Le 26 octobre 1863 les dirigeants de sept clubs civils se réunirent à Londres et adoptèrent « un code officiel des lois pour la régularité du jeu ». La football Association voyait ainsi le jours et se séparait définitivement de la Rugby Union, créée le 8 décembre 1863. La Fédération internationale de Football (FIFA) voit le jour à Paris le 21 mai 1904. Les statuts de la FIFA stipulent que chaque pays ne peut être représenté que par une seule fédération. Le foot, vécu de manière très diversifié par les peuples, tombe sous les lois monopolistes. Les Indiens Morès en Amazonie jouent aussi au foot. Mais le joueur qui marque change automatiquement d’équipe. Ainsi ceux qui gagnent se dégarnissent et ceux qui perdent se renforcent. Le score s’équilibre de lui-même.
La création du professionnalisme répond à la nécessité de rationaliser une nouvelle industrie du spectacle dominée par le capital. En 1982, la FIFA comprend déjà 228 pays, un nombre impressionnant de bureaux, comité permanents et commissions. Cette inflation galopante de la bureaucratie est le reflet de ce qui se passe dans toutes les entreprises multinationales. Le club, entreprise comme un autre, est soumis aux mécanismes de fonctionnement et aux lois de la production capitaliste : structure hiérarchique verticale, recherche maximale du profit, rationalisation des choix budgétaires. Les joueurs sont côtés comme de vulgaires actions Péchiney ou Rhône-Poulenc. Et le chômage touche les footballeurs dans tous les pays comme il touche les travailleurs du bâtiment ou de la sidérurgie.
Les écologistes rêvent d’un jeu à la manière des Indiens Morès, chacun jouant à la balle à sa façon particulière et de façon locale. Les multinationales, qu’elles soient industrielles ou commerciales, football compris, sont issues de la révolution industrielle et mourront avec l’effondrement de cette civilisation.
(texte de 1982 dans le chapitre II du livre Quel corps ? – édition épuisée -)
repris par le livre Football, la colonisation du monde