« Un loup rempli d’humanité », c’est la définition du chien de Jean de la Fontaine dans sa fable « Le loup et les bergers ». Définition certes poétique, mais surtout confirmée par l’ADN, concernant tant l’origine du chien que sa modification par l’homme. À partir des données scientifiques et de son vécu, Pierre Jouventin, éthologue ayant élevé dans sa jeunesse une louve dans son appartement, explique dans son livre comment nos ancêtres ont créé le chien à partir du loup et pourquoi, à la différence de nos cousins les chimpanzés, il est devenu « le meilleur ami de l’homme ».
extraits : Chez les chasseurs-cueilleurs, qui sont tous nomades pour pouvoir changer de terrain de chasse et exploiter au fur et à mesure les productions de la nature, une femme devait transporter son enfant et, d’après les ethnologues, elle ne pouvait en élever plus d’un tous les quatre ans, comme les grands singes. Par contre, sédentarisée plus tard dans un village et disposant de céréales, elle pouvait aller jusqu’à enfanter tous les ans ! Cette plus grande exploitation de la Terre a donc permis d’élever beaucoup plus de jeunes, donc de nous multiplier. La bien nommée ‘révolution néolithique’ constitue une mutation écologique et économique telle, dans l’histoire de l’humanité, qu’elle explique comment les dizaines de milliers de chasseurs-cueilleurs se sont transformés en centaines de millions d’agriculteurs-éleveurs. Sur des milliers d’années, cela explique que les populations humaines, depuis toujours en équilibre avec les ressources naturelles comme n’importe quel animal sauvage, aient pu s’accroître pour atteindre des milliards en colonisant toute la planète, phénomène qui a cependant trouvé ses limites, ainsi que nous sommes en train de le réaliser…
Comme je le concluais dans mes livres et articles, on peut donc aller jusqu’à se demander : le chien, en augmentant la pression de chasse de nos ancêtres sur la faune sauvage, est-il à l’origine de la révolution néolithique qui, après avoir appauvri la mégafaune1, les a contraint à travailler la Terre, puis responsable de la démographie galopante qui a suivi, donc de la colonisation de la planète ? Bref, l’invention du chien est-elle la cause de l’avènement de la civilisation ?
Pierre Jouventin
« Les chiens vous regardent tous avec vénération. Les chats vous toisent avec dédain.
Il n’y a que les cochons qui vous considèrent comme leurs égaux. »
Winston Churchill
nos articles antérieurs sur ce blog biosphere
Pierre Jouventin, la question démographique
Pierre Jouventin : l’homme, cet animal raté
1 Ben-Dor, M., & R. Barkai, 2021, « Prey Size Decline as a Unifying Ecological Selecting Agent in Pleistocene Human Evolution », Quaternary 4
La question que pose Pierre Jouventin est intéressante. On pourrait se demander la même chose au sujet du cheval, ou de la chèvre… mais il semblerait en effet que le chien soit le plus vieil ami de l’homme (15.000 ans). Mais à ce moment là… plutôt que d’incriminer les chiens, ou les chèvres (moi je les aime) … pourquoi ne pas se poser la même question au sujet de l’arc (50.000 ans) ? Ou encore de la maîtrise du feu (400 ou 500.000 ans).
Bref, je pense là à cette fameuse question au sujet de la Poule et de l’Oeuf.
Plus sérieusement : « Si de nombreuses hypothèses existent sur les causes du déclenchement de la révolution néolithique, la plus facilement mesurable est le passage d’une période de glaciation, le Pléistocène, à une période de climat plus tempéré, l’Holocène (où nous nous situons toujours).»
( La révolution néolithique : définition et dates – 14/06/2022 – laculturegenerale.com )
Le chien, la chèvre… et si c’était plutôt le blé ?
– « Après la dernière glaciation, qui remonte à 16 000 ans av. J.-C., le réchauffement du climat avait favorisé dans les zones tempérées la prolifération du gibier, des céréales (blé et orge) et des légumineuses (pois ou lentilles).
Tout change vers 12 500 ans av. J.-C.. Le changement est si important que les préhistoriens le qualifient de « révolution néolithique ».
Le Moyen-Orient se couvre à cette époque-là de graminées (céréales) [etc.] »
( Néolithique Sédentarisation et agriculture – herodote.net )
Hypothèse :
Au début, le hasard donc. La nature ou Dame Nature, si vous préférez…
Qui veut que nos ancêtres voient leur vie facilitée par cette abondance. Plus besoin de trop se fatiguer, de passer de longues heures à la chasse, pêche et champignons, qui rappelons-le n’étaient pas considérés comme des loisirs, à l’époque.
– « on a pu calculer qu’une personne pouvait récolter en deux semaines assez d’engrain sauvage pour nourrir une famille de quatre personnes pendant un an »
Z’auraient été trop cons de pas en profiter, non ? Sapiens découvre alors les plaisirs de la paresse. Et de la sieste. Qui devient de plus en plus coquine. Toujours plus.
Leur philosophie : l’amour pas la guerre !
Et puis Sapiens devient Shadock. Pourquoi ? La question fait toujours débat.
Et «débat». Et les Shadocks pompaient pompaient. Toujours plus. La suite on la connait. Les chiens, les chiennes, les chèvres et le reste, tout y passe.