Les politiciens envisagent le réchauffement climatique mais pas du tout la déplétion pétrolière et donc la crise économique et sociale qui suivra le pic pétrolier.
A. le silence des politiques
Le premier choc pétrolier (suite au quadruplement des prix du baril en 1973) avait inspiré la campagne de René Dumont, candidat aux présidentielles de 1974. Les analyses du mouvement écologiste naissant restent d’actualité : « En surexploitant les combustibles fossiles, on vole les ressources des générations futures. » ; « Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV, nous luttons contre la voiture individuelle… »
De même en avril 1977, le président Carter s’adressait à la nation grâce à la télévision: « Ce que je vous demande est l’équivalent d’une guerre. Il s’agit bel et bien de préparer un monde différent pour nos enfants et nos petits-enfants. » Il propose d’économiser l’énergie. Mais sa cote de popularité est divisée par 2 (de 70 à 35 au début de 1978).
Ensuite le contre-choc pétrolier (la baisse du prix du baril) à partir de 1986 éloigne la problématique pétrolière des esprits. Les groupes d’étude du Grenelle sont restés muets sur cette question. Certes, un groupe a planché sur le thème « lutter contre le changement climatique et maîtriser la demande en énergie ». Mais dans le rapport publié, les économies d’énergie ne sont pas considérées comme une nécessité, simplement comme une solution pour réduire les émissions de dioxyde de carbone. Dans le groupe 2, sur le thème « Préserver la biodiversité et les ressources naturelles », pas de discussion ! A croire que le pétrole n’est pas une ressource naturelle.
B. l’annonce d’une catastrophe par les analystes
Dès 1979, un ingénieur de l’industrie automobile, Jean Albert Grégoire, publie Vivre sans pétrole. Pour lui, « Apercevoir la fin des ressources pétrolières, admettre son caractère inéluctable et définitif, provoquera une crise irrémédiable que j’appellerai crise ultime. » Il faut ensuite attendre 2003 pour que l’après-pétrole soit à nouveau analysé par Richard Heinberg dans Pétrole, la fête est finie. Un autre Américain, JH Kunstler, parle même en 2005 de la « Longue Catastrophe » qui accompagnera la déplétion pétrolière. La même année en France Yves Cochet est encore plus incisif, il envisage la pétrole apocalypse.
L’idée générale de tous ces auteurs est la même : plus nous attendrons, plus le choc sera terrible. Maintenant des rapports militaires, ceux de la Bundeswehr ou du Pentagone, se préoccupent vraiment de l’insécurité qui suivra le pic pétrolier (voir le blog De Matthieu Auzanneau). Les citoyens commencent à s’inquiéter, que font les politiques alors que la descente énergétique est imparable ?
C. l’entrée du pétrole en politique
Un colloque « Pic pétrolier, quelles conséquences politiques pour 2012 » a eu lieu le 25 janvier 2011 à l’Assemblée nationale, dans la salle du groupe parlementaire socialiste. Ce jour-là, le pétrole est vraiment entré en politique : deux députés à la tribune, 7 ou 8 présents dans la salle. Plus de 200 personnes très intéressées, on ne pouvait pas plus, salle comble. Grâce à ce colloque qui était organisé par le pôle écologique du Parti socialiste, on ne pourra plus dire que les politiques étaient complètement indifférents à la problématique pétrolière. Maintenant la suite nous dira si les avertissements des intervenants du colloque, Bernard Durand, Jean-Marc Jancovici, Yves Cochet… ont été entendus !
@ Saharayana, la différence fondamentale entre le catastrophiste et l’optimiste c’est le degré de connaissance et de conscience du problème dans son ensemble.
L’énergie est un très gros problème, à côté de ça il n’y a plus rien qui soit capable de fonctionner encore jusqu’en 2050. Il suffit de regarder les études du Club de Rome pour le comprendre.
– L’agriculture est dans une profonde impasse et vouée à s’effondrer, c’est en soi un facteur limitant.
– Les ressources en eau potable ont passé leur pic dans plusieurs pays, c’est en soi un facteur limitant.
– Il n’y a aucune alternative aussi peu chère que le pétrole, c’est en soi un facteur destructeur du modèle économique actuel.
– Il n’y aucune prise de compte du changement climatique dans les projets continuistes, c’est en soi un facteur limitant.
– Le système financier ne fonctionne plus sans croissance et entraine tout avec lui, c’est en soi un facteur limitant.
– Les pollutions libérés dans l’atmosphère, dans les eaux, les aliments n’ont pas encore trop fortement rétro-agis sur la santé humaine mais ça vient, c’est en soi un facteur limitant.
– On n’a jamais eu à se partager à gateau perpétuellement décroissant (hydrocarbures) entre tous les Pays du monde quand tous cherchent à croitre, c’est en soit un facteur limitant.
– Lorsqu’il y a tension sur l’offre/demande des ressources il n’y a plus de stabilité économique, c’est en soi un facteur limitant.
– Les ressources en minerais passent et vont passer progressivement leurs pics, c’est en soi un facteur limitant
– Les pétroles non conventionnels sont contraints non pas par les réserves mais par les capacités de production, c’est en soi un facteur limitant.
– Une augmentation structurelle du prix de l’énergie et sa raréfaction remet en cause des infrastructure prenant des décennies à être adaptés/changées, c’est en soi un facteur limitant.
– Les populations ont intégré jusqu’à leur inconscient le principe de croissance et de consommation comme vecteur de bonheur et de bien-être, c’est en soi un facteur limitant.
(…) la liste est longue
Il faut — je pense — replacer le déplétion des ressources pétrolières et sa totale non anticipation dans le contexte général pour en comprendre les conséquences « catastrophiques ».
On peut facilement prevoir que les ocidentaux prefereront se suicider collectivement plutot que de se remettre a un peu d’exercice physique.
On va tous creveeeeeeer !
Le pic pétrolier sur Internet :
http://petrole.blog.lemonde.fr/, le site de Matthieu Auzanneau
http://www.manicore.com, le site de Jean-Marc Jancovici
http://www.avenir-sans-petrole.org/, le site de Benoît Thévard
http://www.academie-technologies.fr/, avec Pierre-René Bauquis
http://aspofrance.org/,
ASPO, association pour l’étude du pic de production de pétrole et de gaz naturel
http://www.peakoil.net/, ASPO international
http://www.iea.org/, AIE = Agence internationale de l’énergie (site en anglais)
http://www.postcarbon.org/, en anglais
http://www.odac-info.org/, the Oil Depletion Analysis Center
Le mot est lâché : réalisme et RÉALITÉ !
Bienvenue dans la réalité, pour les retardataires éventuels on prévoit un pot d’accueil dès les premiers impacts de la hausse durable du barril sur l’économie.
Bonjour Saharayana
Le plateau du pétrole conventionnel a commencé en 2006. Il suffirait que les membres de l’OPEP commencent à considérer que le pétrole doit être gardé sous la terre pour bénéficier à leurs générations futures pour que la chute des exportations de pétrole soit brutale et durable.
Notre système thermo-industriel est résilient, capable d’absorber des chocs temporaires grâce à sa complexité. Mais pour un choc pétrolier qui va devenir structurel, la complexité se transforme en faiblesse à cause des effets en chaîne. Rappelons que la croissance repose selon l’analyse keynésienne sur l’effet multiplicateur de la consommation et accélérateur de l’investissement. Le problème, c’est que cette amplification de la hausse jouera aussi à la baisse, amplifiant la récession qui deviendra dépression.
Le sens de la catastrophe n’est pas du catastrophisme, mais du réalisme.
A l’echelle de la production c’est plus un plateau (jusqu’en 2020) suivi d’une lente decrue de l’odre de 1% par ans qu’un « pic ». Certes c’est un probleme a gere mais ca n’est pas une apocalypse. En 1979 la production mondiale de petrole a chutee brutalement de 20% suite a l’envolee des prix, le monde ne s’est pas arrete pour autant. Les catastrofistes ignorent la capacite du systeme a s’adapter, aux alternatives de se developper. Les alternatives existent, gaz naturel, voiture electrique, biocarburants de 3eme generation, petroles lourds, societe moins dependante de la voiture (quel bonheur), voitures plus efficaces, velo pour les courts trajet avec une meilleure sante en prime. Les gains d’efficacite sur les avions vises a 30 ans sont de 50 a 70%. Peut etre que la transition se paiere par un ralentissement economique comme dans les annees 70, mais c’est pas la fin du monde.
bibliographie
1979 Vivre sans pétrole de J.A. GREGOIRE (Flammarion)
2003 Pétrole, la fête est finie de Richard Heinberg (Résistances, 2008)
2005 La fin du pétrole (le vrai défi du XXIe siècle) de JH Kunstler (Plon, titre orignal the Long Emergency)
2005 Pétrole apocalypse d’Yves COCHET (Fayard)
2009 La crise pétrolière (analyse des mesures d’urgence) de Bernard Durand (EDP Sciences)