Les riches détruisent la planète, de Galbraith à Kempf

Le taux maximal d’imposition des revenus aux Etats-Unis était de 94 % en 1944-1945. A l’époque, l’impératif fiscal était d’empêcher quiconque de s’enrichir. Telle était l’intention du président Roosevelt, personne ne devait devenir millionnaire grâce à la guerre. Sous la présidence de Ronald Reagan, la réforme fiscale américaine de 1986 a eu une conséquence désastreuse : elle a contribué à faire exploser la rémunération des chefs d’entreprise, car ceux qui se trouvaient à la tête de grandes sociétés ont estimé plus avantageux de s’accorder de généreuses rémunérations. En conséquence, des résidences et des yachts somptueux occupent les banlieues et les marinas américaines. Or l’enrichissement des dirigeants d’entreprise provient de sociétés qui ont gagné de l’argent grâce à un effort collectif*. Cette analyse de Galbraith mérite des prolongements écologistes.

« Nous limiterions notre gaspillage, nous chercherions à changer notre mode de vie, tandis que les gros, là-haut, continueraient à se goberger dans leurs 4×4 climatisés et leurs villas avec piscine ? Non. La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas. »**

Le taux d’imposition des revenus a-t-il un impact important sur l’activité économique ? L’expérience montre que non. Les inégalités de revenu détruisent-elles sur la planète ? A l’évidence, c’est oui.

* LE MONDE du 11 janvier 2013, Ce que la société doit attendre des plus riches par James K. Galbraith

** Comment les riches détruisent la planète d’Hervé Kempf (Seuil, 2007)

1 réflexion sur “Les riches détruisent la planète, de Galbraith à Kempf”

  1. La cloche d’Ivan Petrovitch a été remplacée par le jingle publicitaire et Veblen ne serait pas bankable aujourd’hui. Moralité: le chemin sera long.
    Avec un peu de chance, l’oligarchie ira trop loin (c’est certain) et les peuples se réveilleront (ça l’est beaucoup moins)

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