Lemonde du 20-21 janvier nous montre à la perfection les contradictions de notre système. D’un côté Francis Joyon se veut le maître des vents, à l’image des humains qui se croient les possesseurs de la Terre. Il maîtrise à lui tout seul un bateau de près de 30 mètres, cela coûte à la société 3 millions d’euros pas-un-centime-de-plus. Il est parti à la conquête de l’inutile sur eau, il a battu le record du tour du monde à la voile, qu’est-ce qu’on en a à foutre. Mais par ailleurs il se refuse à utiliser une énergie fossile polluante, il reste farouchement à l’écoute de la planète et se réjouit de l’annulation du Dakar. C’est à n’y rien comprendre !
L’explication réside dans la page d’en face, les ambitions de la commission pour la libération de la croissance. En fait ce qui compte aujourd’hui, c’est la croissance pour la croissance : « Le monde change à très grande vitesse. Le monde est emporté par la plus forte vague. Cette croissance exige l’engagement de tous. » Notre objectif commun devrait être de continuer à faire comme c’était avant, du beau temps de nos 5 % de croissance annuelle du PIB. Alors Joyon devient l’archétype de l’exemple à imiter, se dépasser toujours plus, aller plus loin, aller plus vite, coûter plus cher. Il faudrait continuer de faire comme si notre technologie nous permettait de faire n’importe quoi.
Dans ce contexte, on peut bien envisager les problèmes de la Biosphère, mais de façon marginale et inaudible. Alors Joyon et Attali nous montrent la meilleure façon d’aller dans le mur des limites de la planète, quand les vagues nous submergeront.