L’Ecologie n’est pas à vendre, pourtant Jadot l’a fait pour un plat de lentilles ! Plus de candidature écolo à la présidentielle, c’est quand même une première depuis 1974. René Dumont doit se retourner dans sa tombe, Machiavel a encore gagné. Le candidat écologiste va retirer sa candidature au profit d’une alliance avec le candidat socialiste Benoît Hamon. Yannick Jadot vient de l’affirmer sur Europe 1* : « Dans 15 jours, cette question sera réglée ». Les équipes de campagne des deux candidats avaient multiplié les rendez-vous… en cachette des militants. Il est vrai que Yannick Jadot allait complètement à l’inverse du cadre fixé il y a moins de 8 mois lors du dernier congrès d’Europe Ecologie Les Verts : appel à « un projet écologiste clairement défini porté par une candidature émanant d’EELV ou de la société civile » pour la présidentielle et des candidatures écologistes aux législatives « excluant tout accord même technique avec l’appareil du PS ». Enfin l’autonomie de l’écologie politique pouvait être affirmée, loin du giron étouffant du PS choisi depuis 1997 avec l’alliance rouge-rose-vert. Mais
L’entourage de Benoît Hamon rassure: « Yannick Jadot aura toute sa place, un rôle à part entière dédié à l’écologie politique dans cette union. » Mais le candidat socialiste revendique déjà de pouvoir écraser le nain écolo : « Plus d’1 million d’électeurs ont voté pour moi, je suis la figure du rassemblement. » Ce n’est pas parce qu’il y a quelques points communs entre les programmes roses/rouges et verts que cela fait de Benoît Hamon un écologiste. Il est au parti socialiste depuis près de 30 ans, c’est un apparatchik au milieu de ses copains apparatchiks. Peu importe de contenu de ses promesses, le principal est d’être élu. Hamon donnera des gages à son aile droite (Valls) pour éviter hémorragie vers Macron, il gardera quelques idées « plus à gauche » pour grappiller des voix du côté des Mélenchonistes3. L’écologie sera prise en tenaille, il n’en restera rien.
Dans les deux camps, on dit ne pas vouloir de convergence d’appareils de partis, mais il s’agira comme toujours de se répartir les postes. La vie partisane s’est professionnalisé, on commence attaché parlementaire et on devient ministre, le principal étant d’aller à la soupe le plus longtemps possible. Le « rassemblement de convictions » est un mythe pour gogos, déjà les tractations se font en coulisses. A peine élu candidat du PS, Benoît Hamon s’était préoccupé des investitures aux législatives. Il cherche à investir l’ancienne ministre « Verte » Cécile Duflot dans la 6e circonscription de Paris, dont elle est sortante, mais où le PS a choisi Nawell Oumer**. Hamon avait besoin de Duflot, il offrira un autre plat de lentille. Il est vrai que Cécile Duflot, éliminée lors de la primaire des écolos, tient encore bien en main le parti EELV. C’est elle qui nomme en fait les secrétaires nationaux : après l’inénarrable Emmanuelle Cosse qui a rejoint le PS, David Cormand qui a toujours soutenu sa patronne. Si le Bureau exécutif d’EELV a incité récemment Jadot à se coucher devant Hamon, c’est toujours à l’initiative de Duflot. Ce n’est pas un hasard si Caroline de Hass a été attachée de presse de Benoît Hamon jusqu’en 2012 et directrice de campagne de Cécile Duflot pour la primaire des écolos en 2016. Duflot-Hamon même combat, plus à gauche depuis toujours, certainement pas écolo. Que Jadot soit victime de ce couple infernal n’est pas le problème principal, c’est la déconsidération du message écologique aux yeux des électeurs qui importe. Encore une fois l’écologie politique se cherche…, le pétrole s’épuise et le réchauffement climatique prospère. Nous n’avons pas encore compris que la planète ne négocie pas des postes !
* http://www.europe1.fr/politique/rapprochement-jadot-hamon-dans-quinze-jours-ce-sera-regle-2972426
** Le Canard enchaîné du 1er février 2017
@ biosphère
le « peuple de l’écologie » est vaste. TOUS les écolos ne sont pas encartés à EELV et Jadot n’est certainement pas le porte-parole de TOUS les écolos.
Il y a des écolos de longue date, et d’autres récemment convertis, des purs et durs et des modérés, des « pragmatiques »… et bien sûr aussi des écotartufes… eux aussi très variés. Bref, j’imagine que l’écologie n’a rien à gagner avec un candidat pour chacune de ces familles.
Un des problèmes en politique, c’est cette obsession pour certains de continuer à exister tels qu’ils sont. C’est ainsi qu’existent encore des partis qui ne sont plus que des coquilles vides où s’agitent quelques apparatchiks. Ils brassent du vent, nuisent à leur cause, qu’ils ont d’ailleurs souvent oubliée…
Les écolos ne savent pas faire simple et soutenir leur candidat Yannick Jadot. Le Bureau Exécutif d’EELV a « acté le principe d’une consultation électronique des participant-es de la primaire début de semaine prochaine pour demander leur accord à notre disponibilité pour des discussions avec JLMélenchon et BHamon ». En clair, désistement possible de YJ en faveur de BH. Le BE a également acté une deuxième consultation si « nous envisagions de changer la stratégie que nous nous étions fixée avant l’été ». En clair, désistement déclaré de YJ pour BH.
Ce n’est pas ainsi que l’autonomie de l’écologie politique pour rassembler « le peuple de l’écologie » pourra advenir !