Un militaire est déjà un robot au service du pouvoir en place, et notre épargne sera gérée par un robot. Nous sommes entourés de robots, deux articles du MONDE en témoignent.
Le « soldat augmenté », dont le corps aura été modifié par la technologie pour être plus performant, a été envisagé pour la première fois publiquement lors d’un colloque à l’Ecole militaire*. Selon Didier Danet, « une interdiction de principe, comme certains la réclament pour les robots tueurs, est « illégitime » face aux avancées de la technoscience« . Des équipements sont déjà à l’étude, tels que des capteurs de réalité augmentée, des robots collaboratifs, des exosquelettes. La pharmacologie est envisagée, par exemple les drogues inhibitrices des émotions comme le captagon. « Il est évident que les progrès de la médecine seront exploités au bénéfice des performances, c’est inéluctable », estime le médecin chef Lionel Bourdon. Nous nous trouvons encore une fois devant l’hymne à l’illimité, les avancées de la technoscience sont inéluctables, personne ne doit pouvoir le contester. Rappelons qu’il peut en être autrement.
Dans une société vernaculaire, la technique est « enchâssée » dans les relations sociales, elle est sous contrôle social. Quand les Portugais ont introduit le mousquet dans le Japon du XVIe siècle, son emploi fut désavoué et il fallut attendre longtemps avant qu’il soit autorisé à remplacer les armes traditionnelles. Son efficacité en tant qu’instrument de guerre n’était pas mise en doute. Mais il ne correspondait pas à la tradition culturelle japonaise, pour laquelle l’utilisation d’un engin permettant à un gamin de tuer un samouraï chevronné était tout à fait inadmissible. Parce que la société vernaculaire avait adapté son mode de vie à son environnement elle était durable ; parce que la société industrielle moderne s’est au contraire efforcée d’adapter son environnement à son mode de vie, elle ne peut espérer survivre. Il est urgent de soumettre de nouveau les sciences et les techniques à un contrôle social, de les réenchâsser dans les rapports sociaux. A ceux qui pourraient craindre que cela compromette notre capacité de résoudre les problèmes sociaux et écologiques réels, rappelons que la technologie, malgré la multitude de ses usages, est incapable de résoudre les problèmes sociaux et écologiques auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés.
Malheureusement nous continuons notre foi aveugle en la technoscience. Bientôt la technologie gérera votre épargne, les « robo-advisors » débarquent en France : des sites Internet proposent aux particuliers l’allocation d’actifs la plus adaptée à leur profil grâce à une batterie d’algorithmes et de statistiques**. Heureusement toutes les avancées robotiques ont besoin d’électricité et de beaucoup d’énergie pour fonctionner. Sans centrales nucléaires et sans combustibles fossiles, nous serons bien obligés à définir les limites à une volonté de toute puissance gérée par les machines !
* LE MONDE du 11 juin 2015, L’armée française à la recherche du « soldat augmenté »
** Le Monde.fr | 10.06.2015, Des robots pour gérer votre épargne
Il se peut toutefois que les robots soient les premières victimes de l’effondrement et de notre confrontation aux limites de la planète.
Pour leur conception, leur fabrication, leur mise en œuvre et leur entretien, les robots, outils complexes, sont les machines qui par excellence supposent le bon fonctionnement de l’ensemble de la chaîne de production industrielle.
Le moindre grain de sable dans le rouage risque de mettre en cause aussi bien leur création que leur usage. Moins d’électricité, un système de formation chancelant pour les ingénieurs, des matières premières moins disponibles et nos robots disparaitront les premiers.
Peut-être n’est ce pas plus mal pour le bonheur de l’Homme.
Il se peut toutefois que les robots soient les premières victimes de l’effondrement et de notre confrontation aux limites de la planète.
Pour leur conception, leur fabrication, leur mise en œuvre et leur entretien, les robots, outils complexes, sont les machines qui par excellence supposent le bon fonctionnement de l’ensemble de la chaîne de production industrielle.
Le moindre grain de sable dans le rouage risque de mettre en cause aussi bien leur création que leur usage. Moins d’électricité, un système de formation chancelant pour les ingénieurs, des matières premières moins disponibles et nos robots disparaitront les premiers.
Peut-être n’est ce pas plus mal pour le bonheur de l’Homme.