le livre que nous n’achèterons pas (le ciel ne va pas tomber…)

L’écoloscepticisme est un exemple de notre capacité infinie à perdre le sens des limites. Ainsi de la Société de Géographie qui avait organisé un colloque le 16 septembre dernier. Son objectif, en finir avec le catastrophisme ambiant véhiculé par les écologistes radicaux. Ces « scientifiques » géographes se mobilisaient contre l’obscurantisme ambiant, la décroissance, le déni de la science. Ce n’était qu’une réunion d’incompétents.

Jean Robert Pitte, président de la Société de Géographie, a fustigé le « bourrage de crâne médiatique sur le changement climatique » ; Jean Robert Pitte juge les Français « bien incapables de s’exprimer avec pertinence sur ce sujet ». Mais Jean Robert Pitte n’est pas connu pour ses compétences en matière de  climat, plutôt pour sa thèse « Terres de Castanide. Hommes et paysages du châtaignier de l’Antiquité à nos jours »

Yvette Veyret, Professeur de géographie à l’ Université, pourfend cette idée que nous vivons une crise écologique mondiale  (changements climatiques, déforestation, désertification, pollutions, insuffisance alimentaire…). Yvette Veyret nie tout sentiment anxiogène car cela s’appuie surtout sur le postulat que l’Homme est mauvais. Il est vrai que les photos de Yann Arthus-Bertrand sont « trop traumatisantes et sans aucun rapport avec la réalité » et la plus grande marée noire de l’histoire des Etats-Unis n’a eu que des conséquences « insignifiantes face à l’immensité de l’océan ».

Martine Tabeaud, professeur de géographie à l’Université et climatosceptique, s’attaque aux fondements même des statistiques du GIEC pour en finir avec ce « fétichisme du chiffre » qui mène au catastrophisme aveugle. Martine Tabeaud oublie les satellites qui viennent désormais appuyer les mesures de température et ne précise pas que les scientifiques s’accordent sur l’essentiel : la température moyenne de la Terre augmente. Martine Tabeaud s’enfonce donc dans l’optimisme béat : « Les conséquences d’un éventuel réchauffement climatique pourraient être bénéfiques à bien des égards (augmentation des rendements agricoles, tourisme, exploitation de nouvelles ressources… »

Le seul intervenant non-géographe de la matinée semblait finalement le plus lucide : Loïc Fauchon, président du conseil mondial de l’eau a fait un exposé bref mais dense des menaces sur l’eau, en décalage notable avec le fil conducteur du colloque « Non, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête ! ». Les géographes sont apparus très centrés sur l’Homme, n’évoquant presque jamais les dommages que nos activités infligent durablement à notre support de vie. La plupart des interventions semblaient anachroniques ou naïves. Bien regrettable de la part de personnalités dont l’ouverture sur la réalité du monde est censée être le plus bel atout. C’est pourquoi il ne faut pas acheter le livre qui prolonge le colloque, Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête (15 grands scientifiques géographes nous rassurent sur notre avenir).

 

4 réflexions sur “le livre que nous n’achèterons pas (le ciel ne va pas tomber…)”

  1. La remarque de Christophe Magedeleine est justifiée, nous avons utilisé son compte-rendu de colloque comme base de notre réflexion.

    La source aurait du être donnée…
    Vous pouvez maintenant consulter l’article original.

  2. En définitive la bonne question, ce n’est pas de savoir si ou quand le ciel va nos tomber sur la tête, c’est de savoir combien il faut émettre de carbone pour laisser un monde vivable pour les générations futures.

    Dans l’état actuel d’émission que la biosphère peut digérer, c’est 500 kg d’équivalent CO2 par habitant en moyenne mondiale, soit 5 000 km en voiture dans l’année et ne faire rien d’autre. Autant dire que les géographes veulent que le ciel nous tombe sur la tête !

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