L’éducation à l’écologie, déprimante et si nécessaire

L’éducation à l’écologie manque cruellement pendant la vie scolaire. Voici quelques point de vue sur LE MONDE* et lemonde.fr :

Valérie Masson-Delmotte : « Le temps consacré à l’enseignement en relation avec les deux enjeux vitaux à l’échelle planétaire, l’effondrement de la biodiversité et le changement climatique, apparaît très insuffisant au collège comme au lycée. »

Pierre Lena : « Le climat est un sujet complexe, qu’il faut penser de façon systémique en décloisonnant les disciplines…  Il y a un risque pour les enseignants, car les faits et les chiffres qu’on leur présente sont déjà source d’anxiété. Les jeunes peuvent être dans l’émotion plus que dans le raisonnement. Il faut leur donner les clés pour penser ce problème, ce que les Américains appellent “A critical eye and hopeful heart” [un œil critique mais un cœur plein d’espoir] ».

Justine Renard, professeure de sciences de la vie et de la terre (SVT), fait partie du collectif des « enseignants pour la planète ». Elle se dit « de plus en plus inquiète » des signes évidents du dérèglement climatique, mais aussi, et surtout, de son rôle et de sa responsabilité en tant qu’enseignante. « A aucun moment les programmes ne permettent de comprendre qu’un ensemble de crises est en train de converger, encore moins d’en saisir la gravité et les conséquences pour nos sociétés. »

Diane Granoux, professeure d’histoire-géographie, estime que la situation « va empirer » avec les nouveaux programmes : « Pourquoi les migrations liées au climat n’apparaissent-elles pas, alors qu’elles sont de plus en plus nombreuses et vont augmenter dans les années à venir ? »

Ciel bleu, mer belle sur lemonde.fr : Blanquer a d’autre objectifs que d’informer et sensibiliser la jeunesse sur le climat. Ce n’est pas un objectif prioritaire pour Macron. Il ne convoque la jeunesse à des réunions débats que les jours où les élèves ont prévu de manifester, pour qu’ils restent dans les établissements et ne manifestent pas… C’est un peu court, misérable, comme politique…

Victor M : Les prochaines générations vont connaître des bouleversements désastreux en raison de la pollution et du changement climatique. S’ils ne sont pas outillés pour en comprendre les différentes conséquences, ils risquent de céder au populisme, la division, la haine et la violence.

CLAUDE PICHEL : En France l’écriture des programmes est politique et ce depuis toujours. L’enseignement de l’Histoire en a fait l’expérience avec l’occultation prolongée de la Collaboration, de la Guerre d’Algérie, de la colonisation en général, de histoire de la Shoah. En économie ce sont les chefs d’entreprise du MEDEF qui « nettoient  » et orientent les programmes en occultant la sociologie. En SVT, l’Église a fait son œuvre pour réduire au minimum la reproduction. Le Changement Climatique subit le même sort.

JEAN-MICHEL MASLAK : Bonjour, Je suis professeur de sciences économiques et sociales, et je suis surpris du peu d’intérêt porté à notre matière pour aborder la question environnementale par rapport à la SVT ou l’H-G. Nous traitons les questions de la compatibilité croissance / préservation de l’environnement, les conséquences du réchauffement climatique sur la biodiversité, le niveau optimal de pollution pour la collectivité, les instruments de la politique climatique… loin d’une simple sensibilisation !

Eljulio @ Jean-Michel : Abordez vous les notions d’économie biophysique montrant que les ressources énergétiques et les ressources naturelles en général sont devenues des facteurs de croissance (au même titre que le W et le K), limitants (stock de ressource fini, de plus en plus dur à extraire). Il faudrait enseigner aux jeunes que le réchauffement n’est qu’une face de la même pièce, l’autre étant le confort de notre société moderne qui permet la culture, les assiettes bien remplies, l’hôpital, les smartphones ! Autrement dit réduire notre impact concernant le réchauffement climatique c’est accepter de réduire notre train de vie, puisque + de 80% du mix énergétique mondial est d’origine fossile, de manière stable depuis 30 ans. Les milliards investis dans le renouvelable ne changent pas cette proportion car 1)c’est le charbon qui a le plus progressé (énergie du passé ?), et 2) les énergies s’additionnent et ne se substituent pas (normal + d’énergie c’est + de croissance, & donc un meilleur train de vie)

Jam : Il faut expliquer aux jeunes que la plupart du rejet de CO2 et donc du dérèglement climatique vient en France de notre consommation de pétrole. Il faudrait donc limiter drastiquement nos déplacement en voiture, nos déplacement en avion ou bateau… Et leur signaler aussi que 10 % de l’électricité produite sert à alimenter les serveurs informatiques nécessaires à Facebook, instagram ou youtube…

JEAN CLAUDE HERRENSCHMIDT : Réfléchissez un peu, les enseignants qui pourraient me lire ici. Que voulez-vous qu’ils fassent de cet enseignement ? Nourrir la mélancolie d’un temps qu’ils n’ont pas connu ? Enseignez-leur les techniques de survie en milieu hostile : pas ou peu d’eau, une nourriture rare qu’il faut aller chasser ou cueillir avec des techniques qu’il faudra le plus souvent réinventer ou apprendre chez les indiens d’Amazonie ou les Africains de terres désertiques. Apprendre aussi à se défendre des autres humains….

Eljulio : ou aussi apprendre à cultiver un potager et à parler à ses voisins !

* LE MONDE du 24-25 mars 2019, Le dérèglement climatique est trop peu enseigné, de l’école à l’université

1 réflexion sur “L’éducation à l’écologie, déprimante et si nécessaire”

  1. Ca fait 50 ans qu’on explique, qu’on discute, qu’on papote sur le changement climatique sans rien faire !
    Quand est-ce qu’on se bouge ?
    [ Les gosses n’ont pas tort = On est bons à rien… ]

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