Législatives, quel avenir pour l’écologie politique ?

L’écologie politique a plus de quarante ans, et son paradigme extrêmement complexe implique de ne pas se satisfaire d’approximations hasardeuses comme la condamnation du « libéralisme » ou du « capitalisme » au nom de la « démocratie », des mot-valise qui ont beaucoup de significations différentes. Une stratégie de verdissement du libéralisme semble même préférable à la gauchisation de l’écologie. La mort programmée d’EELV résulte en effet pour une bonne part de sa volonté constante de « gauchir » son discours au lieu de renforcer ses fondamentaux, la condamnation de l’épuisement de la nature et le souci de l’avenir plus qu’incertain de nos générations futures. L’objectif aurait du rester le même que celui de René Dumont en 1974, écologiser les politiques (de quelques bords qu’ils se trouvent) et politiser les écologistes (militants associatifs, adeptes de la simplicité volontaire, etc.). Un militant écologiste n’a pas de « famille politique naturelle », il est normalement transpartisan. L’ambition va bien au delà des étiquettes droite, gauche et centre, c’est l’équilibre de nos écosystèmes qui importe. Le paradigme de l’écologie politique n’implique certainement pas la retraite à 60 ans, le mariage pour tous et une politique de relance économique.

Dans cette période de législatives, on voit bien que la recomposition politique en cours n’est pas arrivée à son terme. Il y aura le 11 juin une multitude de candidatures dans chaque circonscription. Chacun au premier tour pourra se faire plaisir en votant selon ses convictions. Pour le second tour, que choisir ? Notons d’abord qu’il y a une décomposition accélérée d’EELV qui devrait aboutir à une quasi-absence de représentants à l’Assemblée nationale, c’est ce que ce blog a voulu montrer avec son analyse de la 6e circonscription parisienne. Nous voyons aussi la fuite généralisée de militants suite aux errements tacticiens de Cécile Duflot. Comment recomposer un mouvement qui a montré une absence totale de projet politique autonome ? Comment refaire confiance à des dirigeants officiels ou occulte incapables de définir une stratégie cohérente ? Comment attirer de nouveaux membres alors que l’image d’EELV dans l’opinion publique est complètement discréditée ? EELV a gardé au fil des années la structure effervescente de mai 1968, les Verts sont restés un repaire d’individualistes (parfois carriéristes) qui préfèrent être libertaires (c’est une des formes du libéralisme) plutôt qu’écologistes. La recomposition de l’écologie politique ne peut plus passer par EELV, encore moins par une officine comme l’association qu’avait concoctée Duflot après son élimination de la primaire ou celle qui sera mise en place par Hamon en juillet prochain.

Par contre la véritable recomposition politique se situe actuellement à l’extérieur d’EELV, avec le mouvement « en marche ». Le parti de Macron a récupéré beaucoup de militants écolos compétents, il a nommé un ministre dont la visibilité écolo est incontestable, Nicolas Hulot. Le REM prend « les meilleurs » à gauche, au centre et à droite, ce qu’aurait du faire l’écologie politique depuis longtemps au lieu de se polariser sur des alliances « à gauche toute ». L’enjeu pour les militants écolos convaincus est dorénavant de faire pression de l’intérieur du mouvement « en marche » pour que Macron, son parti et son gouvernement devienne dans la mesure du possible écolo. Ce n’est pas ce qui restera de la gauche et des Verts après les législatives qui pourront faire pression de l’extérieur… Et ne comptons pas sur la droite actuelle pour faire de l’écologie. Renforcer les associations environnementalistes est aussi une option. De toute façon la pratique d’un comportement écologique personnel et familial est la meilleure des voies car applicable directement sans intermédiaires !

4 réflexions sur “Législatives, quel avenir pour l’écologie politique ?”

  1. Après le capitalisme vert , la croissance verte, le green-washing et j’en passe , voilà maintenant où en sont certains écolos :  » Une stratégie de verdissement du libéralisme semble même préférable à la gauchisation de l’écologie. »

    Nos « stratèges » semblent inspirés par la célèbre devise Shadock : Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche.
    Par contre il faut reconnaître le talent, l’habileté (la stratégie ?) du Système. Réussir à amener certains écolos à cette variante du TINA , chapeau !

    Voilà donc où serait l’espoir que l’écologie enfin s’impose à tous : le verdissement du libéralisme !
    C’est donc une stratégie. On pourrait dire aussi, un choix, un pari.
    Et je comprends bien maintenant que le ministre idéal ne pouvait être que notre célèbre Nicolas.

    En tous cas, étant un piètre stratège , n’aimant pas spécialement les jeux de hasards, et surtout étant incapable de faire certains grands écarts… ce sera sans moi !

  2. Le parti de Macron a récupéré beaucoup de militants écolos « compétents »

    Même Mr BOVE a appelé à voter pour la finance pour faire barrage au FN, mort de rire et dire que ce genre de mec avait toute notre admiration lorsqu’il manifestait à DAVOS et pour l’ensemble de ses combats. Un autre monde est possible scandait notre bon José,tout compte fait tu nous prouves qu’il n’est pas si mal que cela, mais bon à chacun sa route.

    Je n’ai pas voté pour la finance, et le FN n’est pas passé, le tout sans avoir besoin de me renier.

  3. Personne, fût-il d’une quelconque gauche radicale, aussi écologiste soit-il, et en l’occurrence, pas même Hulot et pas même Duflot, ne peut être sauveur suprême.

    Il est nécessaire de mener des révoltes collectives concrètes écologistes illégales communistes et matérielles qui soient destinées à lutter frontalement contre le capitalisme, lequel capitalisme est intrinsèquement générateur de productivisme sauvage, productivisme qui est lui-même incompatible avec toute amélioration de l’état de la biosphère.

    Et cette même nécessité ne peut être remise en cause par aucun pilotage d’aucun dirigeant politique.

Les commentaires sont fermés.