Le tabou démographique face au choc climatique

Le journaliste Jean-Michel Bezat est un « spécialiste » du pétrole qui se contente de commenter au jour le jour l’état du marché, c’est-à-dire le jeu de l’offre et de la demande. Aucune perspective à long terme, aucune mention des dangereux rapports entre pétrole et réchauffement climatique. Il est un adepte du court-termisme. Alors, quand il s’aventure sur la question malthusienne, on parcourt son article* avec attention. On n’est pas déçu. En minimisant le péril démographique et en maximisant le climato-scepticisme de Sarkozy, Bezat empêche toute réflexion. Il est vrai que le candidat à la primaire très à droite brouille lui aussi les cartes : « La première cause de dégradation de l’environnement, c’est le nombre d’habitants sur la planète. » Il est absurde de donner un classement aux périls qui nous guettent, la démographie est toujours un multiplicateur des menaces. Si un Européen de l’Ouest émet 13 tonnes de CO2 par an et un Chinois 6 tonnes, il n’empêche qu’en multipliant cela par les populations respectives, la Chine émet globalement autant que l’Europe ! Même si l’Africain émet actuellement peu de CO2, soit 1,9 tonne, quel est le potentiel de réchauffement climatique quand ce continent comptera 4 milliards d’habitants en 2100 ?

Encore une fois nous constatons que la démographie reste un tabou pour les journalistes comme pour la plupart des politiques. Il est donc étonnant d’entendre Sarkozy insister sur « choc démographique dont l’homme est directement responsable » « Et personne n’en parle ! » Ce populiste s’appuie pour une fois sur des conséquences concrètes : la poussée démographique entraîne un exode accru des populations et un afflux de réfugiés entraînant à son tour une dilution de l’identité et une recrudescence de l’insécurité. C’est déjà une réalité présente que Bezat veut ignorer. Pourtant le journaliste effleure quand même les question qui fâchent : comment maîtriser notre fécondité de façon acceptable ? Comment remettre en question notre niveau de vie qui, multiplié par notre nombre, nécessite beaucoup d’énergies fossiles ? George H. W. Bush père prévenait que « le mode de vie des Américains n’est pas négociable ». M. Sarkozy semble dire que celui des Français ne se négocie pas davantage. On ne peut scinder les problèmes, tout est lié, c’est une des leçons de base de l’écologie politique. Une leçon que devrait méditer journalistes et politiciens !

La meilleure façon d’aborder les interrelations globales est l’équation de Kaya que nous avons déjà développé plusieurs fois sur ce blog :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2016/09/17/etonnant-nicolas-sarkozy-serait-devenu-malthusien/

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/06/26/ges-linterdependance-entre-economie-et-demographie/

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/12/08/comprendre-lequation-de-kayaavec-un-blog-du-monde/

* LE MONDE du 19-17 octobre 2016, Climat : « Notre maison brûle » et M. Sarkozy…