En première page un titre : « L’Elysée confronté au risque de croissance zéro » (LeMonde du 4 novembre). Pourquoi donc la croissance zéro serait-elle un risque ? Le rapport du Club de Rome estimait en 1972 qu’il fallait tendre à la croissance zéro pour ne pas dépasser les limites de la planète. Depuis cette époque, on n’a pas voulu freiner l’activité économique et nous sommes à peu près à 30 % au-dessus des possibilités de la planète, c’est-à-dire que nous puisons dans le capital naturel, nous brûlons nos meubles de famille.
LeMonde estime aussi qu’une croissance économique comprise entre 0,1 et 0,2 % en 2009 dans l’UE est « un chiffre mauvais ». Pourquoi la stabilisation de l’activité économique ne serait-elle pas le moyen de repenser notre manière de produire et partager les richesses au lieu de se lamenter sur une variation du PIB qui n’est que leurre statistique puisqu’on ajoute ce qui devrait être retranché (par exemple, plus on lutte contre la pollution entraînée par la croissance du PIB, plus le PIB augmente).
Mon quotidien préféré continue le bourrage de crâne : « Ces sombres prévisions… ». LeMonde est donc croissanciste alors que ce n’est pas le tsunami financier qui menace l’économie, mais les krachs écologiques. Si le baril de pétrole était aujourd’hui à 300 dollars comme il devrait être, les croissancistes auraient beaucoup moins de choses à affirmer, comme d’ailleurs en témoigne aujourd’hui le silence assourdissant de tous les commentateurs du Monde et d’ailleurs qui célébraient la nécessaire flexibilité des marchés financiers. Notre planète œuvre continûment pour rappeler aux humains que nous dépendons du capital naturel, bien plus que du capital financier. Mais les croissancistes ne le savent pas encore. Le Monde devrait faire beaucoup plus attention à ses jugements de valeur sur le niveau de croissance.