Près de 20 % de la population mondiale ne bénéficient pas d’un accès à l’électricité. Est-il donc normal que 80 % des gens puissent faire tourner des centrales nucléaires ou thermiques, plus polluantes les unes que les autres ? C’est l’AIE (Agence internationale de l’énergie) qui prône l’« énergie pour tous » lors de la conférence organisée les 10 et 11 octobre à Oslo* ; il faudrait que toute la planète adopte le style de vie occidental, peu importe les conséquences. L’AIE attaque l’utilisation du bois pour faire la cuisine, mais ne dit presque rien des problématiques afférentes à la production des énergies « propres ». De toute façon l’accès de tous aux énergies « modernes » butera sur la problématique du financement : les riches ne partagent pas.
L’ONU tient pourtant le même discours que l’AIE et désigne 2012 comme « année internationale pour une énergie durable pour tous ». Son secrétaire général, Ban Ki-moon, a vécu dans sa jeunesse coréenne en étudiant « à la lumière de la bougie ». Mozart écrivait aussi ses partitions à la lumière de la bougie… Est-ce un mal ? Le « retour à la bougie » ou l’accès à l’électricité ? N’y a-t-il pas un compromis à trouver entre vivre sans lumière artificielle et illuminer inutilement les nuits ? Voici deux textes à méditer :
– Guillaume Sarkozy, ex vice-président du Medef, avait dit un jour publiquement d’un ton vif : « Et demain, vous allez retourner à la bougie, sans votre téléphone portable ? ». Je répliquai : « Si ceux qui ont le plus de capacité et de richesse ne reprennent pas notre destin par rapport à la crise écologique, nous irons précisément à un état de chaos social qui ne sera peut-être pas celui de l’âge des cavernes, mais qui serra extrêmement négatif. Donc, s’il vous plaît, monsieur Sarkozy, employons des arguments sérieux, et ne nous envoyons pas des bougies et des blocs de pierre à la figure. »
source : Pour sauver la planète, sortez du capitalisme d’Hervé Kempf
– Le jaïnisme prône le renoncement aux richesses matérielles. La simplicité des moyens garantit la richesse des fins. Cela signifie simplifier notre vie matérielle autant que notre vie intellectuelle.
Les jaïns n’utilisent ni bougie, ni lampe électrique. Nous faisons tout à la lumière du jour ; la nuit, nous chantons et nous méditons dans l’obscurité. Nous veillons à limiter aux maximum l’usage que nous faisons des ressources dont nous disposons. Si nous cessions tous d’acquérir, de posséder, de stocker et d’accumuler, il n’y aurait plus de pénuries.
source: Tu es donc je suis (une déclaration de dépendance) de Satish Kumar
* LE MONDE du 12 octobre, Le défi de l’accès universel à l’énergie
Souvent en désaccord, mais bon c’est la démocratie …
Cette fois-ci, je me suis fendu d’un post sur mon propre blog !!
« Biosphère, sans doute le commentateur le plus tranquillement totalitaire de toute la blogosphère écolo-radicale, s’insurge contre cette idée et pose la question: « L’électricité est-elle un droit ? » Afin d’étayer cette question philosophique qui mérite effectivement réflexion, il feint grossièrement de n’attribuer à l’électricité pour seules fonctions de faire tourner nos téléphones mobiles et éclairer nos nuits a giorno.
Nous ne lui ferons pas l’injure (car il le sait !) de lui rappeler que l’électricité, c’est aussi un usage domestique… »
blog.thermopyles.info/post/2011/10/13/L-%C3%A9lectricit%C3%A9%2C-un-droit-pour-tous