Le vieillissement de la Chine n’est pas un drame

Entre 1950 et 1970, la population est passée de 540 millions à 800 millions. Insupportable ! Pékin prend ses premières mesures malthusiennes au début des années 1970, ce qui a permis d’éviter la naissance de 400 millions de Chinois. Avec la politique de l’enfant unique, la Chine atteindrait quand même un pic de 1,4 milliard d’habitants en 2023. En 2050, les Chinois devraient être 1,42 milliard, contre 1,27 milliard en 2150 si les limitations actuelles de fécondité perdurent. Enfin la descente démographique ! Mais les autorités chinoises s’inquiètent du vieillissement de la population, d’où la « politique des deux enfants » qui permettra de repousser (de six ans seulement) le pic de la population chinoise. Les plus de 65 ans, qui représentent aujourd’hui à peine plus de 10 % de la population, seront 18 % en 2030. Simon Leplâtre, le journaliste du MONDE* s’inquiète : « Une progression fulgurante. » Mais en France, le taux est aujourd’hui de 19 %, en Allemagne de 21 %, au Japon de 26 %. Alors, pourquoi s’inquiéter ?

La prise en charge des personnes âgées par un surplus de population mène à l’impasse. Augmenter le nombre de naissances pour « payer les retraites » par plus d’actifs (système balbutiant en Chine) ne ferait que reporter le problème de financement dans le temps puisque un jour ou l’autre ces personnes supplémentaires deviendront des retraités… encore plus nombreux. Encore faudrait-il aussi que les actifs ne deviennent pas chômeurs, donc personnes supplémentaires à charge. Or la croissance chinoise, à base de charbon et d’exportations, est extrêmement fragile, avec des conséquences déjà très négatives au niveau social et environnemental. Le chômage menace. Tout surplus de population multiplie les risques.

Autrefois, partout sur la planète, les personnes trop âgées pour occuper un emploi régulier restaient insérées dans l’économie domestique où les échanges familiaux l’emportaient sur les forces du marché. La coutume de la retraite socialement financée a été le résultat de l’ère de l’abondance. La fin de l’énergie abondante et bon marché signifie que de telles économies domestiques redeviendront nécessaires. La Chine n’a pas fait l’erreur d’une politique malthusienne de contrôle des naissances, elle fait l’erreur de promouvoir la croissance économique au prix de la destruction des communautés, de l’économie domestique et de l’environnement. Tout ce qui vient d’être dit pourrait aussi bien s’appliquer à la France.

* LE MONDE du 15 octobre 2016, Pourquoi la démographie chinoise ne se relèvera pas

1 réflexion sur “Le vieillissement de la Chine n’est pas un drame”

  1. Le vieillissement d’une population est au contraire un signe de bonne santé, ça veut dire que les gens vivent plus longtemps et que la stabilisation des effectifs, voire leur diminution se profilent.

    Tous ceux qui s’inquiètent du vieillissement font un étrange raisonnement quand ils proposent plus de jeunes pour y remédier. Ils oublient tout simplement que le temps s’écoule et que ces jeunes vieilliront à leur tour, que faudra t-il faire alors ? S’engager dans le cercle particulièrement vicieux d’une société qui ne doit son équilibre qu’à des générations toujours plus nombreuses ? Sur un monde de surface finie, cela va mal se terminer, car de gré ou de force la stabilisation sera nécessaire, il vaudrait mieux que ce soit de gré.

Les commentaires sont fermés.