Quelques éléments clés du livre* « Nucléaire, danger immédiat » :
– Le nucléaire civil est la fille du nucléaire militaire. La France s’est lancé dans l’opération qui sépare l’uranium des radionucléides comme le plutonium. Il fallait trouver dans les années 1950 un moyen de fabriquer du plutonium qui n’existe pas à l’état naturel ; c’est un produit de l’irradiation de l’uranium. En 1953, pour rendre le nucléaire acceptable par la population, le général Eisenhower résume en une phrase : « Atom for peace ». Les applications du nucléaire sont bonnes pour tout le monde…
– En 1973 le gouvernement Messmer définit le grand plan d’équipement en centrales nucléaires civiles. Début décembre 1973, le secrétaire général à l’énergie téléphone à Marcel Boiteux (patron d’EDF de 1967 à 1987) : « Il est neuf heures du matin, j’ai besoin de savoir avant midi quel est le nombre maximum de tranches nucléaires qu’EDF s’estime capable d’engager chaque année. » A midi Marcel Boiteux rappelait Couture et bluffait : « pas plus de six ou 7 tranches par an… quatre sans doute ». Les 51 réacteurs sous licence Westinghouse ont été construits en treize ans, de 1971 à 1984. La France prenait des décisions structurantes sans se préoccuper ni de leurs coûts, ni de leur utilité économique. Le parc nucléaire s’est trouvé surdimensionné dès l’origine. Le raisonnement était simpliste, on croyait que la consommation d’électricité allait doubler tous les dix ans ! Pour justifier l’obésité atomique, la solution fut de développer le chauffage électrique de manière massive.
– Le choix des sites des centrales n’a pas été réalisé en fonction de l’analyse des risques potentiels, mais en fonction des facilités d’expropriation.
– Fessenheim a fêté ses quarante ans en 2018. D’ici 2028, 48 réacteurs sur 58 atteindront la limite des quarante ans d’exploitation, limite déterminée par Framatome (devenue Areva) lors de la fabrication des éléments essentiels.
– Dix cuves (510 tonnes, 11 m de hauteur) de nos centrales sont fragilisées par des fissures et 3 atteignent déjà les limites de sûreté. L’accident devient probable.
– L’ASN étudie la question de la prolongation au-delà de quarante ans : elle ne cesse de repousser la décision, attendue maintenant pour 2021.
– Quelques accidents nucléaires graves : en 1979, Three Mile Island aux États-Unis : en 1986, Tchernobyl en URSS ; en 2011, Fukushima au Japon. La centrale française de Saint-Laurent-des Eaux a déjà connu un incident inquiétant en 1980, il faudra trois ans pour remettre le réacteur en état. En décembre 1999, la centrale du Blayais a échappé de peu à un accident nucléaire majeur lors d’une tempête cyclonique qui avait commencé à noyer les installations.
– La radioactivité étant inodore et invisible, il est facile pour les pronucléaires d’exposer faussement qu’il n’y a aucun risque pour la santé. Entre le moment où vous êtes exposés à la radioactivité et le moment où vous pouvez développer un cancer, il peut se passer plus d’une dizaine d’années. D’ailleurs Tchernobyl n’a pas fait de victimes directes. Mais parmi les liquidateurs il y a eu une cinquantaine de morts dans les jours qui ont suivi.
– Lors de son entrée sur le marché en 2005 , le cours de l’action EDF était de 32 euros. En novembre 2017, il est tombé à 10 euros.
– Fin 2014, le groupe AREVA est contraint d’appeler l’État à l’aide. Sa perte nette atteint plus de 4 milliards pour un chiffre d’affaires de 8,3 milliards. Sa dette financière s’élève déjà à 6,8 milliards. Une entreprise privée aurait alors déposé le bilan.
– C’est à partir de 2008 qu’EDF est obligé de s’endetter en permanence pour payer ses factures. Fin juin 2017, l’endettement financier d’EDF s’élevait à 61 milliards d’euros. L’État aide cette entreprise au moment même où le gouvernement coupait dans les dépenses publiques pour respecter le fameux 3 % maximum de déficit budgétaire.
– Pour concrétiser la filière à dite à neutron rapide qui peut utiliser du plutonium, on construit le surgénérateur Superphénix à la fin des années 1970. Cette technologie n’a jamais été maîtrisée en France et on a frôlé la catastrophe en 1986 ; plusieurs tonnes de sodium, produit extrêmement inflammable, se sont renversées dans le bâtiment. Creys-Malville a été définitivement fermé en 1998, il est toujours en cours de démantèlement.
– Le contrat signé avec l’électricien finlandais TVO est léonin. Les délais de construction de l’EPR sont impossibles à tenir : alors que le contrat est signé en décembre 2003, il est prévu que le réacteur soit livré en 2009. Six ans, beaucoup trop court alors qu’il s’agit d’une tête de série. (ndlr : en 2018, la mise en service est repoussée à fin 2019)
– L’EPR en construction à Flamanville était annoncé pour 3,5 milliards lors du lancement du chantier en 2007, en 2018 la facture s’élevait déjà à 10,5 milliard.
– EDF n’a jamais montré de compétences particulières pour démanteler ses anciennes installation, ni pour gérer se propres déchets. Dasn le cas de Brennilis (une petite centrale de 70 MW), trente-deux ans après son arrêt le démantèlement du bâtiment réacteur reste un cauchemar. Pour les six réacteurs UNGG (uranium naturel graphite gaz), l’opération de démantèlement est reportée entre 2050 et 2100 ! Pour l’ensemble du parc REP (réacteur à eau pressurisée) français, le démantèlement pourrait atteindre une facture de 72,5 milliards.
– La facture du projet de site d’enfouissement en grande profondeur (Cigéo à Bure) est passé de 14 milliards d’euros en 2010 à 40 milliards en 2016 selon le calcul de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Ségolène Royal a fait chiffrer à seulement 24 milliards, il faut bien que le provisionnement de ce coût soit politiquement acceptable !
– L’entreprise EDF est si intrinsèquement pronucléaire que chacun au sein du groupe a intériorisé cette matrice organique comme allant de soi. Pour eux les énergies renouvelables ne sont que des « énergies intermittentes subventionnées ».
– Le 19 septembre 2017, lors d’un séminaire réservé à la presse au siège social d’EDF, Antoine Cahuzac, le patron d’EDF énergies nouvelles, mit en pièce la ligne pronucléaire de la maison : l’éolien et le photovoltaïque sont aussi compétitifs que le parc nucléaire en exploitation et bien moins chers que l’EPR.
– Pourquoi faut-il toujours que des projets d’installation d’énergies renouvelables soient attaqués par des particuliers ou des associations « anti » ?
* « Nucléaire, danger immédiat », un livre de Thierry Gadault et Hugues Demeude (Flammarion 2018, 21 euros)
En effet, Antoine Waechter s’est prononcé très clairement contre les éoliennes et en particulier les éoliennes terrestres et ce, à la fois pour des raisons écologiques et pour des raisons financières.
Voir l’article ci-dessous.
http://economiedurable.over-blog.com/2018/09/le-scandale-eolien.html
Comme d’habitude, il y a pratiquement une erreur ou approximation par phrase.
Voici quelques éléments, pour mettre en perspective:
– EDF est un des plus gros producteur d’énergie renouvelable au monde.
– Parmi les anti-éoliens, ils y a « Les Amis de la Terre », les journaux « Reporterre » et « l’Ecologiste », plein d’associations soit disant écolos et de gauche, d’ancien candidats écologistes à l’élection présidentielle (Waechter), .. Tous vendu à EDF?
– On peut – et on pouvait en 1957 – faire des bombes atomiques sans réacteurs nucléaires civils – par exemple avec des centrifugeuses ou par diffusion gazeuse. Et les réacteurs à eau légère ne sont pas de bon producteurs de Plutonium. C’est pour ça qu’il y a des réacteurs dédiés à ça, et qui ne produisent pas d’électricité.
– l’EPR Chinois marche très bien et a coûté le prix prévu.
– Le recyclage du plutonium permet de réduire à 10000 ans la durée où la radioactivité des déchets nucléaires retrouvent le niveau de la radioactivité naturelle. C’est à dire rien, d’un point de vue géologique. Aucun problème pour stocker ça en sous-sol.
– Le « surplus » de réacteurs en France nous permet d’avoir une des électricités la moins carbonée d’Europe, et, ces dernières semaines, de fournir de l’énergie décarbonnée au reste de l’Europe (car il y avait peu de soleil et de vent). Nul doute que les auteurs (et biosphere?) aurait préféré que les Allemands utilisent leur centrales au gaz russe et au charbon.
– Les énergie renouvelables ont coûté à ce jours en France 150 Milliards, pour 6% de l’élec, et sans trop s’occuper de l’intermittence. Bien plus cher que le nucléaire…
– Plein de fournisseurs d’énergie ont fait bien pire qu’EDF en bourse. ex: Enron..
– On parie que, dans 20 ans, on achètera la technologies à surgénération des chinois, des russes ou des américains?
Et comme d’habitude aussi, pas un mot sur le climat.
J’attends avec impatience « climat, danger immédiat » avec en photo une centrale au charbon ou un terminal méthanier.