Nous avons reçu cette lettre ouverte d’Hervé Kempf qui demande notre soutien :
« Le 2 septembre 2013, quinze ans et un jour après y être entré, je quittais Le Monde. Cela faisait des mois que j’étais englué dans des négociations avec la direction du journal : on voulait m’empêcher de continuer à raconter ce qui se passait à Notre-Dame-des-Landes. Au terme de cette histoire, il ne me restait qu’une issue si je voulais conserver ma liberté (sans laquelle le journalisme n’a pas de sens) : abandonner le confort du salaire assuré et des moyens de travail financés.
Déterminé, je me suis lancé dans l’aventure du site Reporterre. Plus que jamais, une information indépendante me semblait nécessaire pour rendre compte du phénomène le plus crucial de l’époque : le désastre écologique. À quelques-uns d’abord, jusqu’à la rédaction grandissante d’aujourd’hui, nous avons développé ce lieu indispensable, ce « quotidien de l’écologie ».
Oui, nos moyens sont faibles face à la puissance financière des milliardaires qui contrôlent les médias. Mais nous avons ce que l’argent ne peut pas acheter : la conviction, l’enthousiasme, la liberté. Et surtout, nous vous avons, vous. Comme plus de 2 millions de lectrices et lecteurs chaque mois, vous avez choisi Reporterre pour vous informer. Et comme 30 315 personnes, vous avez soutenu Reporterre financièrement au premier semestre 2024.
Grâce à vous, nous avons lancé notre campagne de financement pour la 11ᵉ année consécutive.
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Précisions de notre blog biosphere
Depuis longtemps nous soutenons par nos écrits sur notre blog l’entreprise d’Hervé Kempf au service de l’écologie. Voici quelques exemples :
1er septembre 2013. Ecologie : Hervé Kempf quitte LE MONDE, tristesse
extraits : Triste dimanche. Une des raisons principales de lire le quotidien productiviste social-démocrate du soir disparaît. 7 ans. C’est le nombre d’années passées par Hervé Kempf au Monde ; le journaliste – spécialiste des questions écologiques – s’en va. S’il quitte Le Monde, ce n’est pas par envie, mais bel et bien pour cause de divergence avec la direction du journal sur différents dossiers et notamment sur le traitement de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes (NDDL).Les choses se gâtent quand justement François Hollande est élu et quand Jean-Marc Ayrault (qui a été l’initiateur du projet NDDL en tant que maire de Nantes) est nommé Premier ministre. Mi-novembre 2012, lors de la grande manifestation, Kempf demande à partir en reportage. Refus du chef de service… C’est alors que commence une longue série de sujets et reportages refusés pour Kempf, qui amène aujourd’hui à son départ.
2 septembre 2013. Hervé Kempf estime qu’il a été censuré par LE MONDE
extraits : Le directeur adjoint de la rédaction, Didier Pourquery me dit que, par ma chronique, mes livres, j’étais “trop marqué » et que je ne pouvais pas couvrir le sujet (…) Dans le contexte actuel, le terme de chroniqueur ’engagé’ me paraît injurieux – à moins que l’on parle des ’éditorialistes engagés’ quand trois éditoriaux avalisent le Traité TSCG, ou de ’chroniqueur engagé’ à propos de notre camarade assurant la chronique Europe, aux vues très tranchées… Hervé Kempf : « Ce 2 septembre, quinze ans et un jour après y être entré, je quitte Le Monde. Abandonner le journal fondé par Hubert Beuve-Méry et vendu en 2010 (prise de contrôle du Monde par MM. Bergé, Niel et Pigasse) est une libération….
La raison qui m’y pousse : la censure mise en œuvre par sa direction, qui m’a empêché de poursuivre dans ce journal enquêtes et reportages sur le dossier de Notre Dame des Landes.
4 septembre 2013. Liberté de la presse et écologie, le cas Hervé Kempf
extraits : La logique commerciale, la crise de endettement et la vulgate croissanciste ont étouffé le militantisme écolo ; rares sont les journalistes qui peuvent encore s’exprimer librement. Hervé Kempf était un de ceux-là. Censuré par LE MONDE, il a été acculé à démissionner le lundi 2 septembre. Il a été empêché de poursuivre enquêtes et reportages sur le dossier de Notre Dame des Landes, il s’est fait traité de « chroniqueur engagé » par un directeur de la rédaction, etc. Le directeur du journal (par intérim) n’hésite pas à lui écrire : « Ce ne sont pas tes compétences qui sont en question, mais un problème d’image : nous tenons à ce que l’approche du journal reste aussi impavide que possible, tout particulièrement dans les pages Planète ».
un article antérieur, significatif
3 avril 2008. match Le Boucher/Kempf
extraits : Le supplément développement durable (Le Monde du 3.04.2008) nous permet de comparer l’argumentaire d’Eric Le Boucher et d’Hervé Kempf.
Eric pense en page II que « l’écologie n’est pas une contrainte négative qui force à ralentir la croissance et à consommer moins, mais une chance positive de trouver des innovations qui dynamisent la croissance ». Hervé dit en page III que « la croissance a beau être invoquée tous les jours comme le reflet de la santé économique du pays, elle n’en est pas moins contestée par nombre d’économistes et de politiques ». Qui raisonne juste ?
Eric est clair, il se retranche derrière les milieux économiques pour qui l’écologie peut être une source fabuleuse de profits. Il défend le libéralisme et la croissance parce qu’il défend le capitalisme et ses privilégiés. Les biens autrefois libres car offerts gratuitement, l’air, l’eau, la température, les bienfaits de la planète devront être dorénavant payés puisque telle est la loi du marché qui a provoqué la rareté actuelle. Hervé démontre que la mesure de la croissance par le PIB est un leurre. Le produit intérieur brut n’enregistre pas le coût de la dégradation de l’environnement, il n’entraîne pas automatiquement une diminution du chômage, il ne se traduit pas par une élévation du bonheur. Dans un autre article du même supplément, Hervé nous indique que la meilleure mesure écologique consiste à réduire les inégalités.
Nous pouvons déduire de cette comparaison qu’Eric est un conservateur au service du capital, Hervé un progressiste au service d’une humanité réconciliée avec la Biosphère. Le long terme donnera raison à Hervé, il est préférable pour l’avenir des générations futures qu’Eric change d’avis le plus rapidement possible.
– « Comment peut-on se dire écologiste et se montrer aussi sourd à l’essentiel ? » (D. Barthès)
Hors mis le fait qu’ «écologiste» ne veut finalement plus rien dire (vu que, paradoxalement, aujourd’hui tout le monde s’en revendique, même les plus pourris), je refuserais toujours cette idée simpliste selon laquelle SEULS les malthusiens (et autres déna/anti-natalistes) peuvent être de VRAIS écolos.
– « Ce qui veut dire, c’est compliqué, donc on n’en parle pas ! » (Biosphère)
Ce qui n’est que l’interprétation que fait Biosphère de cette phrase de Reporterre.
Reporterre parle d’une « question particulièrement sensible pour la sphère politique. »
Force est de constater, et pas seulement dans la sphère politique, que cette question n’est pas des plus faciles, ne serait-ce déjà qu’à… aborder. Du moins avec n’importe qui. Comme pour tout, et n’importe quoi, entre soi c’est toujours plus facile. (à suivre)
(suite) Bref, c’est difficile, compliqué, et même dangereux… d’aborder cette question… particulièrement sensible. Mais cela veut-il dire que le sujet est tabou ? (et donc on n’en parle pas !) Mais si ON en parle, la Preuve ! Seulement il faut voir comment. De toute façon aborder la question est une chose, la traiter en est une autre, et là j’vous dis pas !
Ou plutôt si. En parler… mais pour en dire quoi ? Qui n’ait été dit et redit cent mille fois.
Et surtout pour quoi, pour quel résultat ? De bon bien sûr. D’abord Le Débat y’en a pas ! Quoi qu’ON dise… en face ça n’ira toujours pas. Comme là avec Reporterre, Didier Barthès, Biosphère et moi. Pour évoquer le danger, en plus de la difficulté, certains parlent d’un terrain miné. Force est de constater que parler de cette question (seulement parler) ne mène à rien de bon. Comme là avec Didier Barthès qui ferait presque brûler Reporterre. Quant à moi n’en parlons pas !
Notre blog est relié à un site de documentation des écologistes,
Pour tout savoir sur le livre d’Angus et Butler, un livre profondément anti-malthusien :
https://biosphere.ouvaton.org/bibliotheque-2014-et/3030-2014-une-planete-trop-peuplee-le-mythe-populationniste-l-immigration-et-la-crise-ecologique
– « Comment peut-on se dire écologiste et se montrer aussi sourd à l’essentiel ? […]
Oh ils ne disent pas seulement que c’est trop compliqué pour en parler. Dans tout l’article ils minimisent la question démographique pour tout mettre sur le compte du mode de vie, [etc.] » (Didier Barthès)
Comment peut-on se dire sérieux, honnête etc. et écrire ça ?
Cet article de Jean-Pierre Tuquoi (Reporterre) titré « La démographie n’est pas responsable de la crise écologique » (avec des guillemets) commente le livre de Ian Angus et Simon Butler (Too many people). Dès le début J-P Tuquoi juge ce livre « fort et argumenté ». Seulement c’est ce que je disais précédemment : « Quoi qu’ON dise… en face ça n’ira toujours pas. » (à suivre)
(suite et fin ) Ces arguments ne conviennent donc pas à Monsieur Barthès. Et ce pour la seule et unique raison que Ian Angus et Simon Butler ne voient pas l’«essentiel» au même endroit que lui. Et idem du côté de Reporterre, probablement. Comme moi, et j’en passe, ce fameux «essentiel» ils ne le voient donc pas dans le Surnombre, OK.
Mais pas plus dans le mode de vie (chapitre : Ne pas se tromper d’adversaire).
S’ils mettent tout sur le compte de quelque chose, c’est clairement et indéniablement sur le système capitaliste. Seulement Monsieur Barthès ne brille pas spécialement dans la critique du Système, et encore moins du Capitalisme.
Dans ces conditions là… alors à quoi bon en parler ?
Ce que Reporterre écrit sur la démographie montre leur complète incompréhension du problème.
Quand il n’y aura plus un seul mètre carré de libre sur la planète pour autre chose que pour les hommes, les journalistes de Reporterre auront-ils le sentiment d’avoir œuvré pour la protection de notre monde ?
Comment peut-on se dire écologiste et se montrer aussi sourd à l’essentiel ? Ce journal se montre d’un rare conformisme, digne de ce qu’il dénonce parfois.
Voir cet article publié par Reporterre
https://reporterre.net/La-demographie-n-est-pas
Le 3 mars 2014, Reporterre titre « Trop nombreux sur Terre ? » Il nomme deux livres, celui d’Alan Weisman, « Compte à rebours, jusqu’où pourrons-nous être trop nombreux sur Terre ? », et un ouvrage collectif coordonné par Michel Sourrouille « Moins nombreux, plus heureux. L’urgence écologique de repenser la démographie ».
Mais au lieu de faire une recension des ouvrages, il propose son propre éclairage sur la question démographique pour conclure : « Absente de l’agenda médiatique, la question de la surpopulation et de son lien de causalité avec la crise écologique est une question particulièrement sensible pour la sphère politique. »
Ce qui veut dire, c’est compliqué, donc on n’en parle pas !
Oh ils ne disent pas seulement que c’est trop compliqué pour en parler. Dans tout l’article ils minimisent la question démographique pour tout mettre sur le compte du mode de vie, pas un mot sur la défense du monde sauvage, sur la place laissée aux animaux, c’est vraiment désespérant.
D’ailleurs ce n’est pas trop compliqué, sur un monde fini il y a une quantité finie de place pour le vivant, c’est une tautologie, mais ils ferment les yeux. En ce sens ils sont dans la droite ligne des économistes conformistes qu’ils prétendent dénoncer par ailleurs. C’est un peu comme le journal de la décroissance.