Les écoterroristes, une invention des anti-écolos

« Des fanatiques voulant réduire la population de la planète pourraient trouver dans la contamination de la chaîne alimentaire un moyen d’atteindre leurs buts… Le risque n’est pas à négliger. » Ainsi se termine le livre d’Eric Denécé et Jamil Abou Assi, « Écoterrorisme, de la contestation à la violence »*. Ce livre est intéressant dans la mesure où il dresse un large panorama des actions qui sont entreprises ici et là pour desserrer l’emprise de la société thermo-industrielle. Cela passe par les luttes anti-mondialistes, animalistes, etc. En annexe les auteurs font aussi la liste de 32 ZAD (Zones à défendre) en France.

Mais le parti-pris anti-écolo est évident. On ne peut pas mettre dans la même case le terrorisme islamique et des militants qui pratiquent la désobéissance civile ou qui font œuvre de lanceurs d’alerte. Il n’y a d’ailleurs aucun fait de la part des écologistes qui puisse porter à « terreur ». Ce mouvement est partisan de la non-violence, de l’appel à la prise de conscience. Le passage sur l’écologie profonde montre aussi une méconnaissance totale de la part des auteurs de ce qu’enseignait Arne Naess, un disciple de Gandhi. Quant à Ted Kaczynski, qui a fait plusieurs victimes par colis piégés, son acte absolument individuel et condamné par tous ne peut être assimilé à son manifeste, repris dans ce livre avec l’étiquette « cette thèse ne tient pas la route » : « La révolution industrielle et ses conséquences ont été un désastre pour l’espèce humaine. Elles ont grandement accru l’espérance de vie de ceux qui vivent dans les pays avancés, mais elles ont également déstabilisé la société, créé une vie de frustration, soumis les êtres humains à un état indigne, amené des souffrances psychologiques très répandues (et des souffrances physique dans le tiers-monde), et , enfin, provoqué des dommages graves pour la nature. »

Le Canard Enchaîné fait d’ailleurs un sort à l’un des auteurs de « écoterrorisme » dans son numéro du 2 novembre : Le soi-disant expert en renseignement pour plateaux télé Eric Denécé ne fait pas dans la dentelle quand il dresse le portrait-robot du militant écologiste : « Ce bobo parisien et manipulateur peut de manière imprévisible passer du stade 2 (rassemblement d’innocents citoyens contaminés par un penseur) au stade 5 de terroriste. La preuve : ces gens trouvent qu’on mange trop de viande et que ça aurait des effets néfastes sur notre santé. Il y a derrière tout ça des logiques insidieuses. Les ZAD, comme celle de Notre-Dame-des-landes sont un terrain fertile pour ces individus désœuvrés qui finissent pas poser un problème de sécurité nationale. Quand aux animalistes de L214, qui s’introduisent dans les abattoirs pour tourner ces répugnantes vidéos, ne commettent-ils pas là un insupportable viol de propriété privée ? » Il est temps d’écoterroriser les écoterroristes !

* Écoterrorisme, de la contestation à la violence (Altermondialisme, écologie, animalisme) éditions Tallandier 2016, 368 pages pour 21,50 euros

5 réflexions sur “Les écoterroristes, une invention des anti-écolos”

  1. Les écolos sont la lie de la société.
    C’est une nouvelle forme de capitalistes.
    Ils inventent et rependent des rumeurs (comme le soi-disant réchauffement) afin de vous faire culpabiliser; ce qui leur permet de vous faire passer à la caisse…

    Bonjour J-P, voici notre premier avertissement :
    sur ce blog nous n’acceptons pas les contre-vérités, à savoir dans votre message sans aucune justification: « écolos capitalistes », « réchauffement climatique = rumeur » et « les écolos passent à la caisse »
    les modérateurs du blog Biosphere (non rétribués)

  2. @ Georges Caméra
    Vous avez raison quand vous dites que des rapports de forces régissent les relations humaines. Mais je ne crois pas que vous puissiez en faire une règle générale et encore moins une loi de la nature. Vous ne pouvez pas affirmer que TOUS les hommes sont « cruels, ambitieux, avides d’honneurs, de gloire, de pouvoir et… d’argent. »
    Que ce soit une tendance… admettons… Mais depuis qu’elle existe, notre espèce a compté quelques spécimens n’ayant rien à voir avec votre vision de l’Homme. Et nous en avons encore aujourd’hui.
    Ces hommes-là (ou femmes) sont la preuve que notre espèce, très jeune sur le plan de l’évolution… a encore une bonne marge de progression. Actuellement au stade de l’adolescence ( l’âge de l’insouciance et de la bêtise sous toutes ses formes ), notre espèce progressera vers ce « Sapiens » dont elle s’enorgueillit. Et ce, poussée uniquement par la nécessité. Ou bien elle disparaîtra . (elle ne sera pas la première ni la dernière)

  3. Ayant abordé votre excellent site, Biosphère, par hasard je m’autorise quelques réflexions concernant certains aspects des sujets abordés.
    Depuis des millénaires les rapports qui régissent les hommes entre eux sont des relations de force. Force physique des hommes primitifs et pouvoir économique de nos possédants modernes ; cela fait partie des lois de la nature qui sont cruelles et inexorables. De nos jours rien de changé. Philosophes, penseurs, moralistes et scientifiques se sont efforcés d’apporter, de proposer des solutions ; hélas ! Quant à la science, l’application des grandes découvertes n’a été utilisée que pour satisfaire le besoin d’amusement. Le spectacle de la grande majorité de nos hommes politiques est là pour nous rappeler que les hommes restent cruels, ambitieux, avides d’honneurs, de gloire, de pouvoir et… d’argent. C’est donc ailleurs qu’il nous faut chercher une solution ; s’il reste encore une solution !

  4. Il y a des mots suspects, en les entendant il faut bien dresser les oreilles.
    Le mot « terroriste » est de ceux-là. D’ailleurs c’est un mot relativement nouveau, il vient de « terreur ». La terreur a son histoire et il est intéressant de la connaître. Le terroriste de 1794 n’avait rien à voir avec le terroriste de 1944, il est évident que les fous qui massacrent au nom d’Allah n’ont rien à voir avec les auteurs du sabotage des caténaires du côté de Tarnac. Mais ça ne fait rien, un terroriste sème la terreur, il est par définition mauvais… Voilà comment aujourd’hui nos neurones sont câblés.
    Quant à la violence, ou la non-violence, c’est pareil. La violence est généralement entendue comme synonyme de coups physiques. Et dans ce cas, à la quasi unanimité elle sera condamnée. La violence physique n’est pas « politiquement correcte ». Aujourd’hui on doit se battre avec d’autres armes … Et justement, la violence peut prendre d’autres formes ; il y a la violence verbale, la violence psychologique, la violence économique etc.
    Partant de là, dire que le mouvement écologiste est « partisan de la non-violence » peut-être discuté. D’abord le mouvement écologiste ne représente pas quelque chose d’homogène, les espèces d’écolos sont légion… (autant que d’espèces de rigolos) Leurs appels à « la prise de conscience », sur telle ou telle cause, peuvent prendre différentes formes. Et ne serait-ce que la violence verbale y est souvent présente.
    Je sais bien que le nombre fait la force, mais il faudra m’expliquer comment éviter les violences physiques lorsqu’on rentre par effraction ou de force dans un lieu. Autant je crois qu’une révolte sans massacre reste possible, autant je ne crois pas qu’on puisse faire une omelette sans casser des oeufs.

  5. Les anti-écolos, les pro-capitalisme, les antiféministes, les anti-laïcité, les chauvins, bref, les réactionnaires en général, aiment assimiler l’illégalité à de la violence, et donc par analogie prétendre que la non-violence doit exclure toute chose illégale. Cela leur permet de faire des amalgames pitoyables et calomnieux ainsi que de protéger, sans avoir à argumenter, leurs idéologies nauséabondes.

    Il est impératif de ne pas céder aux pressions, et d’agir collectivement, sans violences physiques contre des personnes mais pas sans bafouer les lois du grand capital. Il faut, entre autres, pénétrer dans les centrales et abattoirs, y filmer mais également y désactiver des machines si besoin, prendre dans les rayons des supermarchés et hypermarchés tout produit qui ne soit pas prouvé être à la fois écologique et éthique puis partir avec sans payer, saboter l’armement…

    Promouvoir la non-violence, c’est remplacer les révoltes avec massacres par des révoltes sans massacres, mais absolument pas de renoncer à toute véritable révolte.

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