l’effondrement de notre société (suite)

Notre société a poussé la division du travail à son extrême, chacun de nous est  dépendant d’une suite de travaux parcellaires de plus en plus éloignés de notre lieu de vie et nécessitant une énergie fossile de plus en plus importantes. Tout peut s’effondrer brutalement comme un château de cartes. Joseph Tainter avait analysé l’effondrement de sociétés anciennes complexes, comme l’Empire romain ou la civilisation Maya. Voici ce que cela donnerait transposé aux sociétés modernes :

Lorsqu’une société se développe au-delà d’un certain niveau de complexité, elle devient de plus en plus fragile. Une simple crise du crédit aux USA entraîne déjà des conséquences mondiales. Les crises écologiques à venir sont porteuses d’une déstabilisation encore plus grande. Pourtant nous accroissons constamment notre complexité, prenons l’exemple de la santé. Comme les généralistes ne suffisent plus à satisfaire une demande de soins de plus en plus sophistiqués, nous construisons des  hôpitaux. Avec les progrès des techniques médicales, il faut installer des centres hospitaliers dans les villes, des services de plus en plus spécialisés, des appareillages de plus en plus onéreux. Les dépenses augmentent encore plus vite que le PIB. Comme l’hôpital commence à coûter trop cher, il faut mettre en place un système de cotisations sociales généralisées, et la financer en ponctionnant l’épargne de la population. Comme cela ne suffit pas, on soigne à crédit par l’emprunt pour couvrir le déficit de la sécurité sociale. Comme la population se plaint des charges croissantes, il faut faire payer de plus en plus de choses par les patients eux-mêmes tout en augmentant le nombre de fonctionnaires des impôts. Tout cela s’accompagne de plus de spécialistes, de plus de ressources à gérer, de plus de coercition – et, in fine, moins de retour sur l’argent dépensé.

Au bout du compte, on atteint un point où toutes les énergies et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement pour maintenir un niveau de complexité croissante dont le système de soins n’est qu’un des aspects. Puis, quand une crise économique systémique ou un blocage énergétique survient, les institutions complexes n’ont plus les moyens de survivre et les malades se retrouvent livrés à eux-mêmes. Alors émerge une société moins complexe, organisée sur une plus petite échelle, avec une médecine de proximité, si l’effondrement se passe en douceur…

4 réflexions sur “l’effondrement de notre société (suite)”

  1. La fin du monde est pour demain !! Repentez-vous, repentez-vous !!

    Euh non pardon, je voulais dire:

    La fin du monde est pour demain !! Arretez la croissance, arretez la croissance !!

  2. bien sur des catastrophes nous guettent , mais c ‘est la loi de la vie , entropie , négentropie ,entropie , négentropie , dépéchez vous de profioter de la vie au lieu de vous faire peur

  3. Pourquoi les Romains ont-ils coulé ? Une explication d’Yves Mamou (service économie du Monde) :

    A quoi sert la sophistication de nos sociétés si elle ne permet pas de prévenir les krachs financiers ou de mettre en place des réponses ajustées à l’ampleur des risques globaux ?

    L’Empire romain s’est développé avec l’agriculture et les conquêtes. L’agriculture exige des compétences mathématiques, le stockage des céréales nécessite de nouvelles constructions, etc. Chaque niveau supplémentaire de complexité se justifie et même se rentabilise. Mais au fur et à mesure que l’Empire s’étend, la bureaucratie absorbe une part croissante du surplus pour elle-même. C’est la loi des rendements décroissants. L’ajout incessant de degrés de complexité rend la bureaucratie de plus en plus prédatrice et de mois en moins utile au reste du corps social. Quand les tribus barbares prennent l’Empire romain d’assaut, l’organisation est devenue trop rigide et trop lente. L’Empire romain se morcelle et s’effondre. Les sociétés complexes sont-elles capables de simplification ? Non, répond Tainter. Les élites qui profitent de la complexité refusent tout changement qui réduirait leur prélèvement sur la richesse produite. C’est le blocage !

    En ce début du XXIe siècle, la question est de savoir si la mondialisation de l’économie n’a pas déjà donné prise aux barbares qui la détruiront : pirates somaliens, trafiquants de drogue, terroristes d’Al-Qaida, etc. La question n’est pas de savoir si l’appauvrissement des classes moyennes et l’accroissement des inégalités finiront par entrer en conflit ouvert avec la mondialisation. La question est plutôt de savoir quand le clash aura lieu.
    (La mondialisation à l’épreuve des crises planétaires, LeMonde du 12 mai 2010)

  4. Votre argumentation contre la sécurité sociale est amusant.

    Néanmoins, en tant qu’ingénieur, je peux vous confirmer que la masse de connaissances augmente de façon presque exponentielle. Et ce n’est pas un mal.

    Juste une chose : les Romains n’avaient pas trop de connaissances ni de sécurité sociale. Pourquoi donc ont-ils coulé, ces décadents..??

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