Le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a été voté le mardi 24 mars en première lecture à l’Assemblée nationale par 325 voix contre 189. La quasi-totalité des députés UMP a voté contre un texte pénalisant pour les agriculteurs et chasseurs. Un survol des principales dispositions de la loi :
– principe de solidarité écologique : prendre en compte les écosystèmes dans toute décision publique. Il s’agit d’« éviter, réduire et compenser » les atteintes à la nature.
– création d’une Agence française pour la biodiversité, soit 1 200 agents de quatre structures déjà existantes.
– interdiction des pesticides de type néonicotinoïde à partir du 1er janvier 2016.
Mais ce n’est pas encore aujourd’hui qu’on réussira à « créer une nouvelle harmonie entre la nature et les humains ». L’AFB n’inclut pas l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et ses 1800 agents. L’article visant à étendre à l’animal sauvage les sanctions pour sévices prévues par le code pénal, a été retiré du texte. Quant à l’ONF et ses 9 000 agents, il s’agit d’un établissement public à caractère industriel et commercial, censé équilibrer ses comptes sur la vente de bois ! Et le sénat va s’empresser de détricoter le texte des députés : l’état de notre environnement est souvent celui de notre démocratie.
Les scientifiques démontrent qu’il n’y aura pas de planète de rechange, pourtant rien ne change politiquement. La superficie et la qualité des habitats naturels continuent à se dégrader presque partout. Le rythme auquel disparaissent les espèces est de 100 à 1000 fois plus rapide que ce qui s’est passé au cours des 500 derniers millions d’année. Que la vie dans les forêts, les océans et les écosystèmes de notre planète constituent les fondements de notre société et de notre économie, au fond tout le monde s’en fout : nous n’en voyons pas encore la réalité dans notre quotidien ! La perte de biodiversité est encore une abstraction aux yeux des travailleurs : le chômage d’abord, le pouvoir d’achat ensuite ! La perte de biodiversité est toujours un avantage pour les industriels et les consommateurs : tout le monde est complice ! Personne ne manifestera dans les rues pour protéger la richesse de la biodiversité. C’est pourquoi on vote encore des lois de protection de la nature qui n’ont aucune influence pratique. Le biocentrisme n’est pas une composante de notre sensibilité encore trop anthropocentrée.
* Le Monde.fr | 24.03.2015, Ce que contient le projet de loi sur la biodiversité