La politisation macroniste des jeux olympiques

Emmanuel Macron veut changer la politique, mais il fait la même chose que ses prédécesseurs, il s’implique dans le sport spectacle. Lors de la présentation de ses ministres sur le perron de l’Elysée le 14 mai 2017, il arborait avec d’autres une cravate avec logo de Paris2024. D’ailleurs l’éditorial du MONDE du 13 mai était dythytrambique : « Paris mérite d’organiser les JO de 2024… Les éternels grincheux redonneront de la voix pour s’alarmer que Paris se lance à nouveau dans cette folle aventure… L’on connaît ces critiques ressassées, ces récriminations frileuses, ce pessimisme obsidional où se complaît trop volontiers le pays… Ne manquons pas l’occasion de ressusciter l’optimisme collectif qu’avait pu provoquer le Mondial de football 1998. » Ainsi va la société du spectacle, soutenue par les médias de masse et les politiques à la recherche de notoriété facile. Pourtant l’éditorial du MONDE liste les sujets qui fâchent, le gouffre financier prévisible, la « grande fête planétaire du sport » effacée par le grand cirque publicitaire, les soupçons (avérés) de dopage et de corruption, l’idéal olympique de Pierre de Coubertin mis à mal par la professionnalisation des sportifs formés et encadrés par des Etats, des retombées économiques qui ne durent qu’un laps de temps très court…

Dès le début, les Jeux Olympique ne sont que le cache-sexe du politique. Aux premiers jeux olympiques de 1896 à Athènes, il y eut deux semaines de délire nationaliste. Le public réserve toute sa ferveur à ses champions nationaux sans le moindre égard pour ceux des autres pays, cela ne changera pas en 2024. Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme. Puis le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission. Tout s’est accéléré dans les années 1980 avec la libéralisation du paysage audiovisuel. Le CIO décide la professionnalisation des JO en 1981 et leur exploitation commerciale en 1986 par le sponsoring. En 2004 à Athènes, la lutte contre le « marketing sauvage » s’était traduite par l’interdiction faite au public de pénétrer dans les enceintes olympiques en arborant d’autres marques que celles des sponsors officiels ou avec une boisson gazeuse autre que Coco-Cola ! En février 2006, le comité international olympique s’était employé pendant de longs mois à ce que l’Italie adoucisse sa loi contre le dopage avant les Jeux Olympiques d’hiver à Turin. En juillet 2012, au moins 107 athlètes des sport olympiques d’été ont été sanctionnés pour une période de suspension qui inclut les jeux de Londre ! Le sport-spectacle s’accompagne du dopage, les JO ne font pas exception à la règle. Normal ! Quand on demande à un individu de dépasser ses limites, la tentation est grande de se faire aider. Le sportif est dénaturé par obligation.

Emmanuel Macron ne fait pas de « la politique autrement » en matière de sport. Or sans l’État, il n’y a pas de JO à Paris : on n’a pas la sécurité, les subventions, l’engagement des politiques auprès du CIO. Il faudrait supprimer le ministère des sports. Nous avons déjà le ministère de la santé pour le dopage, le ministère des finances pour les fraudes fiscale , le ministère de la justice pour diverses affaires (viols, chantage …) et le ministère des affaires étrangères pour les rapports avec le Qatar. Le sport est étymologiquement un jeu, un amusement ; sport et compétition ne sont donc pas synonymes. Le sport devrait reste une simple activité physique, une sorte d’hygiène de vie. Il ne s’accompagne par du goût de la compétition, mais d’un apprentissage de valeurs morales et de la recherche du contact confiant avec les autres comme avec la Biosphère. La marche à son rythme avec des amis, loin de toute démonstration de force, est le meilleur des sports. Si cette marche s’accompagne du contact avec la nature, nul besoin de ce surcroît d’adrénaline provoqué par le sport-spectacle, car l’émerveillement et l’accomplissement vont alors de soi...

1 réflexion sur “La politisation macroniste des jeux olympiques”

  1. En effet ce serait déjà une bonne chose que de redéfinir ce qu’est le sport. Le sport est devenu synonyme de compétition, il est un devenu un spectacle, un business (comme d’autres amusements d’ailleurs), une affaire de gros sous. Et finalement l’occasion, et pas seulement pour les sportifs, d’afficher sa force, sa puissance, sa dominance.
    C’est pour cela que personnellement je refuse de dire « je fais du sport ». Même ce verbe FAIRE me gêne. Aujourd’hui on se fait un tennis ou tant d’heures de salle de gym … de la même manière qu’on se fait un sommet (en alpinisme), un voyage (je pars faire l’Inde), un restau, un ciné, une meuf … etc,etc.
    Faire me fatigue, avoir me pèse et m’encombre, je préfère de loin être. Être bien, et pour commencer dans ma tête. Et dans mon corps, l’un n’allant pas sans l’autre. Dit en passant, le bien-être aussi est devenu un business, pour dire si nous allons mal.

    Ceci dit Macron en effet veut faire « rayonner » la France avec ces fameux jeux. Il nous racontera les retombées économiques, la formidable publicité pour notre si beau pays et patati et patata. En attendant ces JO, de part toutes les infrastructures (comme si on n’en avait pas assez) , les transports etc, etc… sont toujours l’occasion d’une débauche de gaspillage de matières et d’énergie.
    Peut-être que Nicolas arrivera à le faire comprendre à notre jeune président qui a encore beaucoup à apprendre sur le sujet. Paris ne s’est pas fait en un jour , une conversion écologique non plus !

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