Une proposition de l’Union démocratique du centre (UDC, majoritaire au Parlement suisse) visait à instaurer des quotas à l’immigration et à renégocier la libre circulation avec l’Union européenne. Elle a été soumise au vote des électeurs suisses le dimanche 9 février. Les Suisses ont voté oui à la limitation de « l’immigration de masse » à une très courte majorité (50,3 %). Mais le taux de participation a été particulièrement élevé, atteignant 56,5 %, soit beaucoup plus que la moyenne de 44 % habituellement enregistrée en Suisse, preuve que le sujet a suscité beaucoup d’intérêt de la part des électeurs*. Les étrangers représentent déjà 23,5 % des habitants. Aucun pays n’atteint un tel taux en Europe. « Nous ne voulons pas fermer nos frontières, mais nous voulons les contrôler », affirmait le vice-président de l’UDC. Il y aura donc des plafonds annuels à l’immigration ainsi que des contingents pour les autorisations de séjour en Suisse.
Cette initiative populaire n’est que la première d’une série. Le peuple devrait en effet être appelé par la suite à voter sur une initiative de l’association ECOPOP(Ecologie et Population) intitulée « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles ». Le texte de ces écologistes propose de « limiter l’immigration nette en Suisse », à un taux de 0,2 % par an en moyenne. Philippe Roch, ancien Directeur de l’Office fédéral de l’environnement avait déclaré en 2012 : « Il y a inadéquation entre la population et les ressources disponibles. Au niveau mondial, nous consommons l’équivalent d’une fois et demie ce que la planète peut produire. En Suisse, la population a doublé depuis la fin des années 1930. Malgré une situation économique favorable, nos espaces de liberté diminuent, notre qualité de vie est dégradée par le béton et les voitures. Sachant que la Suisse consomme trois fois ce que son territoire peut produire, nous sommes déjà au-dessus de la limite, alors qu’un excédent de 80 000 personnes s’installe chaque année. Ce n’est pas durable. » Avec une limite à 0,2 % par an, seules 16 000 personnes pourraient immigrer chaque année, alors qu’en 2013 environ 73 000 ont gagné la Suisse.
Petit problème, ces initiatives populaires remet en question l’accord avec l’Union européenne sur la libre circulation des personnes. Mais la libre circulation est loin d’être une constante historique. C’est ce qu’exprime un des chapitres d’un livre (à lire absolument) : « Contrairement à la conception commune selon laquelle la mobilité est une constante de la société humaine, nous constatons historiquement qu’il n’y a jamais eu libre circulation des personnes. Partout dans le monde ancien, les peuples donnaient un caractère sacré aux portes de leur territoire, village ou ville : aller au-delà impliquait toutes sortes de précaution. Même le roi de Sparte s’arrêtait à la frontière de la Cité pour y effectuer des sacrifices ; à l’extérieur était le domaine de l’étranger et du combat. Jusqu’au XVIIIe siècle, seule une minorité de personnes se déplaçait : les soldats, les marchands, les aventuriers et les brigands. La masse de la population était peu mobile et le vagabondage proscrit ; on naissait, vivait et mourait dans le même village. Les frontières nationales érigées au XIXe siècle n’ont fait qu’actualiser cette constante humaine, la délimitation d’une appartenance territoriale. »**
* Le Monde.fr avec AFP | 09.02.2014 à 17h09
** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie
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Les pisse copies du « Mondialiste » oublient que ceux qui vivent hors ville ne veulent pas de l’ épouvantable modèle urbain surpeuplé d’ immigrés africains / muzz pondeurs lapinistes .
Comme on peut les comprendre !
Les indicateurs pour la Suisse sont implacables :
– empreinte écologique (5,0 hag), biocapacité (1,2 hag). Avec donc un solde de 3,8 hag, le pays est le 9ème plus mauvais élève en terme d’empreinte résiduelle, et ce derrière les Etats du Golfe, la Belgique et les Pays-Bas. La Suisse « consomme » l’équivalent de QUATRE planètes !
– densité de population réelle 198 hab/km², mais compte tenu du fait que la moitié du pays est inhabitable (zones montagneuses), la densité de vie est à peu près du double, de l’ordre de 400 hab/km², à comparer aux 116 hab/km² de la France !
La Suisse doit cesser de croître en nombre, et si cette votation ne suffira pas à régler le problème, elle va dans le bon sens.
Suisse : les deux leçons d’une votation inquiétante
Les électeurs se sont prononcés pour « la fin de l’immigration de masse »… Le « oui » l’emporte là où il y a le moins de travailleurs immigrés européens et le plus de chômeurs nationaux. Une bonne partie de l’opinion est gagnée par la perception d’une immigration incontrôlée qui met à mal les populations les plus fragiles de nos sociétés… Il ne faut pas laisser la réflexion sur ce sujet aux seuls démagogues des partis protestataires.
Edito du MONDE (11 février 2014)