Le PS peut-il devenir un vrai parti social-écologiste ?

Jean-Christophe Cambadélis a été élu jeudi 28 mai premier secrétaire du Parti socialiste. Cela ne changera rien sur le devenir de ce parti qui est devenu anti-écolo. Les quatre motions en lice en vue du congrès du PS, c’était quelque 160 pages de verbiage qui résumaient ce que les socialistes ont à dire aux Français : rien et langue de bois. « Valeurs durables du socialisme, égalité, laïcité, internationalisme, féminisme, progrès social et écologique, nouvelle social-démocratie. » Que de termes qui paraissent plein de sens mais que chacun pourra interpréter à sa façon. La vulgate croissanciste reste omniprésente. Il faudrait « soutenir les relais de croissance en France »* et l’investissement privé comme public. Une nouveauté cependant, l’ensemble des textes s’accordent à s’inscrire dans l’éco-socialisme (ou social-écologie), « synthèse entre la social-démocratie et l’écologie politique » (motion A). Il est vrai qu’il s’agit toujours d’opportunisme politique, les quatre motions plaident pour renouer les liens avec les partenaires de gauche et en premier lieu les écologistes…. en prévision des prochaines élections. Mais les moyens d’y parvenir ne sont pas les mêmes. Selon les motions B, C et D, le rapprochement doit passer par une primaire ouverte pour la candidature à la présidentielle de 2017. La motion A de M. Cambadélis, Valls et Hollande n’aborde pas la question : on espère une primaire avec candidat unique !

De toute façon nous ne croyons pas du tout à un réel tournant du PS vers l’écologisme. Le passé renforce nos craintes. Le Parti Socialiste n’a jamais été écolo. C’est un parti productiviste dont les fondamentaux économiques ressemblent à ceux de la droite : volonté de croissance du PIB, souci de compétitivité internationale, mépris des contraintes écologiques. Le pôle écologique du PS avait présenté une motion d’orientation politique lors du Congrès de Reims (novembre 2008) « pour un parti socialiste résolument écologique ». Il a obtenu un score ultra-minoritaire (1,59 % des voix) et complètement disparu depuis. C’était la croissance qui était déjà dans toutes les têtes au Congrès de Reims. La motion de Delanoë proposait la « Promotion d’un nouveau modèle de développement qui articule croissance, justice sociale et écologie ». La motion de Martine Aubry affirmait avec force que « la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu ». Comme si la croissance était compatible avec les équilibres des écosystèmes ! On ne veut pas traiter sérieusement les questions qui fâchent.  On connaît le sort donné dès le début de la présidentielle Hollande à Nicole Bricq : ministre socialiste de l’écologie, elle est débarquée à peine nommée (elle voulait modérer en Guyane les ardeurs extractivistes). Il en a été de même pour Delphine Batho, jetée parce qu’elle exigeait un budget normal pour l’écologie.

Au Congrès de Lille en 1987, le PS estimait déjà : « Nous ne voulons pas limiter la croissance économique parce qu’elle serait nuisible » Le socialiste est un intellectuel qui ne pense pas. Le dossier du Monde (15 novembre 2008) fait une bonne synthèse : « Un PS gazeux, sans armature idéologique forte, ni base sociale marquée, ni socle militant puissant (…) Faute d’un affrontement sur les idées, on assiste à un affrontement hystérique sur les personnes (…) Un PS en panne d’idées parce qu’il est en panne d’une compréhension du monde. » Le diagnostic reste toujours valable en 2015.

* LE MONDE du 14 avril 2015, L’économie, ligne de fracture du congrès du Parti socialiste

1 réflexion sur “Le PS peut-il devenir un vrai parti social-écologiste ?”

  1. Si nous ne stoppons pas la multiplication anarchique et la goinfrerie capitalisto-libérale, les droits de l’Homme deviendrons des souvenirs.
    Pour cela il faut déjà enrayer la connerie dont la religion fait largement partie, mais il ne faut pas oublier le scientisme et le developpementisme qui sont aussi nocifs…
    Malgré ce discours optimiste, à titre personnel, ayant poussé ma pensée au maximum, je pense que le sort de l’humanité est scellé puisqu’il est déterminé par des phénomènes inscrits dans les lois de l’Univers. Ayant cela en tête, j’essaie de vivre « au mieux ».
    Bien à vous

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