L’impasse funeste de la révolution néolithique

L’espèce humaine « homo dite sapiens » est apparue il y a quelque 200 000 ans. L’invention de l’agriculture il y a 10 000 ans environ nous mène vers l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle. Notre histoire récente s’est bâti sur le surplus agricole, ce qui débouche actuellement, révolution industrielle aidant, sur l’épuisement de quasiment toutes les ressources terrestres. Nous léguerons aux générations futures une biosphère dévastée, ce qui posera des problèmes énormes d’adaptation. Voici notre résumé des propos d’un spécialiste de l’âge de fer, Jean-Paul Demoule*.

L’âge d’or des chasseurs-cueilleurs : Les chasseurs-cueilleurs se sentent immergés dans la nature. D’après les observations ethnographiques, les chasseurs-cueilleurs mettent trois heures par jour pour acquérir leur nourriture. Ils ont donc la semaine des 21 heures… Ce sont au fond les seules sociétés d’abondance car c’est beaucoup plus pénible d’être agriculteur.

Le néolithique, le guerre de tous contre tous : L’homme, au lieu de ramasser des fraises des bois et de chasser des lapins, a décidé de prendre le contrôle d’un certain nombre d’animaux et de plantes. Donc d’inventer l’agriculture et l’élevage. C’est aussi le moment où, archéologiquement, apparaît la violence à grande échelle. Les villages, qui jusqu’alors étaient ouverts, s’installent sur des hauteurs, s’entourent de palissades, de fossés, de murs, de levées de terre. Avec le métal, on invente l’épée, puis, dans un mouvement de course aux armements, le ­casque, la cuirasse, etc. Avec des populations trop nombreuses, on a des problèmes de territoire et on a besoin de chefs. Les monuments mégalithiques sont des marqueurs territoriaux qui disent : « Les ancêtres de mes chefs sont là, ce territoire est à moi. »

L’ingérable explosion démographique : en moyenne, les chasseuses-cueilleuses ont un bébé tous les trois ou quatre ans tandis que c’est tous les ans pour les agricultrices – même si une partie des enfants meurent en bas âge. En dix mille ans on est passé de quelques centaines de milliers d’humains, qui, sur la planète, vivaient dans des petits groupes de 20 ou 30 personnes, aux masses humaines de bientôt 9 ou 10 milliards d’individus. Dans un premier temps, ces populations croissantes pratiquent la fuite en avant : le trop-plein se déverse dans de nouveaux territoires. Après, c’est la guerre pour le partage du territoire, inévitable.

L’irréversibilité de la situation actuelle : Le problème c’est que, une fois qu’on a basculé dans l’agriculture, c’est très compliqué de revenir en arrière parce que vous avez déboisé la forêt, vous avez diminué progressivement le nombre d’animaux sauvages, vous n’avez pas de blé ou d’orge à l’état naturel et la population a augmenté.

* LE MONDE science du 1-2 novembre 2017, « La révolution néolithique n’a pas de comparaison dans l’histoire »

10 réflexions sur “L’impasse funeste de la révolution néolithique”

  1. idiot tracker

    L’idée que les chasseurs-cueilleurs vivaient de façon idyllique « en parfaite harmonie » avec la nature est un mythe propre à certains « civilisés » des sociétés d’abondance rendues possibles grâce aux énergies fossiles en passant… « civilisés » qui n’ont jamais vécu ainsi, n’ont jamais produit eux-mêmes leur nourriture avec des moyens des chasseurs cueilleurs. C’est un peu comme le veganisme, une marotte de bobos citadins coupés de la nature.La violence et la guerre existaient déjà entre et dans les groupes et la lutte pour les ressources était déjà plus moins permanente selon l’endroit et le moment. Ce n’était pas de l’ampleur des guerres du néolithique, oui, mais c’était déjà généralement la règle et non l’exception.
    Des maladies, des parasites existaient aussi et le tribu payé était lourd même si ce n’était pas les maladies modernes conséquences de l’abondance et des carences à la fois ou de la pollution.
    Déjà au paléolithique les humains ont lentement mais sûrement transformé leur environnement. C’était très lent et très progressif, oui, mais c’était inéluctable. Juste une loi de la vie, qu’elle plaise ou non, aux rêveurs descendants de Rousseau.
    Déjà au paléolithique les humains ont lentement mais sûrement augmenté leur population. C’était très lent et très progressif avec de fortes fluctuations et régressions ponctuelles, oui, mais c’était inéluctable en termes de tendance à long terme.D’ailleurs ce mode de vie n’a pas été pérenne et était donc aussi intrinsèquement instable puisqu’il s’est terminé par la révolution néolithique. Même s’il est vrai qu’il était beaucoup moins instable et beaucoup plus durable que la civilisation moderne.
    Et personne n’a pu et ne pourra enrayer ou empêcher cette évolution fatidique toute naturelle et récemment accélérée en cours. Personne.Il ne sert à rien de se lamenter pour le ridicule petit « homo » autoproclamé doublement « sapiens ».. Les espèces vivantes naissent, croissent et meurent comme les individus.
    Et des espèces bien avant nous, par exemple les algues bleues, ont complètement transformé la biosphère et la composition de l’atmosphère d’alors de part leur prolifération.
    https://en.wikipedia.org/wiki/Great_Oxygenation_Event

  2. The Fritz @
    «  » » »il y a énormément de scientifiques qui n’approuvent pas le catastrophisme des représentants du GIEC, mais leur silence et muselage dans les médias me rappelle cette citation d’Einstein
    Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » » » »
    Enormément c’est à partir de combien pour vous ? Les scientifiques en désaccord avec les conclusions du GIEC sur notre responsabilité dans le réchauffement ne sont qu’une poignée dont certains (voire la majorité) comme Singer, que vous avez traduit, traînent de sacrée casseroles…
    Ne faites pas trop dans la théorie du complot bien que ce soit la norme sur skyfall et les autres sites climatonégateurs.

  3. Didier Barthès @
    Vous faites des amalgames et des raccourcis quelques peu vaseux. Par exemple la disparition de la mégafaune américaine n’est pas semble t-il due qu’à l’homme.
    https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/paleontologie-extinction-mammouths-americains-ne-serait-pas-due-qua-homme-51968/
    «  » » »Il n’y a pas de place sur la planète pour autant d’hommes » » » »
    C’est totalement faux, tout dépend du mode de vie la planète peut nourrir 10 milliards d’homme si ces derniers ont le train de vie d’un paysan andin.
    —-En fait tout allait bien tant que l’homme était « un animal à peu près comme les autres » et que son gros cerveau ne lui permettait pas de prendre le pouvoir sur la Terre.—-
    Encore une erreur, l’homme n’est rien de plus qu’une espèce animale (mammifère primate) et il est sa propre menace. D’ailleurs les chasseurs-cueilleurs vivant de nos jours sont la preuve que l’homme peut vivre en harmonie avec la nature (au passage ce mode de vie est le seul qui soit pérenne en matière de conservation de l’espèce, tous les autres sont voués à l’échec.

  4. Si je comprends bien vous êtes un grand défenseur de la théorie des gaz à effet de serre et du GIEC, organisation onusienne et foncièrement politicienne ; idem pour les questions de biologie dont la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité est l’équivalent du GIEC et fondé 20 ans après celui-ci, sans doute pour enfoncer le clou des conclusions catastrophistes de ce dernier ; ces deux organisations qui distribuent maintenant via le CNRS et autres organismes les fonds de recherche, dictent actuellement toutes les conclusions des thèmes de recherche dans les deux disciplines que sont la climatologie et la biodiversité ; imaginez un instant, un chercheur ou un thésard concluant que le réchauffement climatique s’est arrêté il y a 20 ans ou que le recul de la biodiversité ne concerne que les grands mammifères ou les zones d’agriculture intensive
    Quand vous dites que les climatologues du GIEC conseillent les politiques réunis en COP, je pense que vous inversez les rôles ; il y a énormément de scientifiques qui n’approuvent pas le catastrophisme des représentants du GIEC, mais leur silence et muselage dans les médias me rappelle cette citation d’Einstein
    Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.
    Ce ne sont pas les politiques qui sont mous , c’est le peuple et les scientifiques qui ne pensent qu’à leur petite carrière et je ne peux pas concevoir que des gens qui ne sont pas à même de juger des fondements scientifiques dans le domaine de la climatologie et de la biologie tels que enseignants ou journalistes puissent promouvoir la politique écologique désastreuse des gouvernements européens depuis une vingtaine d’années

  5. @ the fritz
    Les commentaires sur ce blog sont libres, donc forcément contradictoires si la réalité s’y prête. Quant au fond de vos propos, nous rappelons qu’une écologie politique bien pensée ne fait que refléter les analyses de l’écologie scientifique. En termes clairs, les climatologues du GIEC conseillent les politiques réunis en COP qui font ce qu’il veulent, c’est-à-dire à peu près rien du tout comme action réelle contre les gaz à effet de serre. Il n’y a pas confusion à faire entre physique et décision politique.
    De même pour la biologie, ce n’est pas la science qui est « molle », elle montre bien l’extinction des espèces et la chute de biodiversité. Là encore ce sont les politiques qui ne tiennent pas compte des constats scientifiques et qui font preuve de « mollesse ».
    Pour conclure, si le monde va se précipiter dans la pauvreté et les guerres, ce n’est pas de la responsabilité de l’écologie scientifique ou des malthusiens, mais des politiques qui n’ont pas tenu compte des avertissements répétés des uns ou des autres.

  6. C’est juste un essai pour voir si ce site admet la contradiction
    Didier Barthes a écrit : «  » » » » » » » » » »La physique et la biologie sont au dessus de la politique comme l’écologie est au-dessus de l’économie. » » » » » » » » »
    Je pense que la politique gère la physique et la biologie via des organismes comme le GIEC et le FRB ou l’IPBES (en Anglais); cela est évident si l’on écoute des gens comme Jouzel , Le Treut , Ramstein, Valérie Masson Del Motte ou Michel Sourouille et je passe si l’on admet que la physique est encore une des sciences à la base de la climatologie ; et je ne parle pas des organismes purement français comme l’ADEME, l’ASN et je passe
    Concernant la biologie, c’est bien pire parce que la science y est encore plus molle et qu’on fait avaler au commun du mortel de plus en plus de bio pas bio , rien que pour faire marcher l’économie ; la politique gère l’écologie via un ministère du même nom , largement relayé par le ministère de l’éducation nationale qui intoxique de plus en plus nos jeunes têtes .
    Si votre site veut défendre le malthusianisme, il y a à mon avis d’autres moyens que de reprécipiter le monde dans la pauvreté ou l’extermination des peuples par des guerres mondiales ; le progrès social et un développement économique raisonné et mondial serait sans nul doute plus efficace en profitant de moyens modernes pour produire de l’énergie et les ressources vitales accessibles à tout le monde

  7. La « modération » recommencerait-elle à faire des siennes ? mon commentaire a disparu.
    Et pourtant… pas de gros mot, pas de nom d’oiseau, pas d’incitation à la haine, juste un appel à po-si-ti-ver … je n’y comprends plus rien.

    modération du blog biosphere à Michel C
    Nous avons récupéré votre commentaire mis par lemonde.fr dans la corbeille. Peut-être que cette fois il s’agit uniquement du fait que vous avez donné une référence à une adresse internet qui ne passe pas. Il n’en reste pas moins qu’il y a encore douze commentaires dans la corbeille que nous n’avons pas réussi à sauver… Le mystère de la censure par lemonde.fr reste entier !

  8. Au lieu de broyer du noir, essayons donc de po-si-ti-ver !
    Tant que ça reste l’impasse funeste de la révolution néolitique … à la limite il suffit d’en faire son deuil. Pas facile, je sais. Mais on peut toujours se consoler en se disant que l’ Homme sera peut-être plus heureux en retournant dans les arbres… eh, qui sait.
    Maintenant s’il s’agit de l’impasse funeste de l’évolution … alors là personnellement ça me gène davantage.
    Un peu de lecture pour essayer de soulever le voile sur ce grand mystère :
     » L’insoutenable légèreté du darwinisme  »
    sceptiques.qc.ca/ressources/revue/articles/Qs60p40

  9. En fait tout allait bien tant que l’homme était « un animal à peu près comme les autres » et que son gros cerveau ne lui permettait pas de prendre le pouvoir sur la Terre.
    Notons toutefois que, très vite les choses se sont dégradées avant même le développement d’une agriculture qui organise les territoires au profit d’une seule espèce. Ainsi, il semble bien que toute la mégafaune se soit éteinte en Amérique avec l’arrivée des hommes et d’ailleurs le même phénomène s’est produit à peu près partout sur la planète au point que pour dater l’arrivée de l’homme on essaye désormais de dater la disparition des grands animaux. L’Australie aussi est emblématique, n’en déplaise aux défenseurs inconditionnels des indiens et des aborigènes.
    En Europe aussi, par exemple les mammouths qui avaient survécus à une bonne dizaines de cycles refroidissement-réchauffement se sont éteints précisément quand est arrivé celui où l’homme était également présent. Même les autres espèces humaines ont fait les frais de cette ultra-domination d’homo sapiens.

    Il n’y a pas de place sur la planète pour autant d’hommes, c’est incompatible avec la nature. Tant que ce ne sera pas rentré dans la tête des écolos bien pensants, on fera de l’écologie de pacotille, on mettra des pansements sur des jambes de bois et nous serons criminels avec le futur !
    La physique et la biologie sont au dessus de la politique comme l’écologie est au-dessus de l’économie.
    Il y a de quoi en vouloir à tous ceux qui nous engagent dans l’impasse en niant l’essentiel au profit de leur « bonne image ».

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