Les décroissants peuvent-ils prédire l’avenir ?

  1. Anna Bednik : N’en déplaise aux prophètes, la civilisation industrielle n’est pas en train de vivre ses derniers jours. Habile comme un chat qui retombe sur ses pattes, elle se nourrit des crises pour se créer des perspectives nouvelles de mutations et d’extension. Pourquoi ce qu’on désigne par euphémisme de « crises écologiques » ferait-elle exception ? L’urgence climatique, un formidable alibi pour imposer de nouveaux impératifs techno-marchands. Les dégradations écologiques ? Autant de niches dans lesquels les gestionnaires du désastre s’engouffrent à cœur joie. Quant aux ressources naturelles, leur raréfaction annoncée sert tout d’abord à repousser les limites. Les pétroliers sont allés fouiller des gisements non conventionnels, exigeant des technologies coûteuses. Les réserves de cuivre étaient estimées de l’ordre de 280 millions de tonnes en 1970. 480 millions de tonnes ont été extraites depuis. Pourtant, miracle, en 2014 il en restait encore 700 millions ! Il reste suffisamment de trésors convoités pour que leur quête effrénée fasse de la terre un endroit invivable. L’industrialisme détruit systématiquement ce qui entrave son expansion.
  2. Francis Leboutte : Soyons tout de même certains que l’effondrement de la société thermo-industrielle aura lieu avant 2050 et, probablement, bien avant.
  3. Willem Hoogendyk : Le temps n’est pas loin où nous aussi, en France, nous planterons partout des carottes et des haricots dans les quartiers, en ville.

    Extraits du mensuel « La décroissance » de septembre 2017

2 réflexions sur “Les décroissants peuvent-ils prédire l’avenir ?”

  1. Que le Système récupère tous les problèmes environnementaux pour continuer à tourner n’est plus à démontrer.
    Si le PIB est l’objectif, l’obsession …  » brûlez Paris et vous ferez augmenter le PIB !  » … et nous serons bien avancés !
    Si le chômage était vraiment le problème à résoudre, il aurait dû être résolu depuis des lustres par une réduction radicale du temps de travail. De toute manière il sera résolu par le retour de la houe et des charrettes à bras.

    Sans boule de cristal, je vois l’avenir comme Francis Leboutte. Et à la suite de Willem Hoogendyk je rajoute que le temps n’est pas loin où nous aussi en France, nous comblerons nos piscines pour y faire pousser des patates. Le problème sera alors de trouver de la bonne terre.

  2. En poussant les choses à l’extrême on pourrait rêver de rendre l’air payant, cela donnerait un formidable coup de fouet à la croissance telle qu’elle est mesurée.
    L’économie parle de l’activité des hommes, elle mesure cela et seulement cela et non pas le résultat. La marchandisation de la plupart de nos activité fait artificiellement gonfler la part de nos actes que nous incluons dans le domaine économique.
    Si pour un même confort, nous devons nous activer deux fois plus, l’économie semblera plus florissante alors que nous ne serons pas mieux, bien au contraire.
    Donc, dans le débat sur la croissance ne confondons pas la mesure et le résultat concret.
    Nous pourrons donc très bien connaître des éléments d’effondrement réels de notre mode de vie tout en vivant dans un monde économiquement prospère où nous devrons tous travailler beaucoup.
    La limite bien sûr (il faut souvent pousser les choses à l’extrême pour percevoir les processus), c’est l’effondrement de la biosphère qui interdira toute activité notable et réduira et la nature et les hommes à pas grand chose.
    Que le débat sur la croissance ne nous éloigne pas de la compréhension de cette perspective qui est celle contre laquelle nous devons lutter, même si je l’admets les choses sont bien mal engagées.

Les commentaires sont fermés.