L’écologie, le grand impensé du plan cancer !

Stéphane Foucart in L’écologie, le grand impensé du plan cancer ? « On parle de cancers « évitables », environ 40 % des cancers survenant en France, pour définir ceux qui sont liés à des facteurs de risque connus (tabac, alcool, sédentarité, alimentation, etc.). Les facteurs de risque les plus accessibles sont ceux liés au comportement ou aux conditions individuels. Mais cette définition sous-entend que les 60 % restant seraient par nature « inévitables ». Un tel glissement est trompeur. Nul ne sait à quel perturbateur endocrinien ou autre polluant diffus il est ou a été exposé au cours de sa vie ni à quel niveau : effets parfois importants à faibles doses d’exposition, effets différés d’expositions au cours de la vie fœtale, effet cocktail, absence de population témoin pour certains polluants trop largement distribués, etc. Il sera toujours très complexe de mettre un nombre de cancers en face de contaminant à bas bruit de la chaîne alimentaire. Tout cela conduit mécaniquement à faire de l’environnement le grand impensé du nouveau plan cancer. La focalisation sur les grands facteurs de risque comportementaux conforte une vision politique libérale, qui fait de l’individu l’unique responsable de son destin sanitaire. Ce parti pris conduit à éviter de condamner les structures économiques. Mais qui sont les premiers responsables des cancers induits par les viandes transformées : ceux qui en mangent ou ceux qui les ont rendues cancérogènes ? »

Collectif d’associations : Chaque année, plus de 157 000 personnes meurent d’un cancer en France. La stratégie nationale décennale (2021-2030) de lutte contre les cancers « minimise le rôle de la pollution passive et de l’environnement en général ». Par exemple 36 % des décès par cancer du poumon dans le monde sont liés à l’exposition aux particules fines. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 15 % de la mortalité française serait liée à des causes environnementales au sens large : pollution de l’air, de l’eau, ou des sols, exposition aux produits chimiques dangereux (pesticides, phtalates et autres perturbateurs endocriniens omniprésents), etc. Dans leur lettre au président de la République, les associations demandent entre autres à Emmanuel Macron l’élaboration d’un référentiel pour les normes environnementales intégrant les « effets cocktail » des multi-expositions. Parmi les signataires, on retrouve des organisations de consommateurs (UFC-Que choisir), d’usagers (Ligue contre l’obésité), de professionnels de santé (Convergence infirmières) ou encore de familles (association des familles victimes du saturnisme).

L’analyse de nos cheveux : Yann Arthus-Bertrand, Isabelle Autissier, Delphine Batho, José Bové, Nicolas Hulot, Yannick Jadot, Marie-Monique Robin, les mèches de cheveux de toutes ces personnalités sont polluées par des substances chimiques susceptibles de perturber le système hormonal. La coiffure de chacun des cobayes volontaires en recelait une palette de 36 à 68 substances différentes. « Montrer ces résultats est une façon de souligner la réalité de l’exposition aux Perturbateurs Endocriniens », résume François Veillerette, directeur de Générations futures, commanditaire de ces analyses.

Pour en savoir plus sur le cancer :

10 mars 2017, Pour dire la vérité vraie, il faut avoir un cancer

6 réflexions sur “L’écologie, le grand impensé du plan cancer !”

  1. Didier BARTHES

    A décharge de la société il faut quand même rappeler que l’on a éliminé presque toutes les causes de morts qui faisaient des ravages dans les temps anciens et que nous vivons beaucoup plus longtemps. Donc inévitablement les maladies cardiaques, les avc et les cancers représentent l’essentiel des causes de décès, par effacement des autres causes plus que par augmentation de leur incidence propre.
    Quand les gens vivaient jusqu’à trente ou quarante ans avant d’être éliminés par la dureté matérielle de la vie, il est évident que peu de gens étaient touchés par le cancer.

    1. Bonjour Didier Barthès. Vous avez raison de le rappeler. Grâce au Progrès, pratiquement plus personne ne meurt aujourd’hui de cause naturelle. La maladie et la vieillesse ne font plus partie des choses naturelles. Et demain, à en croire certains, même la mort.
      En attendant, grâce au «Progrès »… aujourd’hui on meurt du cancer. Mais heureusement, grâce au Progrès… demain on aura gagné la guerre contre le cancer.
      En attendant, mourir de la grippe aujourd’hui, c’est juste réservé aux vieux qui ne se sont pas fait vaccinés. Et qui auraient donc pu se l’éviter, ben oui. Aujourd’hui mourir d’une chute de trottinette c’est impensable, inacceptable. Avec le casque ça ne peut pas arriver ! Aujourd’hui au moindre accident on a besoin de trouver un responsable, un coupable. Et on fera en sorte que ce genre de drame ne se reproduise pas. Du moins c’est ce qu’on dira et qu’on nous promettra, plus jamais ça !

      1. Il semble donc naturel… que petit à petit on en soit arrivé à avoir aussi peur de la mort. Et par conséquent des maladies et des accidents. Et des vieux aussi, qu’on planque dans les Ephad, qu’on maltraite, qu’on juge inutiles, coûteux etc. et qu’on n’ose même plus nommer vieux, mais séniors, ou troisième âge.
        En attendant, personne n’a envie de choper un cancer, d’avoir un accident, «évitable » ou pas. Et malgré ça on continue à manger, boire et fumer des saloperies, à faire de la trottinette, à rouler à fond la caisse, à se faire monter l’adrénaline etc. etc. Faut reconnaître aussi que c’est bon les saloperies. C’est quand même bizarre, non ? 🙂

  2. Aïe, aïe, aïe !

    Au sujet des substances chimiques trouvées dans l’analyse des cheveux de nos valeureux cobayes volontaires, peut-être faudrait-il commencer par regarder du côté du shampoing qu’ils utilisent. Par exemple, quand on lit la composition d’un certain shampoing douche (fraîcheur intense) de la célèbre marque de Monsieur Hulot, bonjour la fraîcheur ! Il n’y a pas là de quoi en faire la pub, mais plutôt de quoi s’arracher les cheveux. Là aussi on peut s’interroger sur les risques du cocktail Alpha-isomethyl ionone + acide salicylique + Limonene + Butylphenyl methylpropional +salicylate de benzyle + tout le reste jugé sans effet. 🙂

  3. Bien que certains facteurs de risques soient indéniables, il y a en effet une part d’hypocrisie à se focaliser sur ces 40 % de cancers. Et qui plus est de les qualifier d’«évitables». Le Covid serait lui aussi évitable… Si les gens étaient raisonnables on aurait gagné la guerre depuis longtemps. La bonne blague.
    Comparons plutôt avec les accidents de la route. Là aussi nous avons d’un côté les «évitables» causés notamment par la vitesse, le mauvais état du véhicule, l’alcool, la fatigue etc. et de l’autre les inévitables, les «faute à pas de chance». Là aussi on met des chiffres en face de chaque ca(u)se, on touille pour l’«effet cocktail» et on décide de limiter la vitesse à 80 sur les routes, et/ou d’augmenter le nombre de radars, et/ou de renforcer les contrôles techniques, etc. Et au bout d’un certain temps on mesure et on fait les comptes. Et là comme toujours, les uns se félicitent, disent bravo et merci, et les autres ronchonnent.

    1. Quant aux causes de ces causes… alors là !?
      Il serait pourtant intéressant de savoir pourquoi le type qui a provoqué l’accident était si pressé, ou si fatigué, pourquoi il picolait… s’il est raisonnable que nos bagnoles aient autant de chevaux sous le capot, pourquoi elles ne sont pas techniquement bridées, etc.
      Là aussi on mettrait des chiffres en face de chaque case et on verrait, par exemple, que le culte de la sacro-sainte Bagnole et de la Vitesse est la cause de X milliers de morts par an, que celui de l’Argent de tant, que le dogme «Le temps c’est de l’argent» de tant, et pas seulement sur les routes. En fin de comptes nous pourrions même faire le bilan macabre de l’hypocrisie. De la leur et de la notre.

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