Les écologistes doivent-ils sortir du gouvernement ?

Jean-Jacob Bicep, Jacques Boutault, Yves Cochet, Karima Delli, Alain Lipietz, Elise Lowy et Lucile Schmid et s’expriment : « Europe Ecologie Les Verts participe à une majorité politique dont l’action paraît bien souvent aux antipodes d’un projet écologiste. Entre par exemple la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires, le calendrier de la transition énergétique qui s’étire et la diminution du budget du ministère de l’écologie, les Verts avalent des couleuvres qui en auraient incité plus d’un à quitter le gouvernement. Et pourtant… ils restent, et le malaise s’installe. Restent-ils parce qu’ils sont coincés, restent-ils parce qu’ils ont pris le goût des ors de la République, restent-ils parce qu’ils sont utiles et que sans eux ce gouvernement serait pire ? Sans doute un peu des trois. » (lire la suite de leur intervention publique en commentaire). Alors qu’attendent ces écolos qui ne veulent pas avaler de couleuvres pour lancer un référendum d’initiative militante interne à EELV sur la sortie du gouvernement ? Pour leur faciliter le travail, nous leur offrons le texte de 2500 signes nécessaire à lancer la procédure, redonnons la parole à l’écologie :

Le parti socialiste déçoit depuis qu’il est au pouvoir. Dans ce cas, conditionner l’engagement écologique à un ancrage politique empêche d’exprimer la force de nos convictions. Nous pensons que l’alliance parlementaire et la présence de deux ministres au gouvernement ne nous permet pas de rendre visible l’urgence écologique. La participation des écologistes à un tel gouvernement doit donc être débattu entre nous et tranché par référendum.

Nous pouvons d’abord tirer un bilan négatif de la politique écologique du gouvernement socialiste. Le Président  de la république n’a comme solution à tous nos problèmes que la croissance économique. Le Premier ministre s’attache à son aéroport et autres grands travaux inutiles. Le ministère de l’écologie obtient un périmètre réduit et échappe à EELV. Les socialistes Nicole Bricq et Delphine Batho ont été remerciées parce qu’elles faisaient leur travail de ministre de l’écologie. Le ministre de l’agriculteur est à la tête d’un ministère de l’agroalimentaire. Selon Montebourg, chargé du redressement productif,  « le nucléaire est une filière d’avenir ». Le débat national sur la transition énergétique a été inaudible. Deux conférences sur la transition écologique n’ont abouti qu’à quelques promesses. En fait François Hollande se présente comme le président des industriels, avec un objectif productiviste qui ignore presque complètement les contraintes écologiques.

Nos ministres au gouvernement ont perdu la liberté de parole, nos parlementaires arrivent difficilement à se positionner contre la politique socialiste, nous ne sommes plus médiatiquement les porte-parole de l’urgence écologique. Nous devenons un syndicat d’élus et non un parti porteur d’un projet de rupture. Nos adhérents ne savent plus quelle est la ligne écologique du parti. L’électorat se détourne de nous. Pascal Canfin résume : « Si vous voulez me dire : est-ce que vous avez le sentiment que le gouvernement en fait assez sur l’écologie ? Est-ce qu’il va assez loin en fonction de ce que, moi, je jugerais utile ?, je ne vais pas vous dire oui. » (sur France-Culture le 18/09)

Pour se démarquer d’un gouvernement qui ignore l’urgence écologique, pour retrouver notre liberté de parole, nous posons par référendum cette question : « Approuvez-vous ce texte qui oblige les membres du parti Europe Ecologie Les Verts à ne plus participer de façon institutionnelle  à ce gouvernement productiviste ? »

3 réflexions sur “Les écologistes doivent-ils sortir du gouvernement ?”

  1. Un ami me le disait dans un soupir : « EELV démontre qu’il est un véritable parti écologiste : il est train de se biodégrader. » dixit Y.Paccalet.

  2. « Son fonctionnement doit être en phase avec les valeurs qui fondent l’écologie: non violence, transformation sociale, féminisme, internationalisme… »
    Où se situe la sauvegarde de l’ environnement dans ce pensum anthropophile ? POUAH !
    Crédibilité de EELV = 0% ; Possibilité de changement : 0% .
    Pas de protection de la biosphere sans décroissance démographique au préalable .

  3. Lucile Schmid, Jacques Boutault, Elise Lowy, Alain Lipietz, Karima Delli, Jean-Jacob Bicep, Yves Cochet :
    « En 2010, les journées d’été d’EELV s’intitulaient « les écologistes à l’épreuve du pouvoir ». Trois ans après, le pouvoir met férocement les écologistes à l’épreuve. Qu’il s’agisse du projet politique, des ambitions collectives ou personnelles, des liens avec leur électorat, de l’estime de soi, nous traversons, et notre parti avec, une très grave crise. Pour la surmonter, il est nécessaire d’inverser le raisonnement pour retrouver les fondements de ce que portent les écologistes. C’est pourquoi, à la veille d’un congrès du parti Europe Ecologie Les Verts (ndlr, le 30 novembre 2013), nous souhaitons écrire pourquoi l’écologie a besoin des écologistes et pourquoi notre parti doit changer. L’écologie va à rebours du court termisme et du huis clos politique. Contre la financiarisation, et les nouvelles formes d’exploitation des êtres humains, les écologistes doivent porter le partage de l’emploi et la réduction du temps de travail, et donner des règles à une mondialisation qui rend aujourd’hui malheureux les peuples du Sud comme du Nord. Nous avons besoin de protéger et chérir cette nature qui dérange tant et se rappelle à nous aujourd’hui dans ses dérèglements. Renoncer au mode de développement économique actuel n’est pas anodin. Ce que porte l’écologie de manière non violente, c’est à la fois le fait de replacer les relations entre l’homme et la nature au centre et de mener une guerre sans merci contre des rapports de forces qui ont été la toile de fond de l’histoire économique et sociale depuis 300 ans.
    Mais nous avons besoin aussi d’un parti écologiste qui cesse de s’aligner sur les pires turpitudes de la politique politicienne. Nous pensons profondément que le contrôle de quelques-uns sur l’ensemble des fonctions de notre parti est contraire à l’influence de l’écologie politique, à une écologie en prise avec les aspirations sociales et l’évolution du monde. Nous pensons aussi que le court termisme, les revirements de position, l’esquive des débats de fonds sont mortels pour l’écologie politique. Celles et ceux qui veulent incarner l’écologie dans le paysage politique ne peuvent le faire qu’en étant différents, en refusant le moule qui façonne une classe politique de plus en plus décriée, qui n’a pour tout horizon que sa réélection. Un parti écologiste ne peut être un parti socialiste de Minimoys. Sa raison d’être est bien le lien avec les mouvements sociaux, l’écologie scientifique et citoyenne. Son fonctionnement doit être en phase avec les valeurs qui fondent l’écologie: non violence, transformation sociale, féminisme, internationalisme…
    C’est pour toutes ces raisons que nous avons choisi de nous engager dans les débats du congrès d’Europe Ecologie Les Verts. Parce que l’écologie a besoin des écologistes. »
    (résumé d’un texte paru sur Mediapart le 21 octobre 2013, « Pourquoi l’écologie a besoin des écologistes et pourquoi notre parti doit changer »)

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