Les raisons de la démission de Nicolas Hulot

A propos de son livre, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir », un exposé public de Michel Sourrouille :

« J’ai depuis des années une bonne connaissance du parcours et des idées de Nicolas Hulot. Sur le site biosphere.ouvaton.org et sur le blog  biosphere hébergé par lemonde.fr, plusieurs de mes articles ont explicité pendant des années les différentes démarches de Nicolas. J’ai lu quasiment tous ses livres, fait campagne pour lui lors de la primaire des Verts en 2011, soutenu de différentes manières sa précampagne pour la présidentielle 2017. J’ai par exemple publié en juillet 2016 un livre qui lui était favorable, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », en pensant qu’il allait réellement se lancer dans l’arène politique. Mais quand il est devenu ministre, j’ai tout de suite estimé que mon prochain livre allait devenir la « Chronique d’une démission annoncée ». Au fur et à mesure que je suivais ses pérégrinations politiques de ministre d’État, ma prévision s’est révélée de plus en plus probable. Il tergiversait, repoussait à plus tard les décisions à prendre, entrait dans des contradictions insolubles. Il était confronté aux faux-semblants de la vie politique. J’ai assisté en spectateur désabusé à la progressive dilution des idéaux portés par Nicolas Hulot. C’est pourquoi j’ai sous-titré ce livre « La brûlure du pouvoir ». Mon livre était finalisé fin juin 2018, sa parution était programmée pour début octobre, Nicolas a démissionné le 28 août. Voici les raisons probables de sa démission :

1) des blocages structurels

Au niveau politique, la place d’un ministre, même glorifié par un statut de ministre d’État troisième du gouvernement, ne porte pas à conséquences. Les arbitrages entre différentes décisions à prendre sont faits par le premier ministre, lui-même chapeauté par le président. De plus Nicolas a rencontré d’énormes difficulté avec le ministre de l’agriculture Stéphane Travert, à la solde de la FNSEA. De toute façon le court terme l’emporte toujours sur le long terme quand on est au gouvernement, les décisions se font dans l’urgence et le compromis. En fin de compte, si l’ensemble du gouvernement n’est pas écolo, les décisions se porteront plutôt sur l’impératif économique et/ou les équilibres sociaux, pas sur l’urgence écologique.

Au niveau économique, Nicolas a été confronté au pouvoir des lobbies, que ce soit pour le nucléaire ou l’huile de palme. Il est parti le lendemain du jour où le lobby des chasseurs s’est invité au sein même d’une réunion interministérielle avec l’appui de Macron. Il faut dire que la problématique de l’emploi est toujours privilégié par les décideurs au détriment de l’impératif écologique. Nicolas disait par exemple avoir à favoriser les loups tout en protégeant les éleveurs. Il ne pouvait faire que des mécontents, et Brigitte Bardot s’est plusieurs fois insurgé contre lui.

Au niveau psycho-sociologique, tout se ligue pour empêcher les citoyens de faire cause commune avec le ministre de l’écologie. Nous sommes dans une société de consommation, le confort c’est sacré, on devient allergique à la sobriété nécessaire à une époque de réduction des ressources naturelles. De plus les gens sont piégés par le processus d’interaction spéculaire, il faut faire comme les autres ont l’habitude de faire. Par exemple refuser le portable, c’est être un résistant par rapport à une société technologisée. Même si une personne a une sensibilité écologique, la personne souffre souvent de dissonance cognitive ; on est écartelé entre le geste qui sauvegarde la planète et le fait de profiter de la société du spectacle. On choisit alors la voie de la facilité, bien aidé par l’emprise publicitaire.

2) une souffrance interne à Nicolas Hulot

Nicolas souffre de la contradiction qui existe entre une écologie de rupture à laquelle va sa préférence et une écologie pragmatique qui ne peut qu’être superficielle.

Il a découvert la destruction de la planète au travers de son émission télévisée Ushuaïa, il est progressivement devenu un écolo bouleversé par la rapidité de cette destruction. C’est pourquoi il est possédé par un sentiment d’urgence qui se reflète au travers de ses livres intitulé justement « le syndrome du Titanic ». Son rapport à la nature est proche d’un biocentrisme, il a une empathie pour le monde animal, les sociétés premières, la beauté de la nature. C’est pourquoi il est contre la chasse à courre, la pêche industrielle, les zoos, etc.

Cette conception est dénaturée par les réalités anthropocentriques de notre société, les humains passent d’abord. C’est pourquoi il a été obligé de ne faire que des demi-mesures quand il était au gouvernement, autoriser l’abattage de 40 loups, reculer devant la sortie du nucléaire, tergiverser sur le glyphosate. Enfin il s’est retrouvé piégé par les illusions de l’innovation technologique, croyant par exemple que les véhicules électriques allaient se substituer sans problèmes aux véhicules thermiques.

Conclusion : J’avais vu juste en rédigeant ce livre, une écologie qui ne veut pas rester superficielle n’avait pas sa place dans le gouvernement actuel. Sa démission devenait nécessaire pour des raisons personnelles, l’insoutenabilité de concilier son idéal et la pratique gouvernementale. De plus rester plus longtemps allait déconsidérer l’écologie politique en acte. N’empêche qu’il a essayé de rendre possible l’impossible, saluons son courage.

Mais mon livre sur « la brûlure du pouvoir » n’est pas centré sur son départ. Il présente sous forme d’un répertoire alphabétique l’ensemble des thèmes écologiques dont tous les citoyens devraient se saisir : la politique agricole, la problématique énergétique, la fabrique des lois environnementales… J’ai aussi présenté les sentiments profonds de Nicolas Hulot, sentiments que tous les citoyens se devraient de comprendre et pourquoi pas de partager…. Si je suis sorti de l’écriture de ce livre avec un goût amer dans la bouche, je ne jette pas la pierre à Nicolas, nous sommes tous responsables de la dérive du pouvoir en matière écologique. »

(compte-rendu d’une conférence-débat du 5 octobre 2018)

7 réflexions sur “Les raisons de la démission de Nicolas Hulot”

  1. Je vous le redis Bga80 , vous êtes (nous sommes) hors-sujet.
    Vous devriez tenter le « Nobel » d’économie. Baisser d’un côté et en même temps augmenter de l’autre, ça c’est une idée !
    Et à l’arrivée ça donne quoi ? Je veux dire … on consomme plus ou on consomme moins ? On pollue plus ou on pollue moins ?

  2. Honnêtement, je suis favorable à transformer la France en paradis fiscal notamment en =
    1/ baisser les impôts sur le revenu
    2/ baisser les impôts locaux,
    3/ supprimer la taxe d’habitation
    4/ puis augmenter la Tva (y compris pour les restaurants)
    5/et augmenter les péages et le prix du carburant….
    6/ baisser les charges sur le travail pour raugmenter les salaires….

    Mais au moins, tous les étrangers qui viennent chez nous pour profiter de nos infrastructures mettraient la main à la poche aussi !

  3. @Bga80
    Certes tout est lié, mais je ne vois pas ce que l’augmentation du prix des carburants vient faire dans la démission de Hulot. Peut-être que Biosphère lancera le débat sur le sujet. Ou pas…

    En attendant, je ne pense pas que ça soit aussi simple que ça. Par exemple les gros camions qui traversent notre pays ont souvent d’énormes réservoirs, ce qui leur évite de filer des taxes à la France.
    Bien entendu, je ne dis pas que le carburant soit trop cher, je dis même qu’il ne l’est pas assez. La preuve c’est que nous le gaspillons. En déplacements aussi futiles qu’inutiles, pour faire vroum-vroum, parce qu’on aime la vitesse etc. D’une manière générale nous gaspillons l’énergie ainsi que beaucoup d’autres choses.

    D’autre part, dans notre pays il y a des gens pauvres (ou très modestes) qui ont une voiture. Bien entendu, nous pourrions discuter longtemps sur ce que nous appelons « les pauvres » ou « les gens modestes ». Quoi qu’il en soit ces gens n’ont généralement pas une grosse bagnole qui brille et qui roule à 200, truffée de gadgets, ils n’en changent tous les ans, ils la font durer etc. Et puis ces gens en ont besoin ! Ne serait-ce que pour aller bosser, faire leurs courses, aller chez le médecin et autres « amusements » de ce genre. Ces gens là sont pénalisés !

    De leur côté, les gros qui roulent avec ces grosses bagnoles symboles de « réussite » s’en foutent pas mal que l’essence ou le gasoil passe à 2 voire 10 euros le litre. Ce qui pourra (pourrait) les chagriner, c’est seulement l’impact qu’aura (qu’aurait) cette augmentation sur leurs affaires, leur sacro-saint Business.

    En attendant, comme d’habitude on tape là où c’est le plus facile. Et en même temps… on continue à sortir et à promouvoir des « innovations » (à la con), on se félicite de telle ou telle « reprise », de telle ou telle « victoire », synonyme de gaspillage d’énergie, de matières, de nuisances en tous genres (ex. JO, ventes d’Airbus et de ceci ou de cela), on mise sur un doublement du trafic aérien d’ici 20 ans etc. etc. etc. Bref, du grand n’importe quoi !

  4. Pour ma part, je suis favorable à la hausse des prix des carburants pour ces différentes raisons :
    1/ il faut bien des recettes pour financer tous les services publics dont vous êtes si friands (hôpitaux, écoles, etc)
    2/ les gens vraiment pauvres dans notre pays n’ont pas de voiture, donc ils ne sont pas mis à contribution pour cette hausse.

    3/ concernant ceux qui détiennent une voiture, ce sont les gens les plus riches qui sont mis à contribution puisque ce sont les gens plus riches qui ont des voitures de plus grosses cylindrées et consommatrices de carburant au 100 km. Bref, ce sont ceux qui polluent le plus qui paient le plus.
    4/ cette hausse des carburant permet de mettre à contribution les touristes européens et d’ailleurs qui traversent notre territoire avec leurs voitures , puisqu’ils polluent notre espace et bénéficient aussi de nos infrastructures routières dont ils contribuent à l’usure.
    5/ cette hausse permet aussi de mettre à contribution les entreprises en-dehors de la France qui traversent notre territoire avec leurs camions-routiers, et polluent aussi notre espace. Autrement dit, cette hausse se substitut aux droits de douane tout en gardant les frontières ouvertes vis-à-vis de l’Europe.
    Donc oui, globalement l’ensemble de la population française y gagne beaucoup plus que de ce qu’elle contribue via cette hausse des prix du carburant.

  5. Pour ma part, je suis favorable à la hausse des prix des carburants pour ces différentes raisons :
    1/ il faut bien des recettes pour financer tous les services publics dont vous êtes si friands (hôpitaux, écoles, etc)
    2/ les gens vraiment pauvres dans notre pays n’ont pas de voiture, donc ils ne sont pas mis à contribution pour cette hausse.

    3/ concernant ceux qui détiennent une voiture, ce sont les gens les plus riches qui sont mis à contribution puisque ce sont les gens plus riches qui ont des voitures de plus grosses cylindrées et consommatrices de carburant au 100 km. Bref, ce sont ceux qui polluent le plus qui paient le plus.
    4/ cette hausse des carburant permet de mettre à contribution les touristes européens et d’ailleurs qui traversent notre territoire avec leurs voitures , puisqu’ils polluent notre espace et bénéficient aussi de nos infrastructures routières dont ils contribuent à l’usure.
    5/ cette hausse permet aussi de mettre à contribution les entreprises en-dehors de la France qui traversent notre territoire avec leurs camions-routiers, et polluent aussi notre espace. Autrement dit, cette hausse se substitut aux droits de douane tout en gardant les frontières ouvertes vis-à-vis de l’Europe.
    Donc oui, globalement l’ensemble de la population française y gagne beaucoup plus que de ce qu’elle contribue via cette hausse des prix du carburant.

  6. Oui … moi aussi je vois les choses à peu près comme ça.
    En conclusion :  » N’empêche qu’il a essayé de rendre possible l’impossible, saluons son courage. »

    C’est vrai qu’il a essayé, sur ce point personne ne pourra dire le contraire. Je suis convaincu qu’il a fait de son mieux, qu’il a fait ce qu’il a pu… Et ce jusqu’aux limites de ses moyens, de ses capacités.
    Mais est-ce vraiment ça le courage ? Peut-être … je n’en sais rien.
    C’est comme le mérite … c’est quoi ça, le mérite ?
    Etant incapable de le dire, je ne salue pas son soit-disant courage, ou mérite. Mais ceci n’est pas bien grave.

    Que ce soit clair ! Ce n’est pas pour autant que je lui jette la pierre, que je lui crache dessus. Je ne suis pas de ceux qui le feraient brûler, à Nicolas et tant d’autres.
    Nicolas Hulot n’est pas un dieu, ni un surhomme, mais juste un homme. Comme nous tous. Même ceux qui parfois se prennent pour des dieux, qui se croient au dessus du lot. Et même ceux qui sont plus proche de la Bête que de l’Homme.

  7. Oui … moi aussi je vois les choses à peu près comme ça.
    En conclusion :  » N’empêche qu’il a essayé de rendre possible l’impossible, saluons son courage. »

    C’est vrai qu’il a essayé, sur ce point personne ne pourra dire le contraire. Je suis convaincu qu’il a fait de son mieux, qu’il a fait ce qu’il a pu… Et ce jusqu’aux limites de ses moyens, de ses capacités.
    Mais est-ce vraiment ça le courage ? Peut-être … je n’en sais rien.
    C’est comme le mérite … c’est quoi ça, le mérite ?
    Etant incapable de le dire, je ne salue pas son soit-disant courage, ou mérite. Mais ceci n’est pas bien grave.

    Que ce soit clair ! Ce n’est pas pour autant que je lui jette la pierre, que je lui crache dessus. Je ne suis pas de ceux qui le feraient brûler, à Nicolas et tant d’autres.
    Nicolas Hulot n’est pas un dieu, ni un surhomme, mais juste un homme. Comme nous tous. Même ceux qui parfois se prennent pour des dieux, qui se croient au dessus du lot. Et même ceux qui sont plus proche de la Bête que de l’Homme.

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