L’Eglise à la traîne en matière d’écologie, Dieu aussi

Dieu ne dit rien par lui-même, ce sont toujours des humains qui disent que dieu leur a dit. Comme les religions monothéistes ont été inventées à une époque où on croyait la terre sans limites, il n’y avait donc aucune mention dans les interprétations des textes sacrés d’une quelconque préoccupation écologique. Ceux qui disent le contraire sont de mauvaise foi en faisant dire à des phrases isolées ce qui ne fait que correspondre à leur propre attente. Pire, le judaïsme et le christianisme ont été bâtis sur une contestation du paganisme et du culte de la nature pour célébrer un dieu abstrait et désincarné. L’écologie qui pourrait amener à déifier la Terre est vu comme un possible concurrent spirituel à éviter. Jean-Paul II ne s’y était pas trompé : « Au nom d’une conception inspirée par l’écocentrisme et le biocentrisme, on propose d’éliminer la différence ontologique et axiologique entre l’homme et les autres êtres vivants, considérant la biosphère comme une unité biotique de valeur indifférenciée. On en arrive ainsi à éliminer la responsabilité supérieure de l’homme au profit d’une considération égalitariste de la dignité de tous les êtres vivants. Mais l’équilibre de l’écosystème et la défense d’un environnement salubre ont justement besoin de la responsabilité de l’homme. (Discours de Jean-Paul II au Congrès Environnement et Santé, 24 mars 1997) ».

Il faut donc constater que l’encyclique Laudato si’ de juin 2015 est la première consacrée à l’écologie. Le pape François se veut moderne et dans l’air du temps. Mais il ne s’agit pas en matière de position environnementale d’un prolongement des textes sacrés, uniquement de la position d’un seul homme qui certes a beaucoup consulté mais qui ne représente que lui-même. Les textes des précédents papes ne lui ont pas été d’un réel secours. L’environnement a fait sa très discrète entrée, un seul paragraphe, dans une lettre apostolique : « Brusquement, l’homme en prend conscience : par une exploitation inconsidérée de la nature, il risque de la détruire et d’être à son tour la victime de cette dégradation (Octogesima adveniens – mai 1971). »* Il faudra attendre plusieurs années pour que le nVatican revienne sur le sujet. Jean Paul II donne un signal important, un an après son élection, le 29 novembre 1979, en proclamant « céleste patron » des écologistes l’ami de la nature François d’Assise. Mais François d’Assise n’était qu’un dissident de la pensée unique, anthropocentrique. Benoît XVI n’a pas fait grand chose de plus, et même beaucoup mois que Jean Paul II**.

C’est pourquoi on attendait beaucoup du dernier pape qui a pris comme patronyme la figure de François d’Assise. Mais LE MONDE, après avoir consacré sa Une au plaidoyer du pape François pour une écologie « intégrale » (et non pas seulement « humaine ») est déjà passé à autre chose le lendemain… Et ce pape reste encore profondément anti-malthusien !

* LE MONDE du 17 juin 2015, Pour l’Eglise, un demi-siècle d’apprentissage de l’écologie
** lire Dans les pas de Saint François d’Assise (l’appel de Jean-Paul II en faveur de l’écologie) de Marybeth Lorbiecki

5 réflexions sur “L’Eglise à la traîne en matière d’écologie, Dieu aussi”

  1. Des suites concrètes à l’encyclique ?…
    Avec l’encyclique du pape François et l’organisation, par la France, de la Conférence internationale sur les changements climatiques (Cop 21), l’année 2015 est celle de l’écologie. Face aux menaces d’ampleur qui pèsent sur la planète, les chrétiens ont des propositions. Et la société française s’ouvre à une approche spirituelle de la crise écologique. Pour répondre à ce besoin d’échange, l’hebdomadaire La Vie coorganise, avec le diocèse de Saint-Étienne, la 2e édition des Assises chrétiennes de l’écologie : 3 jours de rencontres et de forums avec les meilleurs experts et penseurs de l’écologie les 28, 29 et 30 août 2015. Plus de 2 000 participants sont attendus.

    Parmi les temps forts proposés, on trouvera notamment des conférences plénières et des tables-rondes avec des intervenants de renom tels que Jean-Marie Pelt, directeur de l’Institut européen d’écologie, Patrick Viveret, philosophe, Corinne Lepage, ancienne ministre, présidente de LRC Cap 21, Gaël Giraud, économiste, Marie-Monique Robin, journaliste, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne, Marc Stenger, évêque de Troyes, Bruno Feillet, évêque auxiliaire de Reims, Christian Krieger, vice-président de la Fédération protestante de France, Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman, Yeshaya Dalsace, rabbin à Paris, Joshin Bachoux Sensei, nonne bouddhiste. De nombreuses organisations de la société civile seront également présentes.

    Près de 80 forums, ouverts aux familles et aux jeunes, sont au programme, parmi lesquels : « La terre nourricière, un trésor à préserver », « Devenir une famille à énergie positive », « Jeûner pour le climat », « Comment mettre notre argent au service d’une transition vers des sociétés soutenables ? », « Animer un éco-hameau chrétien », « Soigner l’esprit, guérir la terre ». Au-delà des temps de réflexion, le programme propose aussi des ateliers portés sur l’expérience sensible du monde (randonnée, travail de la terre) et des temps de recueillement (célébration eucharistique, prière, méditation).

    http://www.rencontres-ecologie-2015.assises-chretiennes.fr

  2. L’Encyclique « Laudato si' » est vaste, il faut commencer par prendre le temps de la lire pour ressentir ce qu’elle inspire.
    Ce texte fait preuve d’audace : il parle de notre maison commune, il traite d’économie (se positionnant clairement en faveur d’une « certaine décroissance de quelques parties du monde ») et invite les politiques a ne pas être soumis à l’économie ni à la technique (tout un programme en vue de la Conférence climat de la fin de l’année).
    A chaque personne, il propose un projet de vie « plus intense » où il sera important de « ralentir ».
    Aux croyants, il explique que la prise en compte de l’environnement « n’est pas optionnelle ».
    Enfin, pour clore son message, le pape François propose deux prières, l’une plus spécifiquement chrétienne et l’autre qui peut être commune à toutes les personnes qui ont envie de dire « Dieu », sans forcément le nommer de façon plus précise.
    Reste à explorer comment « faire sien » par l’expérience ce chemin de « sobriété heureuse », des pistes où chacun peut trouver une voie seront desssinées cet été aux Assises chrétiennes de l’écologie de St Etienne en aout 2015, c’est une événement riche et profond à ne pas rater.
    (envoyé par Laura Morosini, présidente de Chrétiens Unis pour la Terre)

  3. Sur lemonde.fr
    Le rôle du pape n’a pas a priori de nous faire des cours de physique sur les gaz à effet de serre et sur les conséquences qui en résultent pour le climat, mais cette fois au moins, la science et la religion catholique, tirent la même charrette. Il n’en fut pas toujours ainsi, pensons à Galilée et à Giordano Bruno. Laissons les climato-sceptiques des Etats-Unis et d’ailleurs s’agacer, en tout état de cause ils sont dans l’erreur et chaque année qui passe confirme qu’ils se trompent.

    1. Didier,
      encore moins que sept jours à l’échelle géologique !
      Les monothéismes n’ont pas arrangé notre rapport avec la Terre…

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