Maurice Lévy est PDG de Publicis. Déjà la méfiance me gagne sachant que la publicité fait le malheur de notre société. Pire, dans la page Débats (LeMonde du 4.08.2008), il se révèle un véritable missionnaire de la croissance : « Nous, chefs d’entreprise, nous allons devoir préserver l’avenir, c’est-à-dire la croissance (…) Pour lutter contre la récession à venir, il nous faut créer de la croissance (…) Au pessimisme ambiant, il faut opposer le mouvement, aller chercher de la croissance à tout prix (…) C’est maintenant qu’il nous faut explorer toues les formes possibles de la génération de la croissance ».
De la croissance à tout prix ? Quel beau programme que d’aller vers n’importe où et par n’importe quels moyens ! Il est vrai que c’est là la métier de publicitaire, vendre du vent et détériorer la planète avec toujours plus de croissance. Trente cinq années après, le numéro 7 (mai 1973) du mensuel la Gueule ouverte reste donc toujours d’actualité dans son article « La publicité nous prend pour des cons, la publicité nous rend cons » :
« La publicité est un monstre doux qui, par effraction séductrice, pénètre dans nos cerveaux, brouille sans douleur nos circuits intimes, hérisse de sondes nos profondeurs. Pourtant, quand Emile de Girardin accepte l’insertion d’annonces payantes le 29 avril 1845, elles doivent être selon ses propres termes franches et concises : « La publicité se réduit à dire : dans telle rue, à tel numéro, on vend telle chose à tel prix ». Un révolutionnaire raisonnable pourrait exiger, aujourd’hui, la stricte application de ce précepte-là.
Après plus d’un siècle de maturation, voici ce qu’il en est devenu : « Publicité, art d’exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales » (dictionnaire Robert). Autrement dit la même définition que celle du mot démagogie : « Politique par laquelle on flatte la multitude pour gagner et exploiter ses faveurs ». Le publiciste est donc, strictement, un démagogue professionnel. Prétendre que l’information soit le souci premier des publicistes est une farce triste. Qui sont ces professionnels ? Des psychosociologues. Pour quoi faire ? Pour imposer à l’homme des notions qu’il ne sollicite pas, et vis-à-vis desquelles il n’a aucune raison d’être bien disposé. Assurément, on s’achemine vers le décervelage total. Les techniciens de la vente plongent tous les jours leurs mains pleines de doigts dans nos inconscients et les endorment, les dépiautent, les programment à leur manière. Ils ont découvert un certain nombre de tendances à encourager : « Le besoin de certitude, le goût du moindre effort, l’envie, la vanité, le snobisme, le désir sexuel » – bref, tout ce qui peut encourager les gens à courir les chemins du crétinisme. Alors, que faire ? Il faudra inventer des moyens d’action, arrêter tout et réfléchir sans tristesse, ouvrir la boîte à idées. Tiens, voilà : je l’ouvre. »
Depuis les défenseurs de la Biosphère savent ce qu’il faut faire, casser la pub… Mais nous sommes encore si minoritaires !
et moi je me demande où va l’humanité ? Devons nous, nous multiplier encore et encore juste pour les profits industriels ? Nous devons consommer de plus en plus pour pouvoir avoir du travail et de l’argent pour pouvoir a nouveau acheter et consommer etc.., c’est le serpent qui se mord la queue. Pourquoi tout le monde semble oublié que nous n’avons qu’une et une seule planète à disposition ? Nous n’avons nul part où aller si nous avons épuisé les ressources de notre planète.
Oui la publicité lave nos cerveaux pour nous empêcher de penser à notre avenir et de poser les vraies questions. On nous éduque à devenir des crétins et nous nous laissons faire.
C’est ici que nous rejoignons la spécificité de cette misérable société qui est la notre actuellement et où règne la valeur marchande s’appuyant sur la spectacularisation du monde et des rapports humains. Autrement dit, la domination spectaculaire-marchande.
Une société qui prétend rabaisser l’être humain au statut de vulgaire marchandise et où chacun est amené à devoir se valoriser en tant que marchandise et sur le seul espace désormais reconnu et toléré : le territoire marchand.
(Autrefois il y avait des rues, des villes, des pays avec des cultures multiples, ouverts à l’aventure humaine et à son devenir….)
Nous sommes donc comme exilés dans un monde qui n’est pas le notre car l’être humain, la valeur humaine, le rapport humain véritable, sont assurément « sans valeur marchande ».