LE MONDE, les gaz de schiste et la fuite en avant

L’édito du MONDE* est clair : puisque le pétrole flambe, il nous faut du gaz de schiste ! Aucun perspective de long terme dans cet édito, uniquement l’appât facile de l’énergie fossile. Car le gaz, qu’il soit conventionnel ou de schiste, est une ressource non renouvelable dont les réserves sont un peu plus grandes que celles du pétrole, mais pas beaucoup plus. Nous ne sommes pas à la veille d’un « âge d’or du gaz », mais des « âges sombres » du réchauffement climatique et de la pénurie d’énergie. Gratter la terre jusqu’à ses dernières traces de richesse ne nous prépare pas à un avenir radieux, mais à un futur d’épouvante. Reculer aujourd’hui la date des nécessaires économies d’énergie, c’est vouloir demain la panique sociale.

L’édito du MONDE prolonge de façon inconsidérée l’avis de son chroniqueur Martin Wolf**. Wolf reconnaît que le gaz de schiste aux Etats-Unis ne couvrira que quarante années de consommation. Wolf estime de façon contradictoire que « substituer le gaz au charbon ou au pétrole est souhaitable du point de vue des émissions de gaz à effet de serre ». Mais il souligne en même temps que le gaz émet un peu plus de la moitié du gaz carbonique émis par le charbon et 70 % de celui émis par le pétrole. Ce n’est pas rien, d’autant plus si nous utilisons le gaz en grandes quantités. L’impact sur l’environnement de la « fracturation hydraulique » (injection d’eau et de produits chimiques) est important. Si Wolf déclare qu’à ce jour « aucune preuve d’une contamination des nappes phréatiques n’a été établie », il envisage cependant un « pacte faustien » avec le gaz de schiste : avantages à court terme, graves inconvénients à long terme. Wolf conclut : « Hâtons-nous lentement. »

Les éditorialistes du MONDE n’ont pas cette retenue, ils croient que « le pire n’est jamais certain ». Comme d’habitude, la défense de l’environnement passe après la défense de l’emploi, même dans un journal « de référence ». La question se pose : peut-on encore avoir confiance en la ligne directrice du MONDE ? J’en doute, d’autant plus que les commentaires critiques sur les éditos du MONDE sont systématiquement censurés…

* LE MONDE du 29 février 2012, Le pétrole flambe, le gaz de schiste attend

** LE MONDE économie du 28 février 2012, L’âge d’or du gaz

10 réflexions sur “LE MONDE, les gaz de schiste et la fuite en avant”

  1. C’est étrange comme cette question réveille les slogans les plus définitifs : « futur d’épouvante », « panique sociale »… au point qu’un éditorial devient « scandaleux » simplement parce qu’il expose un point de vue différent de ces affirmations souvent excessives.
    Moi, je n’ai qu’une chose à dire : qu’on interdise l’exploitation à grande échelle de quelque chose dont on ne maîtrise pas les conséquences, je suis tout à fait d’accord et les grands accidents industriels sont là pour nous le rappeler. MAIS qu’on interdise les expérimentations et les simulations, c’est une dictature grave et dangereuse. M. Barthès a raison au moins sur un point : ce n’est pas en râlant sur la hausse des prix du pétrole qu’on trouvera des solutions. C’est en innovant, DONC en essayant des choses nouvelles. Non ?

    1. Bonjour Kryz
      L’exploitation à grande échelles des gaz et du pétrole de schiste est déjà une réalité aux USA. Qu’un éditorial du MONDE incite à faire de même en France va bien au-delà d’une « expérimentation ».

      De toute façon le problème reste posé : après avoir exploité les dernières traces de gaz ou de pétrole, que deviendront les populations soumises à un sevrage brutal en énergie fossile ?
      Ne nous lançons pas des « dictature » à la figure, nous avons mieux à faire ensemble !

  2. C’est étrange comme cette question réveille les slogans les plus définitifs : « futur d’épouvante », « panique sociale »… au point qu’un éditorial devient « scandaleux » simplement parce qu’il expose un point de vue différent de ces affirmations souvent excessives.
    Moi, je n’ai qu’une chose à dire : qu’on interdise l’exploitation à grande échelle de quelque chose dont on ne maîtrise pas les conséquences, je suis tout à fait d’accord et les grands accidents industriels sont là pour nous le rappeler. MAIS qu’on interdise les expérimentations et les simulations, c’est une dictature grave et dangereuse. M. Barthès a raison au moins sur un point : ce n’est pas en râlant sur la hausse des prix du pétrole qu’on trouvera des solutions. C’est en innovant, DONC en essayant des choses nouvelles. Non ?

    1. Bonjour Kryz
      L’exploitation à grande échelles des gaz et du pétrole de schiste est déjà une réalité aux USA. Qu’un éditorial du MONDE incite à faire de même en France va bien au-delà d’une « expérimentation ».

      De toute façon le problème reste posé : après avoir exploité les dernières traces de gaz ou de pétrole, que deviendront les populations soumises à un sevrage brutal en énergie fossile ?
      Ne nous lançons pas des « dictature » à la figure, nous avons mieux à faire ensemble !

  3. Parce que Didier Barthès a une connaissance fondamentale du problème, lui ? Pour qui se prend-il ?

    Remarque des modérateurs @ IP 92.153
    Prière de ne pas formuler de remarques qui n’apportent absolument rien au débat de fond

  4. Parce que Didier Barthès a une connaissance fondamentale du problème, lui ? Pour qui se prend-il ?

    Remarque des modérateurs @ IP 92.153
    Prière de ne pas formuler de remarques qui n’apportent absolument rien au débat de fond

  5. Je ne me fais guère d’illusions. Quand le monde sera réellement en manque de pétrole (disons dans 20-30 ans) et plus généralement en manque d’énergie, alors les réticences à l’exploitation des gaz de schistes ne pèseront pas bien lourd face à la demande générale et à notre insatiable appétit. Globalement l’humanité est prête à tout sacrifier pour ce besoin, elle ne renoncera à l’énergie que contrainte et forcée, quand il n’y en aura plus. Toute notre société, tous ses équilibres sont basés sur une énergie abondante et toujours disponible, même notre système de protection sociale (retraites, soins…) dépend de cela. Nous n’en avons pas assez conscience et le réveil sera brutal. Quand j’entends les gens râler quand l’essence augmente de quelques centimes je mesure avec tristesse la méconnaissance fondamentale du problème.

  6. Je ne me fais guère d’illusions. Quand le monde sera réellement en manque de pétrole (disons dans 20-30 ans) et plus généralement en manque d’énergie, alors les réticences à l’exploitation des gaz de schistes ne pèseront pas bien lourd face à la demande générale et à notre insatiable appétit. Globalement l’humanité est prête à tout sacrifier pour ce besoin, elle ne renoncera à l’énergie que contrainte et forcée, quand il n’y en aura plus. Toute notre société, tous ses équilibres sont basés sur une énergie abondante et toujours disponible, même notre système de protection sociale (retraites, soins…) dépend de cela. Nous n’en avons pas assez conscience et le réveil sera brutal. Quand j’entends les gens râler quand l’essence augmente de quelques centimes je mesure avec tristesse la méconnaissance fondamentale du problème.

  7. L’edotorial du monde à propos du gaz de schiste est particulièrement scandaleux. Il faut écrire à la direction.
    Cordialement
    Moret.O

  8. L’edotorial du monde à propos du gaz de schiste est particulièrement scandaleux. Il faut écrire à la direction.
    Cordialement
    Moret.O

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