Lors de la signature du traité de Rome en 1957, la Communauté économique européenne (CEE) a mis en place une Politique agricole commune (PAC) dont les objectifs étaient multiples : accroître la productivité de l’agriculture, garantir la sécurité des approvisionnements agroalimentaires, assurer un niveau de vie équitable à la population agricole, stabiliser les marchés et assurer des prix raisonnables aux consommateurs. Mais les mécanismes de soutien différencié par des prix garantis ont surtout incité à produire et à exporter à bas prix les productions protégées et à ne plus produire assez de légumineuses et protéagineux. La recherche incessante de compétitivité est allée de pair avec une intensification et une spécialisation exagérée des systèmes de production agricole. Cette agriculture productiviste se révèle aujourd’hui destructrice pour l’environnement et génératrice d’exclusion pour les hommes. D’où le départ des paysans vers les villes et la désertification de régions entières.
Pourtant, à l’opposé de la démarche impulsée par les entreprises agro-industrielles et les grands céréaliers, démarche amplifiée par la grande distribution et la demande de nourriture à bas prix, certains paysans se sont efforcés de fournir des produits du terroir, de préférence biologiques, en pratiquant des systèmes de culture et d’élevage diversifiés. Un gouvernant doit favoriser cette agriculture durable et à circuit court en ouvrant le marché de la restauration collective et des associations de solidarité. Plus généralement la PAC devrait viser prioritairement la réalisation des objectifs suivants :
– Assurer l’augmentation de la population agricole dans la perspective d’une augmentation du prix de l’énergie fossile
– Faire en sorte qu’il y ait des prix justes et rémunérateurs.
– Veiller à ce que les systèmes de production agricole ne mettent pas en péril les potentialités productives des écosystèmes sur les moyen et long termes.
– Redonner aux paysans la capacité de sélectionner eux-mêmes leurs semences.
Dans cet esprit l’INRA (Institut national de recherche agronomique) devra orienter ses travaux en mettant préférentiellement l’accent sur le rapprochement entre les sciences sociales et la biologie intégrative, la compréhension des cycles écologiques et le fonctionnement des agrosystèmes, et l’accompagnement des innovations paysannes en faveur de systèmes de production agricole plus durables. Au final, la rentabilité de systèmes agricoles devrait être évaluée globalement, de façon à ne pas prendre en compte les seuls coûts monétaires mais à intégrer aussi la multifonctionnalité de l’agriculture ainsi que leur impact écologique.
Source : Le pacte écologique de Nicolas Hulot (avec le Comité de veille écologique)
Editions calmann-lévy 2006