule oreillette et un seul ventricule, mais un cœur tout de même. Le schéma d’organisation du vivant est assez similaire d’un bout à l’autre de la planète, homo sapiens ne constituant pas une exception ! Pourtant certains croient encore à la spécificité humaine, fabulant que l’Homme est à l’image de dieu et la Terre au centre de l’univers. Ils font preuve d’anthropocentrisme, l’homme (anthrôpos) au centre.
Les humains, des animaux pas si perfectionnés que ça (2014)
extraits : Beaucoup de monde croit que l’homme n’est pas un animal. La croyance en la supériorité de l’être humain est en effet incommensurable. C’est un mythe qu’un écologiste se doit de déconstruire. En fait l’homme est d’une certaine façon moins complexe qu’un grain de riz. Avec ses 20 000 à 25 000 gènes il en possède moins que le riz, qui en compte 30 000 à 40 000. Pourquoi ? Alors que l’homme peut se déplacer pour se mettre à l’abri, les plantes sont obligée de rester sur place et de s’adapter à leur environnement. Pour ce faire, elles disposent de jeux de gènes qui s’expriment spécifiquement dans telle ou telle condition : le froid, la sécheresse, etc. On peut même aller loin dans la comparaison animal, homme et végétal. L’analyse de l’ADN de différentes espèces révèle que tous les êtres vivants, animaux et végétaux, on en commun au moins 25 % de leur gène. Si l’espèce humaine partage 98 % de ses gènes avec le chimpanzé, il en partage 36 % avec la jonquille Narcissus jonquilla….
Généalogie : notre ancêtre, le dipneuste (2024)
extraits : Certains croient faire de gros progrès en reconstituant leur généalogie familiale grâce à quelques archive usées : attitude purement anthropocentrique qui balbutie sur un ou deux siècles. Ce n’est pas là un exercice très captivant, mieux vaut le long souvenir de notre histoire commune. Remonte dans le temps, bien avant l’automobile, le téléphone et l’électricité, va encore plus loin. Tu arriveras il y a 400 générations, quand tes ancêtres commençaient à cultiver la terre et à se croire séparés de l’univers. En remontant encore, il y a 10 000 générations environ, tu trouveras ton premier ancêtre homo sapiens. Mais ton origine est encore antérieure ; il y a 100 000 générations, ceux par qui tu es arrivé étaient des hominidés. Quelques dizaines de millions d’années auparavant, ton ancêtre, un tout petit mammifère, vivait au temps des derniers dinosaures. En remontant encore, ton ancêtre était amphibien : un dipneuste ! Il possède à la fois des branchies et un poumon….
– « Ce travail titanesque constitue une ressource précieuse pour la recherche en neurosciences. » (J-B Jacquin – Le MONDE )
Je veux bien le croire. Les neurosciences n’ont pas fini de nous en apprendre.
De plus, la Recherche reste une de ces rares activités dont impact écologique ne pèse quasiment rien, comparé au reste. Une de ces rares activités qui peuvent continuer à croître, sans problème. Ceci dit, ce travail titanesque (sic) me fait penser à un autre :
– Voici la plus belle et la plus précise des cartes de la Voie lactée
(27 septembre 2024 – science-et-vie.com)
Autant je conçois que la cartographie du cerveau d’une mouche puisse constituer une ressource précieuse… autant je reste perplexe quant à l’autre. À quoi pourrait bien nous servir cette carte de la Voie lactée ? Autrement dit, en quoi ça nous avance ?
Mais finalement la Connaissance reste la Connaissance.
Mais c’est très intéressant une représentation de la Voie Lactée, Comme beaucoup de Galaxies lui ressemblent (même si elle est un peu grande par rapport à la moyenne) ça nous donne une idée de l’Univers. Et puis c’est intéressant de connaître son voisinage.
Comme vous êtes le spécialiste maison des astres et des galaxies, je me doutais bien que vous mordriez à l’hameçon. Je vous accorde que c’est intéressant, surtout pour les passionnés comme vous. Toutefois, je vous avoue que l’Univers reste pour moi quelque chose d’insondable. Qui me dépasse. Quand je pense que la Voie lactée ne pèse presque rien là-dedans… tout de suite ça relativise le reste.
La Surpop, par exemple, vous en conviendrez… c’est vraiment peanuts.
Mais à part ça, je me demande toujours en quoi cette carte nous avance vraiment. Quant à ce qui est de connaître son voisinage, nul besoin d’un télescope.
À la rigueur une paire de jumelles, pour mater les voisines. 🙂
Eh bien mettez-vous à l’astronomie, vous verrez il y a des tas de choses à découvrir et à comprendre, de toute façon c’est toujours intéressant de voir les choses à grande échelle. Vous pourrez même aller juqu’aux théories des multivers (à ce sujet, je vous conseille un excellent article, au hasard sur le site Les Etoiles).
Quant à la surpopulation, ça n’a rien à voir avec l’univers, disons que c’est important pour tout ce qui vit sur la Terre, pour le reste du monde effectivement ça n’a guère d’incidence.
L’infiniment grand, ou l’infiniment petit… pour moi c’est pareil.
D’un côté un télescope, de l’autre un microscope.
À choisir… je préfère encore le macroscope.
– Le macroscope. Vers une vision globale (Joël de Rosnay – 1975)
Même si je m’en doutais un peu… c’est toujours bon d’en avoir la Preuve.
Au moins maintenant je peux dire que je sais… qu’il existe des cerveaux de la taille d’un grain de sable. 139 255 neurones bigre ! Eh ben j’en connais quelques-uns uns qui seraient fiers d’en avoir autant. Désormais je la regarderais d’un autre œil, la drosophile.
Dans quelles proportions je n’en sais rien, mais je note également que nous devons cette prouesse à une… intelligence artificielle. Désormais je la regarderais d’un autre œil, elle aussi.
Quant à ce vieux « débat », anthropocentrisme VS biocentrisme, c’est encore et toujours comme avec notre ancêtre le dipneuste (août 2024). Je n’arrive toujours pas à imaginer que la drosophile se soucie de ce genre de choses. La Preuve que j’ai encore de quoi faire… en matière de décolonisation de l’imaginaire. 🙂