Voter une loi sur l’urgence écologique est un chemin de croix bordé de résistances, celles des macronistes, écologistes plus que tièdes, celles de la droite, opposante à toute rupture écologique, celles des procédures législatives, inutilement complexes. Le projet de loi Climat, examiné en procédure accélérée le 29 juin, doit désormais passer en commission mixte paritaire (CMP) le 12 juillet, une réunion de sept députés et sept sénateurs qui sera chargée de trouver un compromis. En cas d’échec, le texte reviendra en discussion à l’Assemblée nationale, en commission à partir du 19 juillet puis en séance plénière à partir du 13 septembre. Les députés auront le dernier mot, pour une adoption définitive que le gouvernement espère voir intervenir avant la fin du mois de septembre…
Jean-François Longeot, sénateur : « Nous avons trouvé un bon équilibre entre les nécessités écologiques, sociales et économiques. La meilleure façon de ne pas prendre en compte le problème climatique, c’est d’imposer, d’interdire, et de ne pas lier cette problématique à celle du développement économique »
Barbara Pompili, ministre de la transition écologique :« Les sénateurs ont voulu donner le change en repeignant la carrosserie mais ils ont surtout cassé le moteur de la loi. Ils ont systématiquement amoindri les mesures à fort impact écologique ». Exemples :
– interdiction des centres-villes d’ici à 2025 pour les voitures les plus anciennes dans agglomérations de plus de 150 000 habitants. La majorité sénatoriale a retardé le calendrier de cinq ans, arguant un délai nécessaire pour améliorer l’« acceptabilité » de la mesure dans un contexte social tendu et éloigner le spectre d’un retour des « gilets jaunes ».
– généralisation des menus végétariens hebdomadaires dans la restauration collective. Le Sénat a préféré prolonger de deux ans le test actuel, en plaidant la liberté des collectivités locales.
Au final, le gouvernement et le Parlement ont piétiné le travail. de la Convention climat.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
11 janvier 2021, Projet de loi pour le climat, le recul (par rapport aux mesures des 150 conventionnels)
11 février 2021, La loi Convention Climat, cafouillage prévu (en conseil des ministres)
19 avril 2021, Loi climat, caricaturée par le gouvernement
4 mai 2021, La loi climat, adoptée en première lecture
Un exemple de l’idéologie gouvernementales, le rapport Blanchard-Tirole.
« Il se limite au seul climat avec la tarification du carbone comme seul outil ; la monétarisation ne s’applique facilement qu’au climat , il ignore la dimension systémique de l’écologie. La focalisation sur les technologies à caractère disruptif laissent de côté les innovations « low tech ».
Il nous faut une innovation frugale et une gestion des communs au niveau local. » (Christian Brodhag)