Le Front national écolo ? Son passé plaide contre lui

Le Front national braconne sur le terrain de l’écologie pour appâter les amoureux de la nature ; Bastamag nous en informe. En résumé : « Marine Le Pen et le FN  ont lancé le 10 décembre un collectif baptisé « Nouvelle écologie » : « Il ne faut pas créer un nouveau totalitarisme, il faut sortir de l’écologie punitive », clame le président du collectif, Philippe Murer. Celui-ci affirme la foi du collectif en « une écologie politique productive et réaliste »… et l’obligation de quitter l’euro pour réaliser les investissements nécessaires. « Quand on est patriote, on est écologiste. Et inversement : quand on est mondialiste, on ne peut pas être écologiste », conclut Marine Le Pen. L’absence de « gouvernement mondial » à même de résoudre un problème global laisse le champ libre « aux multinationales qui n’ont aucun intérêt pour l’écologie ». (Pierre Alonso – 12 décembre 2014)

Quelques précisions sur « l’écologisme » du Front National. Interrogée par terraeco en mars 2012, Marine Le Pen montrait la superficialité de son engagement écolo :

Une fiscalité écologique ? Non, il faut arrêter la fiscalité à tout prix. Les gens n’en peuvent plus.

Pas de taxe carbone non plus ? Rien. Je pense que la seule façon de baisser les émissions de gaz à effet de serre, c’est de revenir à un modèle rationaliste, d’arrêter la course au libre-échange.

Que fait-on avec le nucléaire ? Il n’y a aucune autre alternative crédible au nucléaire.

Les énergies renouvelables ? Les éoliennes, c’est immonde. C’est laid, c’est cher, ça ne sert à rien, arrêtons là.

Selon vous, les changements climatiques n’existent pas ? Je ne suis pas sûre que l’activité humaine soit l’origine principale de ce phénomène.

Vous remettez en cause les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ? Ce ne sont pas les travaux du GIEC qui peuvent établir avec certitude que l’homme est la cause du changement climatique. Mon père m’expliquait quand j’étais petite que le Sahara gagnait déjà un kilomètre par an.

Vous allez recruter Claude Allègre ? Pourquoi pas ! Le GIEC, ce sont les prêtres et les évêques du changement climatique.

Parlons agriculture ? Le bio est une dictature, avec des histoires de gros sous enrobées dans des bons sentiments.

Laisser croire que le Front National et l’écologie politique peuvent faire bon ménage n’est donc qu’imposture de la part de Marion Anne Perrine Le Pen, dite Marine parce que ça fait plus national. Marine Le Pen avait jugé en 2011 le projet de l’écologiste Nicolas Hulot compatible avec celui de son propre parti : « On a relu avec mes conseillers le projet qu’il avait fait en 2007, son projet de programme : il y a énormément de choses qui sont tout à fait compatibles avec le projet du Front national ». Nous avons relu le Discours environnementaliste de papa Le Pen en février 2007. On voit certes une certaine concordance dans le préambule : « Le matérialisme effréné qui inspire depuis des décennies la politique gouvernementale a détruit l’harmonie entre la nature et l’activité humaine. C’est le résultat d’une idéologie qui considère le monde comme une immense usine, dans laquelle l’homme est uniquement un producteur et un consommateur interchangeable, sans patrie, sans famille, sans racine, sans terroir. » Mais dès qu’on rentre dans le programme, tout est différent.

Jean-Marie Le Pen croit de façon très théorique  que « l’homme est au cœur de la nature dont il doit respecter les lois », mais c’est pour faire place à l’homme : il approuve le défrichement de millions d’hectares de forêts et le drainage des marais.

Jean-Marie Le Pen invente une « religion de la Terre appelée Gaïa » pour laquelle « La nature est bonne, l’homme est mauvais ». Quelle imagination !

Jean-Marie Le Pen se range carrément du côté des climatosceptiques : « Aujourd’hui, un nouveau péril nous guetterait, dont les hommes seraient les responsables : la température moyenne du climat augmenterait à cause des gaz carboniques à effet de serre émis par les activités humaines depuis 1750. Faut-il, sur la base de données discutables, nous engager dans un processus remettant en cause notre économie et notre indépendance ? »

Jean-Marie Le Pen est pour la poursuite du confort motorisé : « La liberté de millions de Français est déjà entravée par des règlements et des politiques inspirées par les Verts. Leur autophobie révèle un esprit totalitaire. La voiture constitue en effet pour les Français un moyen d’évasion, réservé jusque dans les années 50 aux plus fortunés. L’écologie ainsi dévoyée peut conduire à l’établissement d’un système totalitaire mondial, rationnant nos activités et nos dépenses et imposant des normes sociales contre-nature ».

Jean-Marie Le Pen attaque ardemment les objecteurs de croissance : « Une autre idéologie, née en 1972 avec les thèses du Club de Rome, préconise pour sauver la planète de la surpopulation et de la surproduction, l’arrêt de la croissance. Elle considère que l’humanité constituant une espèce dangereuse pour l’environnement, il faut en réduire les activités et la population… Les plus modérés suggèrent juste un ralentissement de la croissance, les plus radicaux militent pour un retour à un âge d’or. Cette idéologie, d’apparence bucolique, est en réalité plus criminelle que celles qui ont ensanglanté le siècle dernier… Ce n’est pas en freinant la croissance économique de nos nations que nous protègerons notre environnement ».

Jean-Marie Le Pen croit posséder LA solution finale, le nationalisme : « Dans le domaine économique et social, le bon sens nous amène à penser qu’une nation dotée de frontières constitue le modèle politique le plus performant. Il en est de même dans l’ordre écologique. Les frontières, bien sûr, ne protègent pas de toutes les pollutions, notamment climatiques. Des frontières nous permettraient d’imposer des droits de douane spécifiques sur les marchandises produites dans les pays ne respectant pas les normes environnementales. Le rétablissement de nos frontières nous permettrait enfin de lutter contre la pollution automobile en imposant, comme le fait déjà la Suisse et comme veut le faire la Belgique, un droit de passage aux véhicules immatriculés à l’étranger ».

Laisser croire que le Front National et l’écologie politique peuvent faire bon ménage n’est que du greenwashing !