Le film Les Nouveaux Chiens de garde dénonce la perte d’indépendance de la plupart des médias, y compris LE MONDE…. une (mauvaise) raison pour que la critique de ce film soit saignante sur lemonde.fr* : « Les auteurs troquent souvent l’aiguillon contre la massue… structure peu favorable à l’expression du pluralisme des opinions et de la complexité du réel… on sait trop quel effet trompeur peut avoir une image… stigmatisation individuelle de personnes auxquelles on n’accorde pas le moindre droit de réponse ». Droit de réponse ?
« Un film d’1 heure 40 minutes devrait donc en consacrer la moitié à donner la parole à ceux qu’il met en question : ceux-là même qui ont des kilomètres de papier journal et des centaines d’heure d’antenne d’avance et qui, malgré le film, continueront à barbouiller les colonnes des « tribunes libres » – du MONDE, entre autres ! »** Le pluralisme n’est pas dans le film parce que le pluralisme n’est pas dans les médias, même pas dans le quotidien « de référence ». On ne peut pas parler de pluralisme quand l’expert nous est présenté comme économiste de renom ou philosophe adulé alors qu’il n’est que le représentant de la classe dominante, bien payé de surcroît par ses commanditaires. Qui nous indiquera les officines à laquelle émargent tel ou tel intervenant médiatique ? Plus grave, ces représentants de l’élite tiennent le même discours car ils se fréquentent et se retrouvent dans les mêmes cercles, journalistes, politiques et économistes confondus : le mimétisme est omniprésent. Une seule chose n’est pas montrée dans le film, le fait que ce qui donne cohérence au discours des élites, au-delà du libéralisme et de la mondialisation, est l’optique croissanciste : la pensée unique de nos élites médiatiques.
Prenez n’importe quel exemplaire du MONDE, l’idée de croissance est omniprésente ; personne n’a l’air de considérer que la croissance dans un monde fini est absolument impossible. Prenez l’éditorial du MONDE*** sur la Grèce, super-endettée, mais dont les journalistes ne voient qu’une issue : « Il faudra, d’une façon ou d’une autre, aidez les Grecs à retrouver le chemin de la croissance ». Rappelons que techniquement, il n’y a aucune différence entre une récession économique et la décroissance voulue. Rappelons qu’avant la crise, les Grecs avaient vraiment trop de choses, et que c’est la crise qui a commencé à changer les façons de penser et d’acheter. Rappelons que ces dernières phrases sont extraites du MONDE du 10 février 2012. Mais l’idée de croissance et tous ses dérivées monopolise 99 % de l’espace dans les colonnes du MONDE alors que les contestataires de cette pensée unique occupent moins de 0, 0001 % !
NB : Pour l’agenda des projections-débat du film Les Nouveaux Chiens de garde, voir http://www.acrimed.org/
* Critique | LEMONDE.FR | 10.01.12 | « Les Nouveaux Chiens de garde » : en surveillant les surveillants
** Acrimed, le 13 janvier 2012
*** LE MONDE du 22 février 2012, Athènes en régime de souveraineté limitée
La pensée unique, croissanciste !
Un député, Eric Diard, se préoccupe de la dette écologique mondiale*. Très bien. Mais il est secrétaire national (UMP) en charge de l’écologie ET de la croissance durable. La croissance alors que la dette écologique en est le résultat ? Très mal.
Eric Diard n’a pas encore compris que l’insoutenabilité de notre « croissance durable » nous oblige à la décroissance conviviale.
* Point de vue | LEMONDE.FR | 22.02.12 | Notre planète peut-elle se targuer d’avoir son AAA écologique ?